Texte établi par Ferenczi et fils, éditeurs, L’Imprimerie Moderne (p. 27-37).

CHAPITRE III


D eux figures nouvelles remplacèrent celles d’Hortense et de Maria.

Les avanies passées, sa mère enfin remise de tant de scandale, Élysée se rendit vite compte du vide énorme laissé par les garçons, désormais pensionnaires.

Ils étaient partis pour leur nouveau lycée avec des menaces, des sifflotements, et la ferme intention de se faire renvoyer le plus tôt possible.

Ne plus rentrer chaque soir chez eux les indignait. Ils n’avaient pas cru sérieuse la décision de leur mère. Il leur fallait donc apprendre que, restée seule, elle allait les gouverner avec une autorité jamais soupçonnée jusqu’ici.

Ils étaient allés trop loin. Sentant sa faiblesse en face de cette paire de garnements, elle avait, par miracle, pris le meilleur parti.

Élysée, trop petite pour comprendre que sa mère, pour une fois, avait raison, la trouvait méchante. Elle s’indignait avec ses frères.

— Je vais maintenant te dégoter un cours d’éducation qui réponde à notre situation actuelle !… répétait Marcelle Arnaud,

Livrée à elle-même à travers les pièces de cet appartement que personne n’arrangeait, la petite fille ne savait que faire de sa frêle personne.

Pendant les deux premiers jours, elle s’inventa ce jeu nostalgique : assise au fond d’une caisse d’emballage, elle imaginait les montagnes russes ou le toboggan. Il lui semblait que sa vie entière ne serait pas assez longue pour ressasser les souvenirs d’une journée d’enthousiasme, si mal finie, hélas ! Puis, à la longue, les dernières griseries de la belle fête se dissipèrent. Elle se retrouva, orpheline et privée de ses frères, assise au fond de cette caisse pleine de paille, qui ne voulait plus rien dire du tout.

Allait-elle se remettre à pleurer, la parenthèse refermée, à pleurer toute seule, pendant des heures, le nez contre les vitres ?

— Tu ne peux pas rester comme ça !… s’écriait Mme Arnaud, quand, rentrée entre deux courses, elle trouvait sa fille dans un coin avec des yeux mornes. Demain, je m’occupe de ton cours !

À d’autres moments, elle constatait :

— Tu es mal ficelée, tu es ignorante, tu as mauvaise mine…

Et l’on eût dit, au ton qu’elle prenait, que la petite seule était responsable de ces manques.

Au bout de trois jours, énervée :

— Alors, tu ne fais rien, toute la journée ?… C’est idiot ! Je veux que tu sortes tous les jours avec la femme de chambre.

Et ces promenades furent plus lamentables que tout le reste.

Il dut y avoir une mauvaise période dans les recherches, Mme Arnaud sortit moins, et son humeur consterna la maison.

Un essai de rangement amena des criailleries contre les bonnes. Incapable de fixer son attention sur ce qui n’était pas son idée fixe, la grande énervée tournait sur elle-même dans les pièces, donnait un ordre, le contredisait, s’affolait, et finissait toujours par invectiver contre quelqu’un.

Élysée sentait combien, quoi qu’elle fît, elle exaspérait sa mère. Au bout de chaque bourrade venait la phrase nouvelle qui reparaissait comme les tics du visage :

— Tiens !… Tu ressembles à ton père !

Sans le savoir, la malheureuse gamine, pendant cette période, emmagasina, dans sa mémoire enfantine, des observations de neurologue.

Le matin, au fond de son lit, elle écoutait sa mère se lever dans la chambre voisine. Jusqu’à sa mort, elle devait, désormais, reconnaître ce petit signe subtil, impressionnant, et qui ne trompe pas, ce petit signe qui est le pas du névropathe.

Est-ce un homme, est-ce une femme qui marche dans la pièce à côté ? Je ne sais pas. Mais je sais que cet être est atteint de névropathie. Les deux pieds n’avancent pas selon le même rythme. Le coup sourd qu’ils produisent est inégal, indiquant le déséquilibre fondamental de la personne qui piétine ainsi.

Mauvaise mesure, pénible à l’oreille, coup sourd des névropathes, pas qui vous marche sur le cœur !…

Il y avait certains clignements des paupières, certaines nervosités des lèvres, certains soupirs trop de fois répétés, auxquels la petite ne se trompait plus. « Ça va mal aller aujourd’hui !… »

Certes !

Torturante et torturée…

— Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Naturellement, tu trouves que je ne m’occupe pas de toi ! Comme si je n’avais pas assez de cet emménagement à faire, de ces agences à consulter, du souci de tes frères, sans compter tout ce que je garde pour moi ? Au lieu de traîner comme une âme en peine, si tu essayais de faire quelque chose, d’étudier ton piano, par exemple, en attendant que je te trouve un cours ?… Ce n’est pas la peine que je t’aie commencée de si bonne heure, si tu dois perdre tout ce que tu sais !

Subitement, elle éclatait en sanglots.

Oh !… j’en ai assez de tout ça !…

La crise de nerfs éclatait, épouvantant la fillette et les deux domestiques accourues. Et, pendant la prostration qui suivait, la petite Élise, prise de remords, se disait naïvement que tout était de sa faute.

Ce fut ainsi que, le cœur serré, pleine de tristesse et de bonne volonté, courageuse, elle décida de s’asseoir une heure par jour au piano, pour y ânonner, tant bien que mal, les études de Czerny.

Elle eut soin, la première fois, de commencer pendant que sa mère était là, pour bien lui montrer qu’elle écoutait ses conseils.

Mais, au bout de quatre mesures, Mme Arnaud parut, la bouche légèrement tordue, les paupières clignotantes.

— Ma pauvre petite, tu ne pourrais pas choisir un moment où je serais sortie ?… Si tu savais ce que ça peut m’énerver, ton piano ! Je suis déjà assez agacée de voir l’appartement comme ça !…

Et, bien qu’Élysée se fût levée de son tabouret et essayant de sourire :

Naturellement, tu vas dire que c’est moi qui t’empêche d’étudier ! J’aime mieux m’en aller, tiens !… Tu m’horripiles ! Il me semble que je vois ton père !

La porte claquée une fois de plus, Élysée resta debout à sa place. Elle se sentait comme détruite par sa mère, plongée dans une atmosphère irrespirable.

Maman était sortie, pour finir.

Retourner au piano ? La petite Arnaud n’en avait plus le courage. Il lui vint une idée plus triste que les autres. Comme ceux qui perdent un être cher et qui le cherchent encore après l’enterrement, elle entra tout doucement dans le cabinet de son père.

Puérile, elle s’assit à sa table de travail, toucha son porteplume, ouvrit les tiroirs. Tout était resté là comme si, d’une minute à l’autre, il devait rentrer.

Sans doute avait-il prévenu ses clients par quelque circulaire, puisque personne ne sonnait plus à l’heure de la consultation. Où donc était-il ?

Élysée pensait à lui tendrement, sans qu’aucune ombre de rancune effleurât son esprit d’enfant.

Elle fit lentement le tour de la pièce, avec un peu de crainte et une espèce de curiosité. Les bibliothèques montraient leurs livres serrés, nuances sobres des reliures où brillait un peu d’or. La petite ouvrit. Sa main hésitante prit au hasard.

C’était la première fois qu’elle faisait un geste vers les livres. Celui qu’elle tenait était lourd. Elle alla s’asseoir dans un fauteuil pour mieux le regarder. Il y avait quelques images.

Longtemps, perdue dans un songe vague, elle contempla la gravure de Bida qui illustre les Nuits, d’Alfred de Musset. Le poète, drapé de noir, assis sur son roc, la tête dans la main droite, sa lyre devant lui, sa Muse derrière lui, soutenant son bras gauche, et cette guirlande de fantômes féminins qui se perdent dans le ciel orageux, elle ne comprenait pas ce que signifiait tout cela ; mais, comme lorsque sa mère chantait, son cœur était atteint, troublé.

Jamais personne ne l’avait initiée aux mystères de la lecture. Lire, c’était apprendre des leçons, une corvée. Il ne lui venait donc pas l’idée de se renseigner sur la gravure en parcourant le texte. Elle avait vu des vers, par conséquent quelque chose d’aussi ennuyeux que les fables de La Fontaine.

Son imagination de dix ans aimait mieux inventer l’histoire, comme lorsqu’il s’agissait de la dame bleue. Elle voyait bien que le monsieur était désolé, que la sorte d’ange qui le tenait au bras le consolait ; et ce spectacle lui faisait du bien.

Elle eut de la peine à quitter cette image pour regarder les autres. Celle qui illustre le poème Lucie la captiva pourtant. Le clavier, la fenêtre ouverte sur la nuit, le même jeune homme tenant contre lui cette jeune fille en robe blanche qui semblait pleurer, c’était encore de la tristesse et de la tendresse, un domaine proche de son petit cœur affligé.

L’inscription, en dessous, disait :

Elle appuya sur moi sa tête appesantie.

Ce n’était pas si difficile à comprendre.

Héroïque, Élysée tourna les pages :

Mes chers ami, quand je mourrai…

Certes, cela ne ressemblait pas aux fables de La Fontaine !

Les sourcils froncés, elle lisait, et le charme pénétrait en elle, énigmatique, et plus grisant d’être si obscur ; car une élégie romantique est presque inintelligible pour une petite fille de dix ans.

Cependant, le passage sur la musique :

Fille de la douleur, harmonie, harmonie…


fit battre son cœur, cette petite prune verte. Elle le relut plusieurs fois. Trois vers étaient, pour elle, absolument directs ouvrant tout à coup les portes de l’infini :

Qui sait ce qu’un enfant peut entendre et peut dire.
Dans tes soupirs divins, nés de l’air qu’il respire,
Tristes comme son cœur et doux comme sa voix ?

Toute seule dans son fauteuil trop grand, penchée sur son livre trop gros, elle ignorait que, dans ce cabinet de travail abandonné, silencieux, un grand mystère avait lieu, le mystère de son initiation à la poésie.

Elle revint à sa première gravure et commença de lire La Nuit de Mai.

Mais quand ses yeux tombèrent sur ceci :

Qui vient ? Qui m’appelle ? — Personne.
Je suis seul, c’est l’heure qui sonne ;
Ô solitude ! Ô pauvreté !


la misérable gamine, prématurément frappée par l’existence, sentit les larmes lui brouiller la vue.

Elle referma le livre, presque superstitieuse, et le remit à sa place. Elle n’avait même pas regardé le nom de l’auteur. Que lui importait l’auteur ? Le désœuvrement l’avait conduite, le hasard guidée, l’instinct retenue. Désormais, quand elle aurait le cœur trop gros, elle savait où trouver un ami.

Le jour tombait. Maman allait rentrer. Elle alla dans le salon, alluma, s’assit au piano. Dès qu’elle entendait le bruit des portes, elle s’arrêterait de jouer Czerny. Sa mère pourrait croire ainsi qu’elle avait étudié pendant tout ce temps. Les tyrans finissent toujours par faire naître autour d’eux le mensonge, seule arme contre leur tyrannie.

— Ah ! Ah !… cria Mme Arnaud dès le seuil.

Élysée crut à des félicitations. Elle ne les avait pas méritées, mais cela lui faisait plaisir tout de même.

Cependant, l’autre n’avait même pas vu qu’elle était au piano. Surexcitée, les yeux brillants :

— La voilà, la lettre qu’il avait annoncée ! C’est quelqu’un qui l’a apportée ! Je l’ai trouvée en bas en rentrant, et lue dans l’escalier. Écoute ça !

Son rôle de témoin rendait pour un instant opportune la présence de la petite Élise. Un peu pâle, elle vint s’asseoir à côté de sa mère.

« Si tu acceptes de me donner ma fille, laisse-moi un mot chez le concierge, et je le ferai prendre. Et, s’il y a lieu, nous pourrons correspondre ensuite plus directement, puisque je serai sûr que tu es bien raisonnable, et décidée à ne pas troubler ma retraite. Inutile, en tout cas, de chercher à me trouver ; je suis bien loin de Paris, actuellement, et mon intermédiaire ne dira pas un mot. J’ai beaucoup de chagrin de la décision que j’ai dû prendre, et je n’ai pas cessé de t’aimer. » —

— Hein ! Qu’est-ce que tu en dis ?… Voilà une nouvelle piste à suivre. Dès demain matin, avant l’ouverture de la porte cochère, je serai dans la loge des concierges. Si je ne peux pas y rester toute la journée, je posterai quelqu’un de mes agences. C’est bête que le téléphone ne soit pas encore posé ici !

Animée, elle était en pleine action, aussi vivante que lors des plus grandes querelles conjugales, dans son élément, presque heureuse.

Toute la journée du lendemain fut marquée par les extravagances de Mme Arnaud. Les pourboires pleuvaient. Elle alla jusqu’à déjeuner dans la loge des concierges. Les bonnes couraient à la poste téléphoner aux agences.

Il ne vint, vers la fin de l’après-midi, qu’un commissionnaire bourru qui demanda s’il y avait une lettre au nom du docteur Arnaud, et répondit des grossièretés à toutes les questions.

La filature apprit qu’il allait transmettre la réponse négative qu’il avait reçue au docteur Meslier, jeune confrère du docteur Arnaud, célibataire, lequel reçut à sept heures et demie du soir la visite agitée de Mme Arnaud.

Elle revint de cette expédition hors d’elle. Puisqu’elle avait enfin découvert l’entremetteur de son mari, quelqu’un pourrait lui répéter ce qu’elle pensait de lui. Quant à sa fille, il devait en faire son deuil.

Elle passa sa soirée à écrire à l’infortuné docteur Meslier, lequel n’avait rien voulu lui révéler non plus sur l’endroit où se cachait le fugitif. Elle annonçait qu’elle retournerait le voir. Elle avait découvert une nouvelle victime. Elle exultait.

Élysée, oubliée, respirait mieux. Elle passa son après-midi dans le cabinet de son père. Son premier contact avec Musset avait laissé dans son âme enfantine quelque chose d’ineffable. Ce fut en palpitant qu’elle reprit son livre, revit les images, relut les vers. Elle en découvrit d’autres qu’elle sentait moins, mais qui la retenaient quand même.

Et quand vint le soir, elle s’aperçut qu’à force de les relire elle savait déjà presque par cœur les passages de Lucie qui l’avaient d’abord attirée.

Le résultat des manèges de Mme Arnaud ne s’était pas fait attendre longtemps.

Tous les étages de la maison étaient au courant de l’histoire. On regardait curieusement Élysée quand elle sortait avec sa bonne. Elle s’en apercevait, et souffrait. Encore que n’ayant connu que bohème et bizarreries, elle était née pour la paix, l’ordre et la mesure.

Quant au jeune médecin célibataire, il prit le parti de renvoyer à Mme Arnaud ses lettres non décachetées et de la faire éconduire par son domestique.

— Ton père ne pouvait avoir pour ami qu’un mufle de son genre, c’était tout indiqué !

Désemparée, la morbide querelleuse recommença bientôt à s’exaspérer contre sa fille. Élysée, parce qu’elle demandait à aller voir ses frères, dont on n’avait aucune nouvelle, reçut une paire de claques.

— Des débauchés qui t’ont traînée dans leur débauche ?… Tu ne les verras pas de longtemps ! Quand j’irai au lycée, j’irai toute seule !

Elle y apprit que ses fils étaient des cancres, et animés du plus mauvais esprit.

— C’est demain que je m’occupe de ton cours !… recommença-t-elle en rentrant, sans doute par simple association d’idées.

Et la voilà repartie, le chapeau de travers, en quête d’une nouvelle agence secrète, puisque la sienne n’est qu’une bande de voleurs.

Le soir qu’elle rentre à l’improviste, elle découvre Élysée dans le cabinet de son père, le nez dans son livre, absorbée.

— Ah ! c’est comme ça que tu étudies ton piano, menteuse !

Après la paire de claques :

— Alfred de Musset !… C’est du joli !… Tu lis Namouna, naturellement.

À travers ses sanglots, la petite, interloquée, essaie de dire qu’elle ne lisait pas Namouna. Sans l’écouter :

— Je te défends, tu entends ! je te défends de lire des livres qui ne sont pas pour les petites filles ! Ah ! il est bien temps que je te trouve un cours ! Tu vas devenir aussi vicieuse que tes frères ! Tu n’as pas honte, à ton âge ?…

Oh ! la longue rêverie, un peu plus tard, la tête dans l’oreiller ! C’était donc une lecture défendue, tout ce charme qui berçait comme la musique ? Élysée, maintenant, ne pourra plus, dans l’ombre du cabinet paternel, goûter en silence la paix et la consolation de son cher livre.

— Alfred de Musset… songe-t-elle, séduite par un si beau nom.

Et, les yeux grands ouverts dans la nuit, elle fait le projet de cacher le volume quelque part pour le lire le soir, dans son lit, quand maman sera bien persuadée qu’elle dort.

Marcelle Arnaud, dès le lendemain, se mit fermement en campagne. Un obscur instinct la poussait. Faire élever ses enfants par d’autres, puisque son détraquement la détournait sans cesse de son devoir, il lui semblait que c’était bien agir. Et c’était bien agir, en effet.

Les réponses aux lettres qu’elle envoyait à des adresses diverses, trouvées au hasard d’annuaires et de prospectus, parvenaient une à une.

Elle porta son choix sur l’institution dont les prix étaient les plus élevés. Et ce raisonnement n’était pas mauvais non plus.

Et ce fut le soir où elle prononça :

— C’est demain qu’on vient te chercher…

La petite ne dormit pas, condamnée innocente qui va partir pour la prison.

Levée très tôt, empruntée dans sa robe noire de pensionnaire, avec la natte exigée emprisonnant ses beaux cheveux libres, elle attendit, le cœur évanoui, les joues vertes, en rôdant une fois de plus dans l’appartement fou.

Avait-elle jamais cru qu’elle regarderait ces murs hostiles avec cette espèce d’épouvante de l’adieu ?

Sa visite dernière au cabinet de son père ? Particulièrement tragique. Ce fut là que sa mère vint la retrouver. Les tics de ses paupières et de sa bouche disaient seuls son émotion.

— Allons, Élise.

La porte passée, ce fut la salle à manger, et, dans la salle à manger, il y avait une personne inconnue, en petit chapeau noir et robe terne, qui souligna d’un sourire austère ces paroles affreuses :

— Ah ! voilà notre nouvelle pensionnaire ? Bonjour, ma demoiselle !

Jetée sur sa mère, serrant les mâchoires pour ne pas pleurer :

— Au revoir, maman ! Au revoir, maman ! Au revoir, ma man !… haletait la petite, transportée de douleur.

Deux baisers secs la bousculèrent :

— Allons ! Allons !… Dépêche-toi ! Vous allez manquer le train !

Lancée dans l’escalier, elle se retourna. Maman avait déjà refermé la porte. Alors, la poitrine soulevée de spasmes, son mouchoir dans les dents, la petite Élysée suivit désespérément celle qui l’emmenait vers l’institution Lami, située à trois heures et demie de Paris, en plein inconnu.