Le Parfum des prairies (le Jardin parfumé)/19


CHAPITRE XIX

DU TRAITEMENT
QUE DOIVENT SUIVRE LES PERSONNES
DONT LA BOUCHE,
LE ZOUQUE, ET LE CORPS
ONT UNE MAUVAISE ODEUR


Écoutez, Grand Vizir.

Rien n’est plus affreux qu’un homme qui sent mauvais et qu’une femme dont les exhalaisons repoussent l’amour ; ceux-là feront bien de se laver souvent le corps dans une eau saturée d’herbe amère rouge mélangée de fleurs d’héliotrope. Ces bains atténueront les odeurs fâcheuses.

Ils pourront encore piler des fleurs de jacinthe dans de l’eau de rose, humecter, avec cette composition, un morceau de laine douce qu’on approchera du feu pour donner plus de force au mélange, et de frotter ensuite tout le corps dont l’odeur empoisonnée disparaîtra.

La femme qui voudra rétrécir son zouque trop largement accusé, le lavera souvent avec de l’eau dans laquelle on aura mis quelques cristaux d’alun, mêlés avec du sonac.

Celle qui voudra relever un peu Aoualda pour lui faire reprendre la place qu’elle doit occuper, fera bouillir, dans une même eau, des gousses de tamarin sans graines et des écorces de grenades ; puis, le remède suffisamment refroidi, elle prendra des bains locaux. Après quelques jours de ce traitement, et pour se guérir complètement, elle soumettra son fordj à des fumigations d’excréments de bœuf. Les meilleurs tebibs recommandent cette médication aux femmes souffrant de la matrice.

Ceux dont le dessous des bras répand une odeur forte et insupportable, jetteront dans un bassin d’eau un mélange d’odida et de musc et frotteront leur peau avec un morceau de laine trempé dans ce parfum jusqu’à ce que leurs bras rougissent ; et le succès les paiera largement de leurs peines.