Le Peuple vosgien/n°2 du 22 décembre 1849/Texte entier

Collectif
Le Peuple vosgien/n°2 du 22 décembre 1849
LE
PEUPLE VOSGIEN,
JOURNAL DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE.

On s’abonne hors d’Épinal : — à Rambervillers, chez le citoyen Méjeat, limonadier ; — à Bruyères, chez le citoyen Jacquot, huissier ; — à Mirecourt, chez le citoyen Rollin-l’École ; — à Dompaire, chez le citoyen L. Guyot, propriétaire ; — à Saint-Dié, chez le citoyen Dubois, brasseur ; — à Gérardmer, chez le citoyen Guery, notaire ; — à Remiremont, chez le citoyen Mougin, imprimeur ; — à Neufchâteau, chez le citoyen Chaffaut, limonadier. — (Dans un prochain numéro nous complèterons ces adresses)

Épinal, le 22 Décembre 1849.

Instruction publique.

quel doit être l’objet de l’enseignement ?

Voilà cinquante ans que des pouvoirs de différente origine prennent en main les affaires de la France, et nous les avons tous vus succomber sans rien laisser après eux qui respire l’amour fécondant de la vérité ou une grande pensée d’avenir. Jamais histoire au monde ne fut plus curieuse, et les enseignements qu’on en tire offrent les arguments les plus puissants à ceux qui voient dans la Révolution l’avènement d’un monde nouveau. Ils voulaient tous le bonheur de la France, et tous ont laissé le peuple opprimé, ignorant et malheureux.

Étrange spectacle que celui d’un pouvoir absolu pour faire le bien, et qui succombe dans le mal qu’il fait, qui, au lieu de moraliser et d’instruire le peuple, se complaît, en quelque sorte, à l’abrutir dans la misère !

Nous avons vu la jeunesse élevée tour à tour au bruit du tambour et au son des cloches, dans les camps et les sacristies, par des sergents et des aumôniers, et en dernier lieu par des philosophes nuageux et plagiaires, qui ne croyaient qu’à l’argent, et les générations d’aujourd’hui, après avoir passé par le matérialisme, par le jésuitisme, enfin par l’indifférence religieuse, vivent dans les ténèbres du doute : les pères, au milieu du chaos des idées, hésitent devant toutes les écoles qui s’ouvrent à leurs fils, et l’éducation des filles est abandonnée à la Providence.

Rien n’a été bâti solidement, tout est encore à faire dans l’éducation.

D’où vient donc cette impuissance si prolongée à résoudre ce grand problème de l’instruction publique ?

C’est que l’instruction publique, pour être sérieuse, doit être une institution égalitaire, et que l’égalité, qui renverse les castes et les classes, trouve en elles une opiniâtre résistance.

C’est qu’on veut un peuple qui serve et travaille, et une classe qui commande et jouisse.

C’est qu’on veut nous faire vivre de la vie des siècles passés, quand le siècle veut vivre du mouvement scientifique qui lui est propre.

C’est qu’il n’y a pas d’accord possible entre un peuple qui connaît et réclame sa liberté et sa souveraineté, et des princes qui veulent régner par le droit divin ou par droit de succession.

C’est que, pendant toutes ces luttes politiques et sociales, entre l’ignorance, la bonne foi et le bon droit d’un côté, et de l’autre l’habileté pratique, le mensonge et la force, rien ne peut se fonder, et il n’en peut résulter qu’incohérence dans les institutions, qu’indécision dans les idées, qu’immoralité, fatigue, abrutissement.

C’est à ce résultat qu’en définitive nous conduiraient nos gouvernants, qu’ils vivent à l’ombre d’un trône ou au pied des autels ; c’est à ce dernier terme que mènent le monopole du pouvoir et le monopole de l’enseignement, car ceux qui les possèdent n’en relâchent que ce qui convient à leurs intérêts qu’ils font prédominer sur tout.

Ajoutons à toutes ces causes celle qui les résume toutes :

On n’a jamais bien su ou voulu voir quel devait être l’objet de l’enseignement.

C’est là, pour aujourd’hui, l’objet de nos recherches.

Pour trouver la solution de ce problème, nous devons auparavant poser ces questions.

Qu’est-ce que la science dans la vie humaine ? où est-elle ? d’où vient-elle ?

Quand nous y aurons répondu, nous pourrons alors aborder la question de l’enseignement, nous comprendrons alors la nécessité de rendre l’instruction gratuite, commune, obligatoire ; puis, quand nous chercherons la nouvelle organisation de l’instruction publique, quand nous entrerons dans les critiques de détails, les prémisses que nous aurons posées éclaireront mieux notre route.

La science, nous le croyons, ne prend sa source qu’au fond des travaux humains, au fond de tous les ateliers de la vie journalière ; ce sont les générations successives de tous les ouvriers du monde qui produisent les documents isolés et les idées primitives de la science, puis l’intelligence humaine les assemble, les coordonne, les classe et les répand sur le monde pour en faire sortir de nouveaux germes. C’est en appréciant les faits, en les comparant que nous pouvons saisir le secret de la formation des sciences et de leur croissance, et concevoir la loi d’unité qui les relie et les fait correspondre.

Les hommes, attachés à la terre, en tire bientôt tous les principes de la culture ; assemblés autour d’une enclume, ils étudient les propriétés des métaux ; ici, ils découvrent et s’appliquent à connaître les mouvements du ciel ; là, pour échanger leurs produits, ils bravent les mers et maîtrisent les vents ; partout mille métiers divers, sans cesse perfectionnés, exercent leur génie si souple ; enfin, de tous ces frottements d’idées et de fait, de toutes les sciences communiquées aux voisins, transmises aux générations suivantes, répandues et étudiées incessamment, le genre humain en produit et en apprend encore de plus générales qui en sont le couronnement, comme la science d’un langage de plus en plus commun, celle d’une morale de plus en plus universelle, de plus en plus épurée ; il apprend enfin à connaître cette unité vivante d’où partent et où reviennent sans fin toutes les puissances de la vie universelle.

C’est donc dans la révélation progressive du genre humain qu’il faut chercher la réalité des sciences.

C’est donc dans la vie intime et journalière de la société que se trouve la science, puisque la science est le résultat, la combinaison, la coordination de toutes les puissances de la vitalité humaine et sociale.

Quel pouvoir, assez téméraire, serait assez puissant pour tenter d’arrêter le cours continuel de ce vaste enseignement de toutes choses par tout, d’enchaîner ce développement progressif des puissances de l’homme, par le seul frottement des intelligences ?

Quelle homme assez insensé, quelle académie assez orgueilleuse, quelle société ou quel corps soi-disant savant osera

feuilleton du peuple vosgien.

souvenirs du dernier règne.

À vingt années de distance, années de luttes, de persécutions et de proscriptions, je viens, aujourd’hui, dans mon pays natal, comme au premier point de départ, mettre, au service de la cause démocratique, la volonté et l’activité dont je puis disposer.

Ce n’est jamais sans de graves difficultés, suscitées par un milieu rétrograde, que l’on fonde une œuvre utile aux intérêts généraux, que l’on entreprend d’éclairer les esprits, en semant dans les cœurs honnêtes et généreux les premiers germes du vrai, car toujours s’élèvent autour de vous les résistances ennemies, les jalousies de toute sorte, les suspicions plus ou moins mal fondées, et, par-dessus tout, les positions et les intérêts acquis dont nul ne sait faire le moindre sacrifice en faveur d’une amélioration sociale.

Nous sommes parce que nous sommes, et nous voulons rester ce que nous sommes, disent les hommes du statu quo, à quelque nuance qu’ils appartiennent. Ne nous troublez pas dans notre possession, dans notre influence, dans nos privilèges ; ou nous vous ferons une guerre à outrance, une guerre à mort.

Mais ceux que soutient et enhardit l’amour de la République, qui n’est autre que l’amour de la cause populaire, laissent dire, lèvent les épaules, vont en avant et continuent leur mission d’avenir. Exercés à toutes les luttes possibles de la vie sociale, les hommes de foi et de volonté marchent, dans leur force et selon leur conscience, à la conquête des droits et de la liberté publiques, sans trop se préoccuper des mesquins intérêts ou des mobiles personnels qui s’agitent autour d’eux.

La faiblesse et l’égoïsme ne sont point la force, pas plus que le défaut de savoir n’est la science, pas plus que l’enfance plus ou moins n’est l’expérience.

Toujours une lourde tâche pèse sur les hommes de cœur, sur les hommes sérieux, tâche imposée aux plus forts par Dieu lui-même, dès la création de l’humanité.

L’humanité n’est pas un vain mot, car l’humanité c’est la vie, et la vie c’est la pensée de Dieu dans l’infinité des siècles.

Un arrêt irrévocable assigna donc à l’homme un labeur continu sur la terre comme objet d’activité, comme but de perfectibilité humaine.

Il dit : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front.

Et de même qu’il mesura la laine aux agneaux, de même il fortifia le cœur et trempa l’âme de quelques individualités, selon des desseins préconçus et des vues de progrès social.

Le sacrifice d’un certain nombre apparaît donc ici comme sanction du progrès, ce qui a donné naissance à cette maxime : Beaucoup d’appelés, peu d’élus.

Tout en effet concourt à le prouver.

Jamais, à aucune époque de transformation et de rénovation, les dévouements et les sacrifices ont-ils manqué à l’accomplissement de l’œuvre sociale ?

À ne remonter qu’aux temps vulgairement connus, niera-t-on le dévouement et le sublime sacrifice de Jésus, de ses disciples, de ses apôtres et de tant de martyrs de la foi religieuse et humanitaire ?

Ceux-là seuls qui réfléchissent peu, ou qui manquent de sentiment, peuvent l’ignorer ou le mettre en doute ; toujours est-il que le progrès ou la perfectibilité de l’homme n’a d’autre levier plus puissant que le dévouement et le sacrifice.

Certes, les exemples ne nous manqueraient pas dans l’antiquité, à partir de Socrate, seulement, jusqu’à Jésus, le révélateur, et depuis ce dernier jusqu’à ce jour. L’histoire philosophique des sociétés en fourmille.

À chacun donc sa tâche en ce monde.

Aux uns la possession des biens, des privilèges, des honneurs en ce monde ; aux autres toutes les épines, toutes les amertumes, toutes les angoisses de la vie.

C’est que l’homme vit de l’homme a dit Pierre Leroux, c’est-à-dire que la pensée ajoute à la pensée, le progrès au progrès.

Cette loi, aujourd’hui découverte et que je ne fais qu’indiquer dans ce cadre étroit, est cette loi immuable qui nous a conduit de générations en générations à travers toutes les phases et les péripéties des marches séculaires.

Sans pourtant chercher à pénétrer dans l’avenir plus loin qu’il ne m’est permis et qu’il ne me convient aujourd’hui pour mon sujet, je suis donc fondé à établir que le dévouement et le sacrifice ont fait faire un pas immense à l’humanité, et qu’ils ne tarderont pas à réaliser parmi les hommes la liberté, l’égalité, la fraternité.

Et quant à notre époque, il y a quelques jours seulement, et en quelque sorte sous nos yeux, nous voyons l’Europe s’agiter convulsivement, les nations courir aux armes et joncher les champs de batailles de cadavres humains, dites alors : La liberté est proche ! Rome, Venise, Hongrie, Italie, vos martyrs soulèveront bientôt la pierre de leur fosse, et à leur vue les armées de la tyrannie s’enfuiront épouvantés comme les soldats qui gardaient le tombeau du Rédempteur !

Dix-huit cent trente, dix-huit cent quarante huit ont porté leurs fruits ; l’idée se développe et grandit, aucune puissance humaine ne saurait lui assigner de terme.

Après ces quelques considérations générales, nous allons esquisser quelques-unes des scènes qui montreront les soldats de l’idée démocratique sous leur véritable jour.

(La suite au prochain numéro.)

J. M.
dire : C’est moi seul qui connais, qui dirige, qui développe ;

c’est à moi d’enseigner.

Cherchez bien dans l’histoire, et voyez si, partout où il y a eu un corps, un caste possédant le monopole de l’enseignement, la civilisation ne s’est point arrêtée ou n’a point cédé à une autre civilisation, fille de la liberté. Les druides en Gaule, les prêtres en Égypte, les mages de la Perse, les brahmines de l’Inde, n’ont laissé au monde que le souvenir de leurs superstitions. La plupart des merveilles dont nos siècles modernes se glorifient ne sont qu’une imitation de ce qu’ont créé Athènes et Rome où la liberté de la pensée existait tout entière. À quelle école s’est donc formé le génie grec qui rayonne encore partout le monde ; à quelle école ce vaste ensemble de la jurisprudence romaine, encore aujourd’hui le fondement des lois européenne ; à quelle école la civilisation arabe, quand nous étions plongés dans la barbarie ; à quelle école cette architecture gothique, si élégante et si grave à la fois, bien supérieure, selon nous, au genre qui a donné ce vaste pâté architectural du palais de Versailles ; à quelle école enfin l’industrie du moyen-âge et surtout la puissance audacieuse de l’industrie moderne ? Reconnaissez donc, dans toutes ces créations originales, dans toutes ces couches successives de civilisations, l’effort de chaque homme, de chaque siècle, le développement naturel et libre de toutes les facultés par la communion plus ou moins fréquente, plus ou moins assidue des différentes sociétés humaines, dans les idées, dans les mœurs, dans les sentiments, dans tous les faits qui constituent leur vie propre.

Oui, il se fait en dehors des écoles et des pouvoirs un mouvement continuel d’enseignement qui défie toutes les puissances de compression ; et nous le disons, sans vouloir nier la nécessité des écoles, dont le rôle, suivant nous, doit se borner à recueillir, à populariser, à propager la science, et non à enfermer l’intelligence dans un cercle étroit de questions, souvent peu profitables à la société.

Et, en effet, qu’on nous montre les écoles où se perpétuent, où naissent les sciences qui font l’essence de notre vie sociale, de notre puissance, de notre nationalité. Notre agriculture, notre industrie, notre commerce, notre marine marchande sont abandonnés à l’initiative, à la spontanéité des efforts individuels. Et cependant l’État a constitué près de lui un pouvoir enseignant qui a le nom d’Université. Mais sous ce nom menteur, son enseignement est privé de toute puissance créatrice. Les sciences les plus nécessaires sont repoussées par elle ; par elle encore, les plus utiles à l’existence, comme la médecine et la chimie, enveloppées dans un langage et dans des formules barbares ne peuvent se vulgariser et pénétrer dans le peuple où tout doit aboutir, comme c’est là que tout prend naissance. L’Université fait pâlir la jeunesse qui lui est confiée sur l’étude de langues, de doctrines, de sociétés mortes à tout jamais ; elle la confine, pendant toute la période du développement des facultés physiques, intellectuelles et morales, dans la poussière de l’antiquité ; elle met les jeunes gens en présence d’un cadavre au lieu de leur faire étudier la vie dans un milieu de l’activité et dans la méditation des puissances de la vie sociale ; et quand elle les a bourrés de pédantisme et d’ignorance, imbus de préjugés et d’erreurs, elle les abandonne sur le pavé du monde, inutiles à eux mêmes, impuissantes au milieu des grandes forces agissantes qui se dévoilent à eux pour la première fois, à moins que, faisant table rase, pour ainsi dire, de leur faux savoir, ils ne prennent hardiment la route naturelle et toujours grande ouverte par où marche l’humanité. Les quelques écoles où du moins la France trouve une image de sa vie propre, les écoles polytechniques, des ponts-et-chaussées, des mines, de l’agriculture, etc., sont les premières pierres de l’édifice qui succède à l’Université, cette dernière institution du moyen-âge. Aussi, ce grand corps, qui l’a compris et qui ne veut point périr dans l’impénitence finale, a dû laisser introduire dans son enseignement, mais non, sans douleur, l’étude des sciences physiques, naturelles et mathématiques. C’est là le signe de sa chute, ou, si l’on veut, de sa régénération.

À côté de ce pouvoir enseignant, il est une caste rivale qui voudrait diriger ce grand mouvement des esprits, si indépendant, quoi qu’on fasse, des efforts de tout pouvoir absolu. Les jésuites, dans ces derniers temps, ont fait encore retentir bien haut leurs prétentions ; ils ont presque posé leur ultimatum. Mais est-ce au nom de l’humanité que cette caste avide du pouvoir et détournée de son origine évangélique vient déclarer qu’à elle seule appartient la direction des esprits ? Est-ce pour laisser à l’âme humaine le champ libre à ses vastes aspirations ? Est-ce pour retirer des antiquailleries grecques, latines et juives, six ou sept millions de jeunes âmes dont on étouffe les vives facultés sont des doctrines incapables d’ajouter quelque chose à l’activité sociale ? Non, leur dogme anti-évangélique est toute leur science, et, comme le leur reprochait déjà Chateaubriand, ils enferment l’homme dans un cercle de fer infranchissable où ils le font se débattre sans fin dans sa misère et dans son impuissance. C’est au profit d’une idée étroite de domination qu’ils veulent le monopole de l’enseignement. Leur rôle est ailleurs et les prêtres du Christ ne devraient point l’oublier. Mais, dans sa lutte, nous devons le dire, ce parti est franc et on aime un ennemi de cette nature, tandis que l’Université, qui trouve en lui son adversaire le plus acharné, n’a pas même le courage de son hypocrisie ; elle enseigne un autre Dieu que celui des chrétiens, et ne cesse d’encenser publiquement celui que, dans ses écoles, elle expulse des cieux.

Nous n’avons, pour le moment, qu’un mot à dire des écoles primaires que l’Université n’a pas même daigné prendre sous sa protection. Loin de les regarder, dans l’état où on les a mis, comme ayant un but d’émancipation pour les masses, nous ne voyons en elles que le moyen de faire des enfants du peuple des valets mieux dressés pour l’usage de ceux qui se rangent dans les classes élevées.

Si l’Université et le clergé, tous deux comme pouvoirs enseignants, sont des rouages qui ne sauraient rien donner au mouvement de la machine sociale, si nous ne trouvons nulle part un enseignement social bien ordonné, il faut nécessairement une institution nouvelle qui perfectionne, étende et facilite le grand apprentissage des sciences vivantes, et ne l’abandonne point au hasard ; car ces sciences-là sont les seules, après tout, qui doivent survivre aux générations fugitives ! les seules qui, enchaînées l’une à l’autre, unissent les hommes dans toutes les activités du corps et de l’esprit ! Les seules qui soient comme le rendez-vous social, comme le foyer de vie populaire où les cœurs et les esprits de tous les travailleurs viennent se communiquer, se mêler, s’agrandir dans une confraternité toujours naissante.

Laissons donc les sciences mortes, laissons-les aux curieux, aux antiquaires. Il n’y a que les sciences de la vie journalière qui soient dans la vie ; si les conceptions et les sentiments dont elles se composent viennent aider plus directement, plus profondément à l’existence des peuples, elles sont dans la vie plus intimement encore ; enfin, si une science sert à former, à multiplier entre les hommes les liens et les nécessités de la vie mutuelle, à les rapprocher comme frères, comme égaux, nous pouvons dire que cette science est réellement vivante, qu’elle est sociale, qu’elle est dans la destinée du genre humain et dans le courant général de l’enseignement universel, et par conséquent de la vérité.

Pour nous se trouve là toute la question révolutionnaire de l’instruction publique, et nous la posons en ces termes plus simples : Quel doit être l’objet de l’enseignement ?

Nous y répondrons en quelques mots : Les sciences qui font la vie des sociétés, qui survivent aux révolutions, qui suivent l’homme partout et font de lui un être complet.

Ce sera là le point de départ des idées d’organisation que nous aurons à émettre et des critiques que les circonstances feront naître dans notre feuille.

L’Égalité.

Voilà un mot ou plutôt une idée, si mal saisie, si dénaturée par les champions de l’immobilisme, que nous allons esquisser quelques traits, pour lui restituer sa vraie valeur aux yeux des indécis qui se laissent entraîner.

Ces docteurs du préjugé s’imaginent que les égalitaires veulent, pour les hommes, une égalité absolue comme celle que l’on pourrait obtenir de plusieurs objets matériels ; ils croient qu’on veut réprouver les inégalités naturelles, comme les facultés, les besoins, les penchants ; qu’un niveau oppressif doit s’appesantir sur toutes les têtes, et une fois juchés sur les nuages plantureux de la fantasmagorie, ils se livrent à un tas de déclamations, évoquent des fantômes et finissent par trembler devant les brouillures de leur cerveau.

Calmez-vous, excellentes gens, on ne veut pas vous passer une camisole de force, on ne veut pas vous enlever l’air que vous respirez, on ne veut point vous partager vos biens, ni même vous ravir un fétu de paille ; nous ne voulons que vous enlever vos souffrances hypocondriaques qui vous empêchent d’ouvrir les yeux.

Venez goûter notre breuvage, il vaut mieux que le poison que vous vous versiez si gratuitement tout à l’heure, et nous espérons même que vous finirez par le bénir comme la pluie qui fait pousser vos moissons.

Voyez la justice : aujourd’hui, vous n’êtes plus comme vos ancêtres du moyen-âge, vous êtes égaux à un seigneur devant elle ; mais le prolétaire, lui, a toute infériorité en ce sens qu’il ne pourra payer comme vous, les frais de justice dont vous êtes plus à même de connaître la douceur.

Voyez l’état militaire : y a-t-il égalité ? mais pas tout-à-fait, car vous pouvez envoyer votre fils à l’école militaire ou lui donner un remplaçant, et le prolétaire ne peut faire ni l’un ni l’autre.

Et pour fabriquer, pour commercer, y a-t-il égalité ? non, car il faut de l’argent ; vous en avez et le prolétaire n’en a pas.

Et pour gouverner, pour commander au pays, y a-t-il égalité ? oui, oui, direz-vous ; le prolétaire a le suffrage universel, et il est éligible. — Vous avez raison, cette fois ; mais si je perçais au fond de votre cœur, peut-être ne vous trouverais-je pas un grand amour pour le suffrage universel. — Mais continuons :

Pour se livrer aux travaux d’intelligence, pour hériter du fruit des travaux de l’homme de génie, y a-t-il égalité ? non, n’est-ce pas, le prolétaire n’a pas reçu d’instruction comme votre fils ; toutes ces belles choses ne sont rien pour lui.

Eh ! voyons, bourgeois, ne vous fâchez pas ; — pour commettre le crime y a-t-il égalité ? — Oh non ! le prolétaire a les tentations de la faim et vous ne les avez pas. Le prolétaire a le sens grossier et vous ne l’avez pas. Le prolétaire a des enfants qui se meurent sans se rassasier, et vous n’en avez pas. Le prolétaire n’ayant point dans son éducation de contrepoids à ses instincts, s’y abandonne, se plonge dans le vice, se blase dans l’impureté, et suce toutes les mauvaises suggestions. — Oh bourgeois ! je ne vous en veux pas ! vous ne savez qu’y faire ! pleurons ensemble : pleurons, votre main dans la mienne, en signe d’un deuil qui affecte tous les membres de la grande famille. Mais vous ! le roi de la société, ne laissez pas votre tête courbée sous les coups de la fatalité ; relevez-là fièrement cette tête, qui est faite pour regarder en face et résoudre les grandes difficultés ; et qu’elle soit le chêne robuste, qui résiste, ou succombe vaillamment.

Mais Dieu n’a pas voulu que les enfants soient la proie de la faim, lorsqu’il leur a fait un magnifique cadeau, comme la terre, et qu’iî leur envoie, tous les jours, les rayons du soleil, pour les réchauffer. Dans le vieux temps, bourgeois, nos ancêtres étaient esclaves. Dans la vieille Grèce si civilisée, on comptait trente-neuf esclaves sur quarante hommes, et on riait au nez de ceux qui voulaient réformer la chose. de là par analogie ?

Revenons à notre discussion : vous voyez que devant la justice, devant l’intelligence, devant la moralité, il devrait y avoir égalité, votre conscience le demande, nos principes le veulent, nos lois même croient la consacrer, et cependant, dans le fait, il y a une profonde inégalité.

Répondez : les faits s’accordent-ils avec les droits inaliénables de l’homme, avec les intentions irréprochables de votre cœur, avec vos désirs, avec vos croyances les plus sincères ? S’en rapprochent-ils seulement ? — Non ! n’est-ce pas ? je viens vous le prouver.

Mais, direz-vous, il y a une égalité absurde que veulent quelques socialistes : c’est l’égalité des salaires ; c’est l’égalité entre le travail de la brute et le travail de l’intelligence ; c’est l’égalité entre le talent et l’ineptie.

Suivez-moi ; je vous réponds :

Si dans un de nos ateliers, un ouvrier fabrique 10 lorsque son camarade fabrique 6, nous voulons, comme vous, que le salaire soit dans la proportion de 10 à 6. — Si également l’œuvre de l’un est supérieure à l’œuvre de son voisin, nous voulons que cette suprématie soit récompensée. C’est ce que demandent les phalanstériens, c’est ce qui existe à peu près de nos jours ; et les choses se passant ainsi, nous le voulons tout comme vous ; car il n’est point juste que le paresseux soit payé comme l’ouvrier actif, et le maladroit comme l’ouvrier habile.

Mais ce n’est pas dans ce cas qu’on veut l’égalité des salaires ; ce n’est pas ce niveau stupide que l’on réclame. Les vieux journaux et la bourgeoisie à leur suite ont ainsi compris la question, par la raison que ni l’un ni l’autre n’ont voulu ouvrir un bon livre sur la matière.

La voici cette question ; mais répondez d’abord à ceci :

Si vous et moi nous étions au milieu de l’Océan avec quinze jours de vivres et un égal appétit, serait-il juste que vous vous arrogiez une plus grosse part que celle à laquelle j’aurais droit de prétendre. Non, sans contredit.

Et également, si vous et moi, cordonniers tous deux, nous n’avions que vingt paires de bottes à confectionner, serait-il juste que vous prétendiez en fabriquer quinze, ne m’en laissant que cinq ? Non, vous voudriez fabriquer fraternellement l’ouvrage, dix paires à chacun.

Eh bien, voilà tout ce qu’on vous demande, voilà le niveau redoutable qui menace les tètes !!! c’est que, dans une exploitation faite par association, tous, ayant droit de vivre, doivent partager également le travail, pour que chacun ait la même tâche : ce qui signifie dans ce sens, le même salaire. Et si l’un s’appropriait deux tâches ; un de ses camarades serait privé d’une tâche et n’aurait pas de pain, ce jour-là. Maintenant, libre à l’ouvrier habile de faire la sienne en huit heures, lorsque les autres en emploient dix. Il y gagnera deux heures de loisir, ce sera sa récompense. Qu’il les emploie à occuper son intelligence, nous applaudirons. Mais qu’il ne prétende point travailler dans ces deux heures, car le travail qu’il ferait serait autant de soustrait à un autre, ce serait une attaque à la propriété, ni plus ni moins. — Autre raison que donne la science. D’où viennent les salaires ? des produits consommés. Donc, aux salaires excédant le taux naturel, devrait répondre une exhubérance correspondante dans la consommation, ce qui est absurde.

Vous voyez que cette égalité des salaires, n’est admissible qu’au point de vue des mesures qui limiteraient la quantité de choses productibles à la consommation, et non à la situation actuelle, où le niveau de la production monte follement, pour submerger la famille de l’ouvrier au jour du chômage.

L’égalité devant le pain quotidien résulte d’un droit, et l’avantage que donne la nature à un homme, ne peut violer ce droit. Voilà la grande injustice que nous professons aux yeux des hommes qui parlent de questions dont ils ne connaissent pas les données, et qui ne s’en sont même jamais occupés sérieusement. Et si plus tard un cataclysme survient, malheur à eux devant Dieu, car ils sont les hommes éclairés de la société, et ils seront coupables de ne pas avoir pris l’initiative.

(La suite au prochain numéro.)

La commission du budget chargée d’examiner le projet de loi pour le rétablissement de l’impôt des boissons a puissamment contribué au déplorable résultat que nous enregistrons aujourd’hui. Pas une voix ne s’est élevée dans son sein pour défendre le décret de la Constituante, pour demander le maintien de l’abolition d’une taxe odieuse. Son rapport le constate, toutes ses délibérations ont été prises à l’unanimité ; nous croyons donc devoir signaler à la reconnaissance du pays les membres de cette commission qui a si bien secondé M. Bonaparte et son ministère, et préparé avec tant d’intelligence et de patriotisme la voie a marché la majorité. Voici leurs noms :

MM.  Sauvaire-Barthélemy, Fournier, Combarel de Leyval, Loyer, Fresneau, Lepeletier-d’Aulnay, Wolowsky, de Douhet, Chasseloup-Laubat, Larrabure, Gouin, Berryer, André, de Charencey, Vitet, Beaumont (Somme), Benoist d’Azy, Gase, Creton, Augustin Giraud, Suchet, d’Albuféra, de Panat, Bocher, Granier, Hernoux, Buffet, Mathieu Bodet, Druet-Desvaux, Gaslonde, Legros-Devot.

La Patrie disait hier, que les huit cent mille signatures apposées au bas des pétitions contre le rétablissement de l’impôt sur les boissons ne témoignaient nullement des véritables sentiments du pays ; et, à l’appui de son opinion, ce journal faisait le raisonnement que voici : « Il y a 350 000 débitants de boissons en France ; chacun d’eux a signé les pétitions et les a fait signer par un serviteur ou un débiteur ; il en est résulté 700 000 signatures. Les hôteliers et les cabaretiers sont donc à peu près les seuls qui ne veulent pas du projet de loi de M. Bonaparte. »

Ce calcul fait honneur à l’esprit inventif de la Patrie ; mais il offense singulièrement la vérité. Chacun sait, en effet, que le plus grand nombre des pétitions déposées proviennent de communes où le quart, la moitié, les trois quarts même, — et quelquefois plus, — des citoyens ont protesté contre l’impôt. Pour ne citer qu’un exemple, le seul département de la Gironde a fourni plus de trente mille signatures aux pétitions ?

La Patrie devrait bien laisser à M. Charles Dupin l’industrie de la sophistication des chiffres.

C’était à la bourgeoisie qu’il appartenait de protester contre les singulières doctrines émises par M. de Montalembert. La bourgeoisie, anti-gouvernementaliste par essence, fait consister toute la Révolution dans la réforme fiscale, comme le prolétariat, anti-capitaliste, la fait consister dans la réforme économique. Tandis que le prolétariat poursuit l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, la bourgeoisie, elle, poursuit l’abolition du gouvernement de l’homme par l’homme, en d’autres termes, l’abolition de l’impôt.

C’est surtout contre cette tendance révolutionnaire de la bourgeoisie que M. de Montalembert s’était prononcé.

Il appartenait surtout à un bourgeois de réfuter ses sophismes. C’est M. É. de Girardin, en qui se résume l’instinct réformiste de la bourgeoisie, qui s’en est chargé. Voici quelques extraits de la virulente sortie qu’il lance à l’adresse du champion de l’impôt des boissons.

(Voix du Peuple)

Ni vos convictions ni vos allures n’ont changé ! Vous êtes, en 1849, ce que vous étiez en 1848, ce que vous étiez en 1847.

En 1847, sous le règne de Louis-Philippe, il n’y avait aucun danger à être de l’opposition ; vous étiez plein d’ardeur !

En 1848, vous aviez peur, et je vous rassurais ; vous me flattiez ?

En 1849, vous n’avez plus peur, et je vous effraie ; vous m’injuriez !

Voilà qui prouve que vous êtes bien toujours le même homme, que vous n’avez changé ni de convictions ni d’allures ! Brave, quand il n’y a pas de danger ; humble, quand vous tremblez ; arrogant, dès que vous êtes rassuré ! Je vous reverrai humble, monsieur, très-humble, car les périls ne sont pas dissipés, car le jour n’est pas éloigné, peut-être, où les déserteurs de la liberté, traduits devant leurs conseils de guerre, auront besoin de défenseurs intrépides. Ce jour-là, monsieur, j’aurai oublié l’injure d’hier. La religion, qui est sur vos lèvres, est dans mon cœur.

« L’impôt sur le capital est la drogue qui doit nous tuer » avez-vous dit à la tribune ; vous vous trompez, monsieur, la « drogue » qui vous empoisonnera, c’est l’impôt sur la consommation, qui a pour effet d’encourager les fraudes, les sophistications, d’affamer, de démoraliser, d’irriter les populations, en possession aujourd’hui d’un droit dont elles ne se laisseront pas dépouiller : le droit de suffrage.

Sachez-le, monsieur, l’impôt sur les boissons laissera, sur le champ de bataille électoral, encore plus de républicains du lendemain que l’impôt des 45 centimes n’y a laissé de républicains de la veille.

Aussi intelligente que la Révolution présomptueuse et inexpérimentée, la Réaction aveugle et routinière va voter sa déchéance politique. J’en aurais peu de soucis, je dois vous l’avouer, monsieur, si j’étais sûr que ce fût l’heure de la Liberté qui dût sonner ; mais je crains que ce ne soit l’heure de la Vengeance ! Qui sera assez fort pour la désarmer ? Qui sera assez habile pour diriger une Révolution impétueuse trois fois détournée de son cours ? Je vous le demande, monsieur ?

Il vous en coûte peu, je le sais, monsieur, de vous rétracter, de vous signer le front, de vous meurtrir la poitrine, de confesser votre erreur avec l’éclat de cette prétentieuse humilité taillée à facettes que vous excellez à faire scintiller ; mais vraisemblabalement, il sera trop tard alors pour abjurer votre idolâtrie fiscale et reconnaître qu’il n’y a de bon impôt que celui qui a pour assiette la justice.

Si je connaissais un impôt plus rigoureusement juste que l’impôt sur le capital, c’est celui-là que j’adopterais, c’est celui-là que je proclamerais. Mais saurait-il exister un impôt plus juste que celui qui se définit ainsi : — Assurance proportionnelle à la valeur de l’objet assuré. Point de capital, point d’impôt. Qui possède beaucoup, paie beaucoup. Qui possède peu, paie peu. Qui ne possède rien, ne paie rien.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grands docteurs de la tribune, qui raillez les grands docteurs de la presse, entendez-vous donc ! Il le faut absolument ; car, après avoir déclaré que les « impôts de consommation étaient les plus justes et les plus légitimes, » vous avez ajouté : « C’est de l’orthodoxie financière pour moi ! » Mais qui a renié la liberté par peur, dès que le péril éclatera, n’hésitera pas à renier la fiscalité !

Tel commencement, tel fin. N’avez-vous pas commencé, monsieur, votre carrière de grand docteur de la presse, en fondant, en 1826, avec M. Lamennais, le journal l’Avenir, que, deux ans après, vous alliez désavouer solennellement à Rome ?

Vous avez sanctifié la palinodie !

Plus de modestie, monsieur, et moins d’humilité.

14 décembre 1849.

Émile de Girardin.

Voici le texte du projet de loi relatif à l’instruction primaire, qui a été présenté dans la séance de vendredi, par M.  le ministre de l’instruction publique :

Art. 1er. Jusqu’à la promulgation de la loi organique de l’enseignement, l’instruction primaire dans chaque département est spécialement placée sous la surveillance des préfets.

Art. 2. Les instituteurs communaux seront nommés par le préfet du département et choisis par lui, soit parmi les laïques, soit parmi les membres des associations religieuses vouées à l’enseignement et reconnues par l’État, en se conformant, relativement à cette option, au vœu exprimé par le conseil municipal de la commune.

Art. 3. Dans les cas prévus par l’art. 23 de la loi du 22 Juin 1833, le préfet réprimande, suspend et déplace les instituteurs. Il peut les révoquer en conseil de préfecture, et sauf le pourvoi de l’instituteur révoqué devant le ministre de l’instruction publique en conseil de l’université.

Art. 4. L’instituteur révoqué ne peut ouvrir une école privée dans la commune où il exerçait les fonctions qui lui ont été retirées.

Art. 5. Les comités d’arrondissement restent investis du droit de suspendre les instituteurs, soit d’office, soit sur la plainte du comité local, et conformément à l’art. 23 de la loi du 22 juin 1833. La suspension prononcée par le comité d’arrondissement devra, dans le délai d’un mois, être déférée au préfet, qui statue définitivement.

Art. 6. Les dispositions de la loi du 22 juin 1833 restent en vigueur en tout ce qui n’est pas contraire à la présente loi.

Le jury de la Haute-Garonne vient de répondre négativement sur toutes les questions qui lui ont été soumises dans le procès intenté à MM.  Janot, Lucet, Berruyer, Villa, Jorest, Forcade, Baillard de Salles, sous la prévention d’un complot contre le gouvernement de la République au mois de juin dernier.

Si nous avons bien compté, c’est le dernier procès qui se jugera en province sur ce fameux complot du 13 juin. — À ce sujet nous ne pouvons nous empêcher cette réflexion : tous les accusés traduits devant les jurys ont été acquittés, les accusés de Versailles, seuls, ont été condamnés.

Chronique locale.

Scrutin sur la question de savoir si lassemblée passera à la discussion des articles du projet de loi relatif à l’impôt des boissons.

Nombre de votants… 964

Majorité absolue… 333

Pour… 445

Contre… 220

Ont voté pour : MM.  Aubry, Huot, Perreau, Febvrel, Buffet, Houel, Ravinel, Resal.

Contre : M. Forel


Grâce à M. Bonaparte et à son préfet M. Eugène Dépercy, la dissolution de la garde nationale d’Épinal est une œuvre consommée. Les armes ont été rendues en meilleur état qu’elles n’avaient été livrées.

Les écritures étaient tenues avec tant d’ordre par le commandant, aidé de ses deux adjudants, que le désarmement s’est fait avec une régularité remarquable… Le pouvoir a donc ses armes… il ne lui manque plus que les cœurs…

Par son calme, sa modération et sa prudence, la population d’Épinal a enlevé tout prétexte de répression aux agents réactionnaires, si désireux d’empoigner les gens, qu’ils ont plutôt l’air de vivre en pays ennemi qu’en terre libre de France.

Un seul moment nous avons craint que l’indignation n’allât trop loin, c’est lors de l’entrée dans la ville des trois compagnies de la ligne. Tout le monde sait, en effet, que la musique de la ville qui s’était portée au devant, suivant l’usage, a été refusée par le chef du détachement, que nous sommes loin d’accuser, car nous n’ignorons pas qu’un officieu l’ayant prévenu, avait jeté le doute dans son esprit… Nos craintes, cependant, n’ont pas tardé à disparaître dans l’enthousiasme général, lorsque nous avons vu la musique, conduite par son jeune chef, qui a fait preuve de tact et de fermeté, rentrer en ville en faisant retentir les rues de nos airs patriotiques… Plus de deux mille voix l’accompagnèrent jusqu’au pied de l’arbre de la Liberté, et les dernières notes de la Marseillaise furent suivies d’un immense cri de : Vive la République ! qui alla percer comme un poignard le cœur de ceux qui, après avoir tout fait pour rendre la République impossible, voudraient aujourd’hui faire croire que la République seule est la cause des misères du peuple…

Cette conduite ferme et intelligente de la population d’Épinal a suffi pour couvrir de ridicule tout ce luxe de précautions inutiles, qui ont été regardées plutôt comme une insulte que comme une mesure préventive.

À propos de ce désarmement, on nous a communiqué un document assez curieux, dont nul n’oserait récuser l’authenticité, puisqu’il est extrait des pièces officielles. Nos lecteurs y verront avec plaisir que M. Dépercy doit être expert en fait de désarmement, car ce n’est pas le premier auquel il a participé.

« Des détachements partis d’Arbois, et porteurs d’ordres donnés par l’inculpé Dépercy, tentaient de s’emparer des armes dans les communes rurales.

» Au maire de Vilette. « Je vous invite à livrer à Remi Treuvey les dix fusils de votre garde nationale ; au cas de refus de votre part, vous assumez une grande responsabilité sur votre personne, mais votre patriotisme m’est garant que vous obtempérez, à ma demande.

» Salut et fraternité.

{{droite|Signé Eug. Dépercy »

Extrait de la déposition du maire du Groson :

« Le 14 avril, environ les trois heures de l’après-midi, l’instituteur vint me dire que des particuliers d’Arbois venaient d’arriver dans la commune et s’étaient déjà emparés des 16 fusils de la garde nationale, et que, dans ce même moment, ils se disposaient à enfoncer les portes de l’église pour sonner le tocsin… Je demandai à ces particuliers pourquoi ils étaient venus désarmer les gardes nationaux de Groson. L’un d’eux me dit qu’ils étaient venus sur les ordres du maire d’Arbois, et il me remit à l’instant même une réquisition écrite, datée d’Arbois le 14 avril 1834, signé Eug. Dépercy, pour le maire empêché, par laquelle j’étais invité à remettre à ces gens-là 20 fusils.

» Voici cette réquisition : « Le maire de la commune de Groson est requis de remettre au chef commandant le détachement, porteur du présent, les 20 fusils qui sont en votre pouvoir.

» Arbois, le 14 avril 1834.

Pour le maire empêché, Eug. Dépercy. »

» … Peu de temps après, Eugène-Regnauld Dépercy s’est fait jour à travers la foule qui encombrait les portes de l’Hôtel-de-Ville, et après avoir pénétré dans le vestibule, a dit d’une voix forte et élevée en levant sa canne au-dessus de sa tête : « L’insurrection est proclamée, il nous faut des armes, M. le maire ; je vous somme, au nom de l’insurrection, de me livrer les armes qui sont à l’Hôtel-de-Ville. » Des cris aux armes ! aux armes ! se sont fait entendre alors de toutes parts. »

Nous demanderons à nos lecteurs si ce document ne remplit pas leur âme de tristesse… N’est-il pas douloureux en effet de voir le même homme qui a proclamé l’insurrection républicaine de 1834, provoquer, sous la République, le désarmement de la garde nationale d’Épinal, dissoute sans autre motif connu que le refus des officiers d’aller à une messe du Saint-Esprit à laquelle ils étaient invités… Grands de ce monde, que la vanité et les préjugés monarchiques affublent encore d’habits brodés, de tricornes et de chapeaux à panaches… venez donc encore déblatérer contre l’immoralité du peuple !!!

Dans notre prochain numéro, nous publierons un exposé complet de toute cette affaire ; ce ne sera ni un plaidoyer, ni un pamphlet, ce sera de l’histoire.


à monsieur le rédacteur-gérant du journal le Peuple Vosgien.

 « Monsieur,

» En face d’une accusation anonyme, et qui ne m’a pas même été adressée, ainsi que l’exigeait la plus vulgaire loyauté, j’aurais pu, j’aurais dû peut-être me taire ; mais je ne suis pas seul attaqué ; mon honorable confrère, M. le docteur Drappier est placé sous la même inculpation que moi, je dois, des lors, m’empresser de déclarer qu’il est ici hors de cause ; le fait en question s’étant passé dans mon service, j’en dois réclamer pour moi seul toute la responsabilité, ce que je fais hautement.

» Ceci posé, j’aborde la question, et j’affirme que votre article contient autant d’erreurs que de mots : Non, Thérèse Hatton n’était point atteinte de hernie étranglée ; quand elle a été admise à l’hôpital, il a été reconnu qu’elle portait, à la région inguinale droite, une énorme tumeur déjà fluctuante, et dont l’ouverture, pratiquée quelques jours après, a donné issue à près d’un litre de pus.

» Quant au prétendu anus anormal, dont fait grand bruit votre correspondant anonyme, cela se réduit à une très-petite plaie fistuleuse, résultat purement accidentel de l’action trop énergique du caustique de Vienne, dont j’ai cru devoir me servir, pour ouvrir la tumeur et que j’ai dû porter un peu haut, à cause de l’énorme étendue de l’abcès, et dans la prévision d’un décollement ultérieure.

» Voilà monsieur, l’exacte vérité, voilà ce que pourraient au besoin attester ceux de mes confrères qui ont été appelés à voir la maladie. Quant au reste de votre article, c’est de la calomnie, et à la calomnie on n’oppose que le mépris. L’opinion publique qui, en définitive, sera juge entre celui qui attaque en se cachant, et celui qui se défend au grand jour, comprendra que je ne puis accepter le débat qu’on me pose, et qu’il y a des choses qui ne doivent pas franchir le seuil d’un hôpital ; je ne reconnais d’ailleurs à personne le droit de m’interroger sur ce qui se passe dans un service qui m’est confié. Qu’il me suffise de dire que Thérèse Hatton, la fille du prolétaire, comme dit la phraséologie ridiculement pathétique de votre correspondant, celle dont on nous accuse d’avoir voulu flétrir l’honneur, ne savait quels termes employer, lorsque, le jour de sa sortie, elle témoignait sa reconnaissance pour les soins dont elle n’a cessé d’être l’objet pendant les deux mois qu’elle a passés dans l’établissement.

» Je n’ignore pas, monsieur, qu’en vertu de certaine loi, j’ai le droit d’exiger de vous l’insertion textuelle de cette lettre dans votre prochain No, ce droit, je l’invoque aujourd’hui, mais ne craignez pas que j’en abuse ; on ne descend pas deux fois à de pareilles saletés. Désormais vous pouvez vous donner carrière ; je m’engage formellement à ne répondre à celui qui n’ose pas même se nommer, qu’en lui clouant au front l’épithète de calomniateur.

» Agréez mes salutations.

 » Haxo, chirurgien de l’hôpital d’Épinal. »
d. m. p.

Épinal, le 20 décembre 1849.

En ce qui nous concerne, nous déclarons au docteur Haxo ; 1o  que c’est par erreur que le numéro de notre journal dans lequel il était interpellé, ne lui a pas été adressé, ainsi qu’à son confrère Drappier que nous avions mis en cause ; 2o  que les questions que nous lui avions posées provenaient d’une note communiquée, et que le gérant, alors même qu’il n’invoquerait pas les usages de la presse, en avait la responsabilité ; 3o  que nous n’acceptons pas que M. Haxo ou tout autre, alors qu’il remplit un service public, vienne déclarer qu’il ne reconnaît à personne le droit de l’interroger sur ce qui se passe dans un service qui lui est confié. — Ce n’est pas que nous désirions des polémiques de personnes, bien au contraire, nous ferons tout pour les éviter. Mais dans cette circonstance, il nous a paru qu’il y avait urgence.

Nous avons fait part au docteur Pierre, auteur de la note communiquée, de la lettre de son collègue Haxo, afin qu’une réponse de sa part terminât ce différent médical, qui, par l’emploi des expressions qu’il nécessite, conviendrait mieux sous un certain rapport à un journal spécial. Sans autres commentaires nous reproduisons l’autre lettre.

À M. le docteur Haxo, chirurgien de l’hôpital Saint-Maurice d’Épinal.

Monsieur,

J’ai sous les yeux votre missive à M. le Rédacteur du Peuple Vosgien. Je n’y vois que des gros mots ; vous vous fâchez tout rouge. Après cinq jours de réflexion, distiller tant de bile, c’est à ne pas y croire. Écoutez, je ne vous suivrai pas sur le terrain des injures, ce n’est pas ma manière, et puis vous me dépasseriez de beaucoup. Vous criez ; je vais faire une meilleur besogne.

Mais d’abord, j’ai besoin de dire au public que si j’ai provoqué une explication dans cette affaire, c’est qu’indépendamment de son caractère moral, mon honneur de médecin y était engagé. J’avais dit à M. B… que sa fille, Thérèse Hatton, avait une hernie étranglée. MM. Haxo et Drappier avaient déclaré à l’hôpital, qu’elle avait une maladie syphilitique. De là naturellement, grande surprise chez plusieurs de mes clients qui étaient informés de l’affaire, et nécessité pour moi de rétablir la vérité. Cela dit, M. Haxo, je reprends votre lettre.

Je passerai vite, monsieur, sur vos reproches d’accusation anonyme et d’indélicatesse. Bavardage que tout cela, bavardage ! on ne vous a pas même attaqué, à plus forte raison calomnié ; on vous a posé deux questions, et vous êtes encore à répondre à l’une d’elles. La signature provisoire du gérant était pour cela, plus que suffisante.

Vous faites de la rhétorique, monsieur, quand, pour intéresser le public à votre cause, vous mettez de côté votre honorable confrère Drappier. C’est bien de faire ainsi le chevalier d’honneur, le Donquichotte de la Manche ; mais moi, j’ai d’autres allures, d’autres principes. À chacun selon ses œuvres, et c’est pour cela que je viens faire la part de M. Drappier, et que je déclare, ce qui est facile à prouver, que Thérèse Hatton est tombée dans son service, qu’il l’a traitée pendant deux ou trois jours, et que c’est lui enfin qui, le premier, après tout ce temps d’hésitation, a pris sa hernie pour une tumeur syphilitique, et l’a envoyée dans une salle spéciale où sont retenues les filles publiques. Il est d’autant moins excusable qu’à ce moment l’erreur n’était réellement pas possible.

Thérèse Hatton n’avait pas de hernie étranglée, dites-vous ? Mais déjà M. Simonin, de Nancy, l’avait traitée pour cela à l’hôpital Saint-Charles. Les personnages qui l’ont assistée vous diront qu’elle avait un bandage. Et maintenant existe-t-elle cette hernie ? et puis qu’est-ce donc qu’une tumeur qui se montre subitement à l’aine avec douleur, constipation d’abord, sueurs froides, coliques, hoquets, nausées, et de l’aveu même de la sœur qui l’assistait, vomissement de matières stercorales, signe indubitable pathognomique des hernies, entendez-vous bien MM. Haxo et Drappier ?

Quand elle a été admise à l’hôpital, dites-vous encore, elle portait un abcès déjà fluctuant. Mensonge, monsieur ; quelqu’en soit la cause, un abcès ne se forme pas en deux ou trois jours de maladie, surtout quand on parle d’un litre de pus. Plusieurs personnes l’ont assistée, et toutes déclareront qu’alors la tumeur avait tout au plus le volume d’un œuf. Je pourrais, à ce sujet, étendre mes réflexions, mais allons, M. Haxo, allons toujours et parlons du prétendu anus anormal qui n’est, dites-vous, qu’une fistule. Vous n’avez oublié qu’un mot, loyal confrère, c’est que la fistule est stercorale, c’est-à-dire qu’une hernie seule peut l’avoir produite, Dupuytren vous le dira ; c’est-à-dire que les pois, les choux, les haricots que vous faisiez donner à la malade passaient et passeraient encore, si elle était toujours à votre excellent régime, à travers la fistule stercorale, qui ne diffère de l’anus contre nature que par son étendue. Mais voici qui est plus curieux. Oui, dites-vous, la fistule stercorale existe, mais elle n’est pas la conséquence d’une hernie, c’est moi qui l’ai faite par ma maladresse. Comment, monsieur, vous osez tenir un pareil langage ! Pour excuser une première erreur, vous allez en commettre une plus lourde.

Vous n’osez dire, n’est-ce pas, qu’il s’agissait d’un abcès syphilitique ? vous feriez rire après vous, et pourtant vous l’avez dit en d’autre lieu. Vous avez fait passer cette femme de la salle des fiévreux dans la salle des vênériens, et puis, quand après votre opération le doute n’a plus été permis, vite vous la faites passer aux blessés ; c’est qu’alors, monsieur, votre erreur n’était plus possible : votre mauvaise foi commence là.

Après avoir si bien plaidé votre cause, vous revenez à vos injures. Encore une fois, je vous fais grâce de ce côté. Le public jugera si vos épithètes ne vous qualifieraient pas mieux que moi. Puisqu’il paraît que vous n’aimez pas la discussion, je vous propose, pour couper court, de prendre chacun deux ou trois arbitres qui auront qualité pour juger impartialement. Si vous n’acceptez pas, c’est que vous avez peur ; si vous avez peur, c’est que vous êtes coupable, et tout coupable doit être châtié. J’aurai fait une partie de la besogne.

Encore un mot. Vous vous posez dans votre hôpital comme un pacha qui a droit de vie et de mort. Vous refusez à quiconque le droit de contrôler vos actes. Êtes-vous fonctionnaire public ? Êtes-vous responsable ? En vérité ce serait odieux si cela n’était ridicule.

Quant à votre épithète de calomniateur qui termine votre factum, je vous la renvoie, certain qu’elle tiendra mieux sur votre front que sur le mien.

Agréez mes salutations,

Dr Pierre.

Une souscription est ouverte au bureau du journal le Peuple Vosgien, et chez nos correspondants, en faveur des familles de nos frères détenus politiques. Nous avons déjà reçu une somme de 18 fr. 50 c.


Remiremont. — Pendant la cession de novembre, en formant le budget pour l’exercice 1850, le conseil municipal a voté l’instruction primaire gratuite, pour les écoles des garçons ; voulant faire jouir, ceux-ci, de l’avantage dès longtemps accordé aux jeunes filles.


Un concert vocal et instrumental a été donné le 10 décembre dernier à Remiremont, par M. Noirot, violoniste, et Mme Querm, cantatrice.

Les principaux morceaux exécutés par M. Noirot, Souvenirs de Bellini et le trémolo de Beriot, l’ont fait vivement applaudir.

Mme Querm a chanté l’air de la Muette, et le grand air de Lucie. La force de sa voix de soprano jointe à une grande souplesse, dans l’exécution des vocalis de ces deux morceaux, écueils de bien des chanteurs, ont fait apprécier, à la ville de Remiremont, la valeur du talent de cette artiste.

À la demande générale, un second concert aura lieu dimanche prochain à Remiremont, à la salle de la mairie.

Nous pouvons aussi annoncer que M. Noirot et Mme Querm se feront entendre jeudi prochain à Épinal.

Intérieur.

assemblée nationale

La loi sur l’impôt des boissons a fait un pas, un grand pas depuis la semaine dernière. La prise en considération de cet inique impôt a été voté par 445 voix, 220 représentants ont voté contre. — Ainsi se trouvent déjoués toutes les combinaisons que nous annoncions dans notre dernier No, et qui devaient aboutir à rendre le résultat au moins douteux ; si le dernier coup ne venait pas d’être porté à l’impôt des boissons. Quoi qu’il en soit, prenons notre parti, la chambre a oublié, quel était le vœu du pays, bien des représentants ont oubliés les engagements d’honneur pris avec leurs mandans, à la chambre et à eux la responsabilité de ce quasi coup d’état législatif. En attendant la majorité écrasée dans la discussion générale par la voix éloquente et dominante des républicains donne carrière à ses colères dans la discussion des articles. Le citoyen Mathieu (de la Drôme), a le premier essuyé sa mauvaise humeur. Aussi pourquoi s’est-il avisé de dire devant les capitalistes, boursicateurs, agioteurs, que le pauvre payait plus d’impôt que le riche, et que l’impôt est aujourd’hui proportionnel à la misère. — Le fameux Benoît d’Asy tout courroucé, s’est précipité à la tribune, et a en quelques mots terrassé, d’après la majorité, (Mathieu de la Drôme ;) si la répartition de l’impôt est mauvaise, s’est-il écrié : c’est aux soixante années de révolutions que vous nous avez données, c’est aux mauvaises passions que vous avez développées, qu’il faut attribuer ce dont vous vous plaignez. Homme habile, et pas du tout Benoît, les chiffres vous font défaut, vous les mettez de côté, et vite, à notre face, vous nous accusez de ce dont vous êtes coupables. Oh ! tactique du parlementarisme, quand donc finiras-tu, quand donc à des paroles, à des discussions souvent oiseuses, qui ne convertiront jamais les endurcis, substituras-t-on la politique des faits.

MM.  Charamaule, Paulin Gillon, Lebreton, sont venus ensuite, proposer d’innocents amandements, après une discussion confuse, ces honnêtes représentants ont regagnés leur place, sans être trop satisfaits de la chambre et peut-être bien d’eux même. Leurs amandements étaient de nul valeur.

Pour la clôture on a demandé ensuite des nouvelles de l’enquête, c’est M. Bocher, célèbre dans ce genre de travail, qui a pris la parole à ce sujet.


L’avalanche des pétitions contre le rétablissement de l’impôt des boissons continue malgré le vôte de l’assemblée nationale. Le chiffre que nous avons donné dans notre dernier numéro, peut être porté aujourd’hui à neuf cent mille signataires.


Le Rédacteur-Gérant, A. Thérin.

ANNONCE.


À LOUER
pour entrer en jouissance au 23 avril prochain.

UN MOULIN à deux tournants, système anglais, une ribe, une scierie et propriétés en dépendant, situés à Saint-Maurice, canton de Ramonchamp, arrondissement de Remiremont, département des Vosges, sur la route nationale de Nancy à Bâle.

S’adresser, pour traiter, à M. François Grandclaude, fabricant à Saint-Maurice.


Remiremont, Imp. et Lith. Mougin.