Le Parfum des prairies (le Jardin parfumé)/13


CHAPITRE XIII

DE LA JOUISSANCE


Écoutez, Seigneur Vizir, qui êtes aimé de Dieu !

Six choses poussent l’homme à l’amour : 1o La chaleur du sang ; 2o l’abondance du sperme ; 3o la vue d’une jolie femme ; 4o une nourriture substantielle ; 5o de gentilles caresses ; 6o une parfaite santé.

L’homme dont le cœur est sans chagrins, dont l’âme est reposée, qu’une satisfaction complète environne, qui se nourrit confortablement et qui change souvent de femme, alternant les couleurs, les caractères et les positions sociales ; celui-là sera toujours en l’air.

Ceux qui auront besoin d’avoir recours à certains moyens pour montrer quelque vigueur, pourront employer avec avantage la graine de Dro pilée dans un peu d’huile et mélangée ensuite avec du miel. Ils mangeront ce médicament le matin, à jeun, pour bien s’en trouver le soir.

Le fiel de chacal pourra rendre aussi de bons offices ; si l’on en met une petite quantité soit au fordj, soit au tota ; c’est un violent aphrodisiaque.

Djam Amous, le médecin savant disait autrefois, bien avant Sidna Aïssa (Jésus-Christ) que les hommes impuissants retrouvent leur ancienne force en prenant, le matin, un verre de miel et en mangeant par-dessus vingt amandes et trois cents graines de l’herbe de dro ; et cela trois jours de suite.

Il conseillait encore les graines d’oignons pilées avec le miel, ou bien la graisse fondue de la poitrine du chameau, avec laquelle on fait des frictions sur le membre mort ; quelque proportion qu’il acquière après le traitement, il entrera dans la femme la plus étroite sans lui causer la moindre douleur.

Il conseille aussi de prendre dans sa bouche du bois de quebebah, puis d’en piler une parcelle pour en saupoudrer la tête du zeb ; l’on peut également frotter celui-ci avec l’huile de la fleur de Balassen.

Un moyen excellent est encore de se passer sur les cuisses et les parties une mixture de digantast, de gingembre et d’huile ; les graines de moutarde produiront aussi un bel effet. Une nourriture bien épicée et saturée de piment et de gingembre est merveilleuse ; mais si l’on ajoute une légère friction de gingembre à son tota, celui-ci prendra la fermeté de l’acier, ne s’usera jamais et rendra la femme folle d’ardeur.

Les bains de lait d’ânesse donnent beaucoup de force ; mais un aliment parfait, dont l’usage agréable au goût ne peut amener aucune conséquence fâcheuse, est le mélange de krémissahs, d’oignons bien cuits et de gingembre.

Ceux qui emploieront ces différents procédés, pourront vieillir et rajeunir à la fois.