Le Messager Évangélique/1862/Thèse : Le mot religion


Collectif
P. Recordon (Volume 3 (pdf)p. 19-20).

Thèse.

Je me suis souvent demandé si l’Église aurait perdu quelque chose à ne pas connaître le mot de religion et ses dérivés. Ce mot vient des auteurs latins, de Cicéron, entr’autres, où il a souvent le sens de superstition. Nous croyons pouvoir dire qu’il n’a aucun terme correspondant dans la Parole de Dieu, que ni le mot ni la chose ne s’y trouvent. Vous ne le rencontrerez pas une seule fois dans tout l’Ancien Testament, et dans le Nouveau, quelques versions l’ont admis, mal à propos à mon avis, dans Jacq. I, 26, 27, pour traduire un mot grec, qui, dans Actes XXVI, 5 et Coloss. II, 18, est rendu beaucoup plus exactement par culte. Cela vient, je crois, de la difficulté d’exprimer en français l’adjectif dérivé du mot grec, qui n’est employé qu’une seule fois en Jacq. I, 26 ; on a cru devoir dire religieux, tandis que culte manque d’un adjectif dérivé. — Quel avantage, selon moi, c’eût été et ce serait pour les chrétiens de rejeter ce mot d’origine païenne, et de dire tout simplement, avec la Parole : la vérité de Dieu, la doctrine de Christ, l’Évangile, les paroles de cette vie etc. Que de confusions on aurait évitées et l’on éviterait ; comme le christianisme serait clairement distingué de tout ce qui n’est pas lui — quelle évidence, quelle force de plus dans le langage et dans l’esprit ! Qu’on appelle religion, si l’on veut, tous les systèmes en dehors de la vérité, mais qu’on ne donne plus ce nom au système évangélique. Le seul mot, à mon jugement, qui pourrait être traduit par religieux (selon le sens cicéronien) dans le Nouveau Testament, se trouve dans Actes XVII, 22, où Martin l’a traduit par « trop dévots, » il signifie en effet : « qui a peur des dieux, qui les honore par crainte » et aussi : « superstitieux. »

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