Le Mirage perpétuel/LES PAYSAGES/Splendeur du renouveau que Grenade au réveil

Librairie Paul Ollendorff (p. 31-32).






Splendeur du renouveau que Grenade au réveil,
Montagne de fruits d’or et mules pomponnées,
Femmes, enfants, vieillards, baladins en tournée,
Tumulte éblouissant d’azur et de soleil !

Le soir, la ville est jeune, amoureuse et cambrée,
De bleuâtres lueurs nuancent l’horizon
Et le vent rafraîchi par la neige des monts
Se joue en les cheveux des femmes enivrées.


Volupté d’Orient et orgueil espagnol,
Ô Cité tant de fois détruite et profanée
Sous tes beaux orangers et tes pins parasols
Que d’exaltations âpres tu m’as données !

Je vivais en tes murs comme si j’étais roi,
Et voici qu’au moment où ma barque s’incline,
Ainsi que Boabdil debout sur la colline

J’ai les yeux pleins de pleurs en me tournant vers toi.