Tremblez, tremblez, la Vieville1,
Bardin, aussi Beaumarchais2 !
Je prie Dieu que l’aze vous quille,
Vive la foy !
Et aussi tous vos amis.
Vive Louys !
Que disiez-vous, la Vieville,
Lors que le charivary
Trotoit par toute la ville ?
Vive la foy !
Vous estiez bien esbahis.
Vive Louys !
Vous fermastes vos fenestres
Et tuastes vos flambeaux,
Et vous n’osastes paroistre,
Vive la foy !
De peur d’en estre assaillis.
Vive Louys !
Mommorency, d’Angoulesme,
Longueville et d’Alets,
En estoient en fort grand peine,
Vive la foy !
Et en estoient fort marris.
Vive Louys !
Mais demain on recommence
De plus belle que jamais.
Vous verrez une dance,
Vive la foy !
Dont vous serez bien marris.
Vive Louys !
Joyeuse et la Bretonnière,
Gran-pré3 et aussi du Bec4,
Passeront tous la carrière,
Vive la foy !
Et son nepveu du Plessis.
Vive Louys !
Bellegarde et Bassompierre,
Tillière et monsieur Dellebœuf,
Leur jetteront à tous des pierres ;
Vive la foy !
Aussi feront tous leurs amis.
Vive Louys !
Monsieur et monsieur le Comte,
Et monsieur le Colonel,
Leur feront à tous si grande honte
Vive la foy !
Qu’ils en mourront de despit.
Vive Louys !
1. Surintendant des finances, contre lequel il y eut alors tant de plaintes et de satires. V. notamment le Recueil A–Z, E, p. 178, 210 ; F. 46 ; Tallemant, éd. P. Paris, t. 2, p. 11, 238.
2. Trésorier de l’Épargne, beau-père de la Vieuville et du maréchal de Vitry. Il tomba avec le premier. Bardin étoit son commis ; il partagea sa disgrâce. V. Recueil A–Z, E, 237, 241 ; Mémoires de l’abbé d’Artigny, t. 6, p. 56–57.
3. Jean-Armand de Joyeuse, comte de Grandpré.
4. Le marquis du Bec, qui fit plus tard une si triste mine lorsqu’il s’agit de défendre la Capelle, dont il étoit gouverneur.