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Le Passe-Temps du 29 avril 1894 (p. 3-4).

LE NID



À Carissima.

Je sais un nid charmant et tendre
Où niche l’oiseau bleu du cœur,
Dont nul en vain ne peut entendre
L’accent séduisant et vainqueur…

Doux nid plein de grâces vermeilles
Qui, sous un rayon de gaîté,
Scintillent comme des abeilles
Dans l’or des aurores d’Été !

Formé de fleurs fraîches écloses,
Œuvre adorable de l’amour :
Des perles, des feuilles de roses
Dessinent son riant contour.

Écrin délicieux que dore
La jeunesse en traits éclatants,
D’où s’échappe, ailée et sonore,
La vive chanson du printemps ;


D’où sort une divine haleine,
Comme d’un calice embaumé
Qui livre au vent son urne pleine
Du virginal encens de Mai….

Nid séducteur où rit l’ivresse
Dérobant ses tendres ardeurs,
Comme une coupe enchanteresse
Dont les bords sont voilés de fleurs !…

Plus mignon qu’un nid d’oiseau-mouche,
Plus frais qu’un cœur de rose-thé,
Ce nid ravissant… c’est ta bouche,
Doux paradis de volupté,

Où les désirs, ramiers fidèles,
Volent toujours inapaisés,
Et vont provoquer, à coup d’ailes,
L’essaim palpitant des baisers !…


Gabriel Monavon.