Chez Cazals & Ferrand, Libraires (p. 36-37).

LES JOIES DU PARADIS.


Colas, vrai manant du Village,
Épouſa la veuve Aliſon,
Qui, plus ardente qu’un tiſon,
Connoiſſoit fort le mariage ;
Mais Colas n’étoit qu’un oiſon.
La première nuit du ménage
Elle n’en put tirer raiſon,
Car il avoit ſon pucelage,
Et ne fit pour tout badinage
Que papilloter la toiſon.
Le lendemain faut ſçavoir comme
Alix maltraita le Jeannot.
Je croyois avoir pris un homme,
Dit-elle, & je n’ai pris qu’un ſot.
Dame ! il n’a jamais fait la joye,
Lui répondit un des parens,
Faudroit le mettre ſur la voye,
Et vous feriez bien-tôt contens.
Volontiers, qu’à cela ne tienne.
En effet, la groſſe maman,
Qui devoit ſçavoir le tran tran,
La nuit d’après lui coula cette antienne :

L’ami, ſerois-tu curieux
De goûter les plaiſirs des Dieux,
Des Dieux qui ſont au Ciel ? ſans doute :
Comment ? Eh ! nous ne voyons goûte !
N’importe, approche-toi, pas ainſi… bon cela,
Encore tant ſoit peu… t’y voilà ;
Courage, allons… fort dans les boules,
Colas dans ce moment crut quitter ſon taudis,
Et s’écria : ma mere, ayez ſoin de nos poules,
Je ſens que j’entre en paradis.

Grécourt.