Le Pantéléphone L. de Locht-Labye



Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?
Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?
L’Électricité
LE PANTÉLÉPHONE ― L. de Locht-Labye

Extrait du journal L’Électricité, 16, rue du Croissant.
environ 1880

De tous les appareils téléphoniques installés aux Champs-Elysées, celui qui obtient le succès le plus complet est sans contredit le Pantéléphone L. de Locht-Labye, adopté par le gourvernement de la République Argentine.

Tandis que les appareils des Compagnies téléphoniques sont installés avec un luxe inouï de précautions dans des guérites matelassées et calfeutrées de toutes parts, les postes téléphoniques de M. de Locht sont adaptés sans aucune précaution à des cloisons de bois.

Malgré le bruit assourdissant des machines qui avoisinent les postes, les chocs des marteaux, le mouvement et les conversations de la foule qui se succède d’une manière continue devant les installations de M. de Locht, les communications téléphoniques se font avec la plus grande facilité, et les visiteurs se retirent émerveillés du résultat des expériences extraordinaires auxquelles ils assitent. La personne qui parle peut s’écarter jusqu’à trente mètres de l’appareil, et ses paroles ne cessent d’être comprises et répétées pour le contrôle.

Les paroles adressées à voix basse étouffée, et ce jusqu’à cinquante centimètres au moins de l’appareil, sont encore comprises et répétées avec la même fidélité.

Il est bon d’ajouter que le mot de Pantéléphone a été choisi par M. de Locht-Labye parce que son instrument est impressionnable par toutes espèces de sons articulés ou inarticulés, forts ou faibles, provenant de loin ou de près. En outre ce transmetteur s’applique à toute eSpèce de récepteur téléphonique.

Figure 1 - Vue extérieure

Nous donnons le dessin d’ensemble et le dessin détaillé du poste pantéléphonique.

Ce qu’on appelle un poste, c’est la réunion dans un seul appareil des pièces suivantes : le pantéléphone, le bouton d’appel a b d, la sonnerie trembleuse S, le signal g R I persitant après l’appel, le commutateur interrupteur A agissant par le poids du téléphone, et la bobine d’induction e f V.

Toutes ces pièces sont fixées sur la plaque de fond de la boîte. L’ouverture de la porte ne produit aucun dérangement de l’appareil. Le réglage et l’expérimentation peuvent ainsi être faits sans la moindre difficulté.

Sur la gauche, se trouve disposé le pantéléphone. La petite plaque de liège P P P, suspendue par deux petits ressorts (l’un d’eux est marqué F) en métal souple, porte encastré à sa partie inférieure un petit disque O en charbon parfaitement plan, qui est en contact avec une arête en platine fixée à l’extrémité d’un petit doigt métallique terminé à son extrémité n par une articulation à grenouillère.

Ce mode d’articulation permet d’augmenter ou de diminuer la pression des deux corps et d’assurer le contact du plan de charbon et de l’arête de platine sur toute la longueur de celle-ci.

Des huit bornes serre-fils représentées à la partie inférieure, les deux extrêmes t t de chaque côté reçoivent les bouts des conducteurs téléphoniques.

La borne C3 est rattachée au pôle positif de la batterie voltaïque servant aux appels de la sonnerie.

La borne C1 est reliée au pôle positif du dernier élément de cette pile ; c’est l’élément pantéléphonique.

Le pôle négatif de la pile, rattaché d’ailleurs au fil de retour ou à la terre, correspond à la borne T.

La borne L reçoit le fil de ligne.

Les postes sont disposés d’une manière identique dans les deux stations correspondantes.

Voici la marche des courants pour les appels et pour la conversation :

La pression du doigt sur le bouton d’appel dans la première station rompt le contact du ressort b avec la pièce de contact d et l’établit avec le butoir a.

Le courant électrique suit dans la première station le chemin C3 a b L, passe par le fil de ligne à la deuxième station dans l’appareil de laquelle il pénètre par la borne L, arrive au commutateur A par la route L b d A ; le levier commutateur étant en contact avec la borne S, le courant passe dans les bobines de la sonnerie S, d’où par l’armature et le ressort il arrive en V et par la borne T et le fil de retour rejoint le pôle négatif de la pile de la première station.

Le circuit étant fermé, la sonnerie trembeuse fonctionne dans le second poste et l’appel s’y produit. Aussitôt s’opère le déclanchement du levier g R qui découvre la cible I. Si le correspondant est absent au moment de l’appel, ce signal persistant lui permet de s’apercevoir à sa rentrée qu’on désire correspondre téléphoniquement avec lui.

La réponse se fait comme l’appel ; puis les correspondants décrochent leurs téléphones, les portent aux oreilles et les y maintiennent appliqués pendant la durée de la conversation.

Ils peuvent d’ailleurs parler sur le ton naturel sans fatigue et sans être obligés de s’approcher de l’appareil.

Dans la plupart des cas, il suffit de tenir un seul téléphone à l’oreille, mais c’est toujours celui de droite qui doit être décroché pour faire fonctionner le levier commutateur.

Ce levier est amené contre la borne D en même temps que s’établit le contact du petit ressort m avec son butoir.

Figure 2 - Vue intérieure

Dans chaque poste le courant d’un élément voltaïque part de C1, arrive en n, passe au contact O de pression variable, puis par un fil métallique dissimulé sur la face postérieure du liège au ressort de suspension F, de là au butoir en contact avec le ressort m, pénètre en e dans l’hélice intérieure de la bobine d’induction, et par V et la borne T se referme au pôle négatif de la pile.

Chaque modification de ce courant, par la variation de la résistance au contact microphonique, détermine dans l’hélice extérieure de la bobine d’induction un courant instantané qui se propage dans la ligne et les téléphones des deux postes.

Ce courant téléphonique suit le fil de ligne L b d A D t, traverse le téléphone de droite, passe à celui de gauche dont le second fil t est rattaché en f au fil intérieur de la bobine d’induction dont l’autre bout en V est relié à la borne T.

Le courant passe ainsi au poste correspondant dans lequel il parcourt le chemin inverse, et le circuit se ferme par le fil de ligne.

La conversation achevée, on suspend les téléphones et on relève le signal dans chaque station.

Cette description permet à nos lecteurs de comprendre parfaitement le mécanisme de cet appareil, qui réalise l’idéal de la simplicité.

Tout le réglage consiste à faire jouer l’articulation du butoir n, de manière à produire un contact intime entre les deux corps, le plan de charbon et l’arête de platine, et à modifier par l’inclinaison de la plaque la pression plus ou moins grande de la plaque sur le butoir. Ce réglage n’a rien de difficile, puisqu’il y a plus d’un centimètre d’écart entre les positions extrêmes du butoir, qui permettent d’établir la conversation dans les conditions ordinaires.

Nous avons été des premiers à appeler l’attention du public sur le pantéléphone, nous avons insisté à différentes reprises sur les qualités exceptionnelles de l’appareil de M. L. de Locht-Labye, et sur le succès sans égal qu’il obtient à l’Expositon d’électricité.

Nous ne doutons pas que son usage se répande de plus en plus dans la pratique.


GRANDE IMPRIMERIE

(Société anonyme)

16, RUE DU CROISSANT, PARIS - G. V. LAROCHELLE, IMP.