Le Messager Évangélique/1866/Remonter le courant


Recordon (Volume 7 (pdf)p. 272-273).

Remonter le courant.

Impossible de rester stationnaire, comme chrétien, parce que nous remontons le courant de ce monde, et du moment que nous nous arrêtons, le courant nous entraîne nécessairement en arrière. Il n’y a pas besoin de ramer pour suivre le courant, cela va tout seul, et à grande vitesse ; mais un gouffre est au bout. Or, pour remonter le courant, il faut continuellement ramer ; mais en regardant en haut, cela va aussi tout seul. — Je me représente la chose de cette manière : Le Seigneur Jésus est arrivé au haut du courant, et il lire la nacelle par une corde qui n’est visible que pour la foi (comp. Hébreux VI, 11-20, et XII, 1-3, etc) — Le Saint Esprit est avec nous dans la nacelle, qui tient le gouvernail et nous entretient, par la Parole, de la glorieuse personne de Jésus, des joies et des gloires que nous allons trouver au bout du voyage. (Voyez XIV, 15-20, 25, 26 ; XVI, 12-15, et 1 Jean II, 20, 27.)

Eh bien, tant que nous avons les yeux fixés sur Jésus, nous voyons la corde tendue pour nous tirer, et nos oreilles sont ouvertes aux précieuses choses que nous dit notre pilote ; ainsi soutenus par ces deux moyens, nos bras manient les rames sans s’en apercevoir ; elles nous paraissent légères comme des plumes ; le chemin est court, le cœur est joyeux, tout est bien. — Au lieu que, du moment que nous regardons à droite ou à gauche de la nacelle pour voir la grosseur des vagues et la force du courant, nous perdons de vue la corde et Celui qui la tire, et le bruit de l’eau nous empêche (étant ainsi penchés en bas) d’entendre les paroles du pilote, et cela le contriste ; nos bras laissent tomber les rames, nos regards, ayant changé de direction, rencontrent les nacelles qui vont avec le courant, remplies de gens bien vêtus et bien joyeux, qui nous crient : « Venez avec nous, on s’amuse beaucoup ici ! » Hélas ! nous serions souvent tentés de sauter dans une de ces nacelles, si le pilote ne venait nous saisir pour nous faire relever la tête, et rouvrir nos oreilles aux précieux enseignements sur la personne et les choses que nous allons rencontrer dans peu, car le terme est là.

Courage donc, chrétiens, ranimons notre course,
Le terme est près de nous : c’est la porte des cieux,
Notre âme en y tendant remonte vers la source
D’où descendit sur nous le salut glorieux.

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