Le Père Duchesne (n°239)

Ce document est un des numéros du Père Duchesne.
Le Père Duchesne238 à 300 (p. 1-8).
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Je suis le véritable pere Duchesne, foutre !


LA GRANDE
DÉNONCIATION
DU PERE DUCHESNE,
A tous les Sans-Culottes des départemens, au sujet des complots formés par les Brissotins, les Girondins, les Rolandins, les Buzotins, les Pettionistes et toute la foutue séquelle des complices de Capet et de Dumouriez, pour faire massacrer les braves montagnards, les jacobins, la commune de Paris, afin de donner le coup de grâce à la liberté et de rétablir la royauté. Ses bons avis aux braves Lurons des Fauxbourgs, pour désarmer tous les viédases qui pissent le verglas dans la canicule et qui au lieu de défendre la république, cherchent à allumer la guerre civile entre Paris et les Départemens.


Nos armées foutent par-tout la danse aux ennemis de la république. Ces bandes de bêtes fauves que les brigands couronnés ont déchainées contre la France, n'ont pas encore pris un pouce de notre territoire, malgré les trahisons de Dumouriez et de Roland. Les imbécilles et les scélérats, qui, pour l'amour du bon Dieu, ont ravagé les départemens de la Vendée, des deux Sèvres et de la Loire Inférieure, égorgé les femmes et les enfants, brûlé les villes et les villages, courent comme des lièvres à l'approche de nos braves volontaires. Dans peu de jours, la prétendue armée chrétienne sera dispersée et ses canons ne seront pas plus dangereux que ceux du pape. Chaque jour nos affaires vont de mieux en mieux. Nous n'avons plus d'ennemis à redouter que ceux qui sont au milieu de nous, foutre.

C'est dans la convention, oui, foutre, c'est parmi les représentans du peuple qu'existe maintenant le foyer de la contre-révolution. Les complices de Capet et de Dumouriez remuent de cul et de tête pour allumer la guerre civile et armer les citoyens des départemens contre les parisiens. Il y a longtems que le feu couve sous la cendre ; les Mandrins de la Gironde, les Cartouches Brissotins s’y sont pris de longue main pour exécuter cet infernal complot. Pour préparer d’avance tuotes leurs bateries, ils ont fait d’abord délivrer 24 millions au vieux Roland, soit disant pour acheter des subsistances, mais, foutre, ces millions n’ont au contraire servi qu’à nous affamer, à soudoyer ſes contre-révolutionnaires et à graisser la patte a ces vils fabricans et frppiers de journaux remplis de mensonges, de calomnies et d’atrocités contre les meilleurs patriotes.

C’est sur-tout pendant le procès de Capet que l’aristocratie a vomi ce poison sur tous les départemens ; nos frères égarés croyant que les citoyens de Paris étoient des mangeurs d’hommes, et que nous voulions anéantir la convention, s’armèrent pour défendre leurs représentans ; des bataillons du Finisterre, de la Gironde, des Bouches-du-Rhône arrivèrent dans nos murs pour combattre les factieux, les anarchistes, les désorganisateurs ; ils croyoient en sortant de leurs foyers venir faire le siège de cette ville, et ils furent bougrement surpris quand ils trouvèrent tout paisible, quand ils se virent reçus à bras ouverts. « Où sont donc, s'écrièrent-ils, ces brigands que Gorsas, Gensonné, Buzot et Barbaroux nous ont dénoncés ? Ces jacobins, ces cordeliers, cette commune, tous ces sans-Culottes qu'on nous représentoit armés de torches et de poignards, prêts à égorger nos députés, sont au contraire remplis du plus pur patriotisme ; nous reconnoissons toujours dans eux les hommes du 14 juillet et du 10 août ; ruinés par la révolution, ils sont encore prêts à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour sauver la France ; ils pensent comme nous. Nous avons été induits en erreur par des traîtres ; Paris n'a point changé, ce sont nos députés qui nous ont tourné casaque et qui calomnient les parisiens, parce qu'ils savent trop bien les juger, et qu'ils ne veulent pas être complices de leurs manœuvres. Oui, nous voyons clairement que nos lâches mandataires sont soudoyés pour nous armer les uns contre les autres, afin de sauver le tyran. »

Ainsi raisonnèrent les braves fédérés, quand ils virent de leurs yeux ce qui se passoit à la convention au mois de Janvier dernier. Au lieu de tourner contre nous leurs sabres et leurs bayonettes, ils s'unirent à nous et jurèrent sur cette même place, où leurs frères avoient été massacrés, le dix août, de ne point nous abandonner avant que la tête du tyran n’eut roulé sur l’échafaud. Les buzotins, les petionistes, les Rolandins, les brissotins, et toute la bougre de séquelle feuillantine et aristocrtique ; voyant qu’elle avoit tiré sa poudre aux moineaux, consentit bon gré malgré au raccourcissement de Capet. La peur fut plus puissante que l’argent, mais le ministre Pitt qui à telle fin que de raison avoit décidé de perdre la France, promit aux jean-foutres qui lui avoient vendu leur voix, de redoubler les guinées, s’ils venoient à bout de rétablir la royauté.

Aussitôt, le charivari recommence dans la convention. Les poulles mouillées qui n’avoient voté que par la crainte, se réunirent aux appelans. Les siflemens des serpents de la plaine, les croassemens des crapaux du marais étouffèrent la voix des braves montagnards. Les brissotins formèrent le projet de faire Dumouriez dictateur et malgré ses trahisons déjà connues, il lui firent donner le commandement général de nos armées. Le brave Pache qui contrecaroit ces conspirateurs, fut chassé du ministère. Pour jetter de la poudre aux yeux des badauts, on entreprit la conquête de la Belgique et de la Hollande, mais dans l'intention de détruire nos armées. Des milliers de mouchards furent envoyés dans les départemens par le vieux Roland, pour y colporter ses affiches couleur de rose et corrompre l'opinion. Les hommes d'état firent piller les boutiques des épiciers, pour avoir un prétexte de calomnier les citoyens de Paris. A plusieurs reprises ils enlevèrent le pain des boulangers, afin d'occasionner la disette et d'exciter le désordre.

A la fin la mine est éventée ; l'infâme Dumourier lève le masque, et lorsque ses complices le portent jusques aux nues, il veut faire révolter son armée et la faire marcher contre Paris, afin de protéger, comme il le disoit, ses bons amis les Brissotins, et faire perdre le goût du pain aux braves bougres de la montagne. Dans le même temps, et comme par un enchantement, sans que les ministres en ayent rien appris, sort de dessous terre l'armée des brigands de la Vendée.

L’audace des Brissotins redouble ; les jean-foutres croient toucher au moment si désiré de la contre-révolution ; ils menacent, ils outragent les montagnards ; ils recrutent dans Paris une armée de sabre-ruisseaux, de courtauts de boutique, pour chasser les Sans-Culottes des sections ; les marchands de sucre de Rouen, de Bordeaux, de Marseille fabriquent des pétitions de la même espèce que celles qui menaçoient les Sans-Culottes, quand les Sans-Culottes demandoient la déchéance de Capet. Il n’en a pas moins été raccourci le scélérat, malgré tant de milliers de jean-foutres qui faisoient claquer si haut leur fouet pour le soutenir au mois de juin dernier. Eh bien, foutre, il n’en coûtera pas plus pour anéantir les traitres qui conspirent contre la république. La dernière heure de leur mort va sonner ; quand leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l’aristocratie rentreront dans leurs caves comme au 10 août.

Braves Sans-Culottes, vos ennemis ne sont audacieux que parce que vous restez les bras croisés ; réveillez-vous, foutre, levez-vous et vous allez les voir à vos pieds. Désarmez tous les viédases qui pissent le verglas dans la canicule, et qui ne veulent prendre aucune part à la révolution. Le poison des modérés est plus dangereux que le fer des autrichiens. Soyez victorieux, et tous les départements vous approuveront ; mais sur-tout battez le fer pendant qu'il est chaud. Si vous dormez encore quelques instans, craignez de vous réveiller esclaves, foutre.




De l'Imprimerie de la Rue Neuve de l'Egalité
Cour des Miracles.