Le Parfum des prairies (le Jardin parfumé)/16


CHAPITRE XVI

DES FAUSSES COUCHES


Écoutez, Grand Vizir.

Il y a de misérables créatures, qui, pour cacher le résultat de la débauche, emploient des moyens que Satan leur inspire, dans le but de délivrer leur corps, avant le temps, du fruit de leurs amours illicites.

Après avoir vu moi-même et recueilli bien des faits, j’ai pu former le résumé suivant de ces malheureuses, que Dieu punisse !

Il y en a qui introduisent dans leur zouque, aussitôt après le coït, un petit bâton poli, de façon à déranger la liqueur reproductive de son travail de conception.

D’autres boivent de l’infusion de bois de garance.

D’autres encore exposent leur fordj aux vapeurs d’un vase de chaux posé sur le feu.

D’autres resserrent l’entrée d’Aoualda avec des lotions aluminées, avant le coït, afin d’empêcher le sperme d’entrer à l’intérieur.

Le goudron remplit le même office que l’alun, mais, au bout de quelque temps, il rendra la femme qui s’en sert stérile à tout jamais.

Le goudron employé par une femme enceinte fera mourir l’enfant qui sortira de son corps par petits morceaux.

L’eau de goudron dans laquelle on fera infuser du piment, amènera une fausse couche en faisant revenir le sang.

Un morceau de coton trempé dans cette composition et introduit dans le zouque, produira le même effet.

Qu’Allah maudisse celles qui disposent d’une vie qui n’appartient qu’à Dieu !