Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 54).
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XXVI


Le soleil n’atteint pas certains creux des vallons :
Sous l’enchevêtrement de malsaines ramures
Le sol y fait germer mille larves impures ;
Et nous ne savons pas ce que nous y foulons.

Mais notre conscience a des rayons plus longs,
Et, sans prendre jamais note de nos murmures,
Éclaire jusqu’au fond nos intimes suburres
Et nous montre crûment le peu que nous valons.

Nous qui ne voyons point dans la nuit naturelle,
Nous avons, grâce à toi, Conscience, ô bourrelle,
Pour scruter notre nuit, l’œil perçant des hiboux.
 
Par le trompeur effet de tristes stratagèmes,
Nous pouvons bien cacher aux autres tout de nous,
Mais rien de nous ne peut se cacher à nous-mêmes.