Le Parler populaire des Canadiens français/Q

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Q
Quac, n. m.
Héron de nuit. V. Couac.
Quai, n. m.
Construction en bois de plus ou moins grande longueur, suivant la profondeur de l’eau, et contre laquelle accostent les navires, les goélettes, les bateaux, les chaloupes.
* Qualification, n. f. (Angl.)
Cens électoral, cens d’éligibilité.
* Qualifier, v. a. (Angl.)
Procurer à quelqu’un les moyens d’acquérir le cens d’éligibilité, en lui fournissant des fonds.
* Qualifier (se), v. pron. (Angl.)
Se pourvoir des ressources propres à acquérir le cens électoral.
Quand c’est que, loc. conj.
Quand. Ex. Quand c’est que vous serez prêts à partir ?
Quand que, loc. prép.
Lorsque. Ex. J’irai chez vous, quand qu’on se comprendra mieux.
Quanquième, n. m.
Quantième. Ex. Quel est le quanquième, aujourd’hui ?
Quant est de, loc. prép.
Quant à. Ex. Quant est de moi, tu peux y compter sûrement.
Quant et, loc.
En même temps. Ex. Viendras-tu quant et moi ? Montaigne a écrit dans ses Essais : « Combien treuve je plus naturel et plus vraysemblable que deux hommes mentent, que je ne fois qv’un homme en douze heures passe quant

et les vents d’Orient ou d’Occident ». En Vendée, quant et se dit pour à côté, auprès de. Quant et quant, loc. — En même temps, ensemble. Quarante Qrecs. Calendes grecques. Ex. Je n’ai pas pris de temps à le renvoyer aux Quarante Grecs. Quarquier, n. m. Quartier. Ex. Le premier quarquier de la lune, un quar quier de bœuf. Quart, n. m. Baril. Ex. Un quart de farine, de sirop, de bière, de lard, etc. Quartiers, n. m. pl. Jambes. Ex. Ecarte tes quartiers, pour que je puisse te chausser. Quart-pensionnaire. Elève du collège qui suit les classes et les études, couche au collège, mais se nourrit en dehors. Quarteron, n. m.

Quatrième partie de la livre.
// ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron,
pourquoi faire tant d’efforts pour arriver à un aussi maigre
résultat.

Quartette, n. m. — Petit quatuor. Quate, adj. — Quatre. Ex. Marcher à quate pattes. Quatre, adj.

Battre quatre as. V. Battre.
Faire le diable à quatre. V. Diable.
Se fendre en quatre, faire un grand effort. Autrefois, l’on
écartelait les coupables pour certains crimes, et cela s’ap

pelait les mettre en quatre quartiers. Par suite d’une ellipse qui a porté sur le mot quartier précédé de quatre, on est arrivé à dire se mettre en quatre.

Un de ces quatre matins, un bon matin.
Cela ne vaut pas les quatre fers d’un chien, cela ne vaut
rien.
Ne pas y aller par quatre chemins, aller droit au but. DES CANADIENS-FRANÇAIS 537
Faire le diable à quatre, mettre tout à l’envers, se déme

ner comme un furieux.

Cela ne se trouve pas dans les quatre fers d’un cheval, cela
ne se trouve pas partout.
Fendre les cheveux en quatre, se perdre en des considéra
tions inutiles.
De pied en quatre, de pied en cap.

Quat’ poches, n. m.

Vêtement extérieur sensé être fourni de quatre poches.
— Marie Quat’poches, femme mal vêtue, peut-être même
du quat’poches de son mari, comme cela se pratique assez

souvent à la campagne. Quat’ roues, n. m.

Voiture légère à quatre roues, à un ou deux sièges. Ex. Embarquez dans mon quat’roues, Monsieur, il y a de la place pour quatre. Quatre-saisons, n. m.

Hortensia des jardins, appelé aussi Rosé du Japon. Quat’ sept, n. m. Jeu de carte, où le joueur qui a les quatre sept dans son jeu gagne la partie. Quat’ sous (de). De rien, de nulle valeur. Ex. Un marchand de quat’sous, un magasin de quat’sous. Quatre-temps, n. m. Rougets, matagons, cornouiller du Canada, pain de perdrix, pain d’oiseau. Que, conj.

Où. Ex. Au moment qu’il est mort.
Au point que. Ex. Nous avons ri que les yeux nous en
pleuraient.
Puisque. Ex. Tu es donc paresseux que tu ne te remues
pas.
Où que tu vas ? Où vas-tu ?
A qui que c’est cette canne ? à qui est-ce ?
Qui-ce que c’est ? qui est-ce ?
Quand que tu iras f quand iras-tu ? 
Pourquoi que tu me blagues ? pourquoi me blagues-tu ?
Quoi ce que tu veux ? que veux-tu ?

Que, pron, rel.

Auquel. Ex. Il m’a raconté un tas d’histoire que je n’ai
rien compris.
Dont. Ex. L,es livres que j’ai besoin.

Que, conj. — Qu’est-ce. Ex. Que qu’on fera demain ? Québecquois, e, n. m. et f. Citoyen de Québec. Doit-on écrire Québecquois ou Qué bécois ? Comme ce mot vient du sauvage, il est bon de rappeler que kêpak est un temps du verbe kêpao. On en a fait kébecq, kêbeck, kêbek. Il semblerait donc que l’on dût s’en tenir au préfixe kêbek, y ajouter ensuite la ter minaison ois, comme on a fait Anversois de Anvers, et écrire Québécois. Mais d’un autre côté, il y a tant d’ex emples où le caprice plutôt qu’une règle a prévalu, qu’il serait téméraire de vouloir blâmer ceux qui tiennent à Québecquois. Donc, à mon sens, l’une ou l’autre ortho graphe peut s’écrire sans inconvénient. In dubiis libertas. Quenotte, n. f. Dent d’enfant. L,e vieux français avait quennes. Ce mot semble venir de l’islandais kenni, mâchoires. Quenouille, n. f. Massette à larges feuilles, appelée aussi roseau des étangs, canne de jonc. Queque, adj. Quelque. Ex. Nous aurons qùeques amis à dîner. Quequefois, adv. — Quelquefois. Quequ’un, une, pron. ind. Quelqu’un, e. Ex. Cet homme-là, c’est quequ’un. Querelleux, euse, adj. — Querelleur. Question, n. f. Comme question de fait, au reste, du reste, de fait. Quêteux, euse, n. m. et f.

— Mendiant, e.
— Quêteur, qui mendie pour les autres, pour une œuvre de

charité, soit à domicile, soit datls les églises.

DES CANADIENS-FRANÇAIS 539,
— Les quêteux de Saint-Gervais. Sobriquet. I^a race en

est éteinte. Queu. — Queu ! Queu ! vache ! Queu ! Cri d’appel à la vache. Queue, n. f.

Finir en queue de morue, venir à rien.
Je n’en ai pas vu la queue, le moindre bout.
— Une affaire qui n’ a ni queue, ni tête, une affaire incompré
hensible.

Queue d’anguille, n. f. Appelée loche â Montréal, et queue d’anguille ailleurs. Son vrai nom est lote commune ou comprimée. Queue de morue, n. f. — Habit de cérémonie. Queue de poêlon, n. m. — Têtard, petit du crapaud. Queue de renard, n. f. Mélampyre des prés. Appelée encore blê de vache, parce qu’on croit qu’il augmente la sécrétion du lait chez les vaches. Plante nuisible. Queue d’éronde, n. f. — Queue d’aronde, sorte de tenon. Queue de veau, n. f. Personne agitée, sans cesse en mouvement. Queue-du-loup, n. f. — Jeu qui consiste à marcher à la file.

Queul, adj. — Quel. Ex. Queul être est cela ?

Queuque, adj. — Quelque. Bx. Aller en queuque part.

Queuqu’un, une, pron. — Quelqu’un, une. Queuq’zuns, pron. pl. — Quelques-uns.

Quevalle, n. f. — Cavale.

Quiaulée, n. f.

Suite, file. En Normandie c’est aquiaulée, pour exprimer la même idée. Ex. Une quiaulée d’enfants.

Quibus, n. m. pl. — Argent. Ex. As-tu des quitus ? Qui ce que, ; — Que. Qui ce que tu dis ? Qui ce qui. — Qui est-ce. Ex. Qui ce qui me dira cela ? Qui c’est qui, loc. Qui, qui est-ce ? Ex. Qui c’est qui a fait cela ? Quien, adj. Tien. Ex. Ce livre est à moi, mais cet autre est le quien. Quienbendu, part. pass. — Tenu.

54O LE PARLER POPULAIRE

Quienbondu, part. pass. — Tenu. Quiendre, v. a. — Tenir. Quiens, v. a. impér. de tenir. Tiens. Ex. Quiens bon, quiens fort, si la corde casse, t’es mort. Cette année, j’ai pu attacher les deux bouts ensemble, mais ça été die ! quiens ben, c’est-à-dire ça été juste. Quiers-point, n. m. — Tiers-point. V. ce mot. Qui fait que, loc. — Ce qui fait que. Quiier, v. a. — Cueillir. Ex. Allons quiier des pommes. Quilles, n. f. pl. — Jambes grêles. Quintaux, n. m. pl. Mettre en quintaux, mettre des gerbes de blé en tas, et les disposer de telle façon que la pluie ne puisse endommager le grain. Qui perd gagne, loc. A qui perd gagne. Ex. Maintenant jouons qui perd gagne. Qui qui, pron. Qui, qui est-ce qui. Ex. Qui qui t’a fait pleurer ? Quitte, n. f. — Avantage. E. J’ai plus de quitte de le lâcher. Quitte à, loc. prép. Sauf à. Ex. La pluie vient de cesser, quitte à recommencer. Quitte pour quitte, loc. Jouer quitte pour quitte, jouer une dernière partie où tout ce qu’un des joueurs a perdu est acquitté s’il gagne. Quitter, v. a. Laisser. Ex. Quitte-moi faire, je vais t’arranger cela. Quoi, pron.

Avoir de quoi, des moyens d’existence.
// n’y a pas de quoi, il n’y a pas sujet de se fâcher ou de
remercier.
Il y a bien de quoi, voilà un sujet de s’offenser ou d’ad
mirer.

Quoi ce que. — Que. Ex. Quoi ce que tu veux ? Quoi que. — Que. Ex. Quoi que tu veux, dis ? Quoique ça, adv. Néanmoins. Ex. Tu as bien réussi, quoique çà, tu aurais pu faire encore mieux.

Quoi faire que, loc. conj.
Pourquoi. Ex. Quoi faire que tu me lâches ainsi à la dernière minute ?
* Quotation, n. f. (Angl.)
Citation, passage tiré d’un auteur.
Quouette, n. f.
Queue, tresse de cheveux. V. Couette.
Qu’ri, v. a.
Chercher. Ex. Va qu’ri ma canne dans le salon.