Le Parnasse contemporain/1869/Cave amorem

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]II. 1869-1871 (p. 349).


CAVE AMOREM


Lorsque la sympathie, en ses palais dorés,
Berce les cœurs épris entre ses ailes blanches,
L’amour & l’amitié ployant leurs vertes branches
Sur eux font incliner leurs beaux fruits diaprés.

Mais combien, tout d’abord, sont, hélas ! enivrés
Qui s’en vont préférant les pavots aux pervenches,
L’amour sur ses versants labourés d’avalanches
A l’amitié bénie en ses vallons sacrés.

Ils s’embarquent joyeux sur l’océan des rêves
Au matin de la vie, mais le soir, sur les grèves,
Naufragés du bonheur, ils gisent déchirés.

L’amour ne rend jamais que des morts à la rive.
Pour moi, que j’en ai vu flotter à la dérive,
Hélas ! que j’en ai vu de ces énamourés !