Le Miroir des jours/Le sonnet
Le sonnet (1912)
LE SONNET
Sonnet, qui dis beaucoup en prenant peu d’espace,
Goutte d’essence en un flacon de cristal pur ;
Humble bijou d’argent ouvragé d’un art sûr,
Qui restes, quand l’éclat hautain de l’ode passe ;
Jeu fin de poésie où l’esprit se délasse ;
Petit tableau de maître enfermant tout l’azur ;
Chose pleine et légère ainsi qu’un épi mûr ;
Étroit sonnet où l’âme immense trouve place ;
Sonnet, flûte de buis dont le quadruple son
Chante, en l’éternisant, l’émoi bref du frisson ;
Écrin de grâce où luit la perle d’une larme ;
Sonnet, gentil sonnet plus que l’or précieux,
Je te rime avec soin, te polis avec charme,
En croyant ciseler une étoile des cieux !