Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 25).
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XII


Nous ne pouvons nous envier nos procédés :
Les miens furent mauvais, si les tiens furent louches ;
Mais ils furent, des deux côtés, aussi farouches.
Moi par toi, toi par moi, nous vivons poignardés.

Et si notre destin laisse en place les dés,
Que je ne touche point et que point tu ne touches,
Pleurant sur le divorce injuste de nos bouches,
Toi de moi, moi de toi, nous vivrons obsédés.

Que tu demeures, toi, de bronze, et moi de roche,
Notre désir demeure, aussi, qui nous rapproche,
À toute heure du jour, irrésistiblement ;

Et, malgré notre orgueil, qui toujours se redresse
Et nous tient séparés, je reste ton amant
À jamais, comme, toi, tu restes ma maîtresse.