Le Parnasse contemporain/1866/Le Printemps
II
LE PRINTEMPS
SONNET ESTRAMBOTE
Voici la saison fraîche et rose
Où, se levant dans un ciel pur,
Le soleil jeune et blond arrose
Les pâleurs moites de l’azur.
L’Hiver, accroupi dans la pose
D’un vieux mendiant contre un mur,
Grelotte à l’Occident morose
Que remplit un brouillard obscur,
Mais, se déroulant comme une onde,
Une large lumière inonde
L’Orient vague et radieux.
Que les rimeurs de pastorales
Alternent en stances égales
Les gloires des fleurs et des cieux ;
Moi, je chante un hymne candide
A l’amour dont l’aurore humide
Se lève et grandit dans tes yeux.