Le Parler populaire des Canadiens français/Ouvrages mis à profit
OUVRAGES MIS À PROFIT
Les ouvrages, dont suit la liste, sont les seuls que l’auteur de ce Lexique a consultés. Tous ne lui ont pas été profitables au même degré. Il va de soi que les glossaires canadiens préparés par Gingras, Manseau, l’abbé Caron, Dunn, Clapin et Rinfret, pour ne citer que les principaux, ont plus servi à l’auteur que les dictionnaires publiés en France. Le Bulletin du Parler-Français lui a été beaucoup plus utile que les glossaires de Borel, de Favre, de Moisy, de Jaubert et autres de provenance française, bien que ceux-ci aient été mis à contribution par l’auteur dans ses études comparatives.
Quoi qu’il en soit, l’auteur exprime toute sa reconnaissance aux auteurs de tous ces ouvrages de linguistique, quels qu’ils soient, et plus particulièrement à M. Clapin et aux lexicographes du Bulletin. Que ces messieurs, qui savent ce qu’il en coûte de labeurs pour mener un dictionnaire à bonne fin, ne soient pas trop sévères à son égard, et ne lui tiennent pas rigueur parce qu’il a puisé un peu largement dans leur fonds. Ils comprennent qu’il est bien difficile, sinon impossible, de faire un pareil ouvrage sans s’inspirer des devanciers. L’auteur, du reste, n’ambitionne rien de plus que d’apporter son humble contribution à l’œuvre si généreusement entreprise par la Société du Parler-Français, qui est d’épurer notre langage en le débarrassant des trop nombreuses scories qui le déparent ou le défigurent. Cette œuvre est possible, et elle se fera, sans aucun doute, pour peu que les hommes instruits la prennent à cœur, et donnent le bon exemple, en parlant correctement le français ; et ils le pourraient faire, s’ils voulaient s’en donner la peine.
On trouvera dans ce lexique un certain nombre de mots et d’expressions qui ont actuellement cours en France, tout aussi librement qu’en Canada. Ces mots sont généralement tirés du parler populaire et familier. On en retrouve quelques-uns dans Larousse, mais rarement dans le dictionnaire de l’Académie. Si l’auteur a tenu à les faire figurer dans son lexique, c’est dans le but de prouver que le langage du peuple canadien ne diffère que très peu du langage français.
Quant aux canadianismes et acadianismes proprement dits, on pourra facilement s’assurer qu’ils ont, pour la plupart, une origine française : normande, saintongeaise, angevine et percheronne. Ceci s’explique aisément, car n’oublions pas que nos ancêtres aussi, pour le plus grand nombre, sont originaires de la Normandie, de la Saintonge, de l’Anjou et du Perche. Donc, tel père, tel parler. Rien de plus naturel et de plus logique. Ce qui l’est moins, c’est l’intrusion des anglicismes et des mots anglais dans nos conversations. C’est à ceux-là que nous devons faire la guerre, une guerre à mort, sans trêve ni merci. Que nous adoptions quelques anglicismes, un tout petit nombre, parce que nous en avons absolument besoin, passe ! Mais soyons prudents, parce qu’il pourrait arriver un jour que notre langage populaire ne serait plus compréhensible, ni pour les Français ni pour les Anglais.
L’auteur manquerait gravement à son devoir s’il n’adressait pas ses plus sincères remerciements à M. Raoul de la Grasserie, qui a bienveillamment consenti à faire la préface de son Lexique. On verra, en la lisant, combien il a eu la main heureuse en s’adressant à l’éminent juge nantais. Qui, mieux que lui, même en France, eût pu débrouiller tous les mystères de notre parler, et en tirer des conclusions aussi nettes et aussi justes ? Tous les Canadiens français qui s’occupent de linguistique, sauront reconnaître et apprécier le mérite de son œuvre.