Le Mirage perpétuel/LES PAYSAGES/Fontarabie

Librairie Paul Ollendorff (p. 11-12).


FONTARABIE



Les jours de grand soleil, sur la grève splendide,
Marcher droit devant soi et les bras étendus,
Aspirer à longs traits les parfums répandus
Et plonger ses pieds nus dans le sable torride,

Se sentir dans la bouche une saveur acide
Où le goût de la mer et du vent s’est fondu,
Courir devant la vague, ivre, et comme éperdu
De ne pouvoir dompter tout l’élément liquide,


Saisir entre ses mains les algues, les roseaux,
Crier, jusqu’à couvrir le hurlement des flots,
Croire que les bateaux au large vous répondent,

Rencontrer une fille ardente, au corps nerveux,
Et tous deux renversés, écumant tous les deux,
Communier en elle avec l’âme du monde !