Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/3-LLDA-Ch45
Ernest Leroux, éditeur, (2, p. 429-431).
1532. Janamejaya dit : Ô prêtre, apprends-moi ce que fit encore le guerrier aux grands bras, Youdhishthira fils de Dharma, quand il eut obtenu la royauté.
1533. Tu dois, ô rishi, me raconter aussi ce que fit l’adorable héros, Hrishikeça, le gourou suprême des trois mondes. »
1534. Vaiçampâyana dit : Ô Indra des rois, écoute le récit véritable de ce que firent les Pàndouides, qui avaient mis le Vasoudevide à leur tête.
1535. Ô grand roi, quand Youdhishthira fils de Kountî, eut pris possession de. la royauté, il affermit chacune des quatre castes dans la situation qui lui convenait.
1536. Le fils de Pândou fit donner à mille magnanimes brahmanes snâtakas, (ayant pratiqué leurs ablutions régulières et devenus maîtres de maison), un millier de nishkasâ chacun.
1537. Il satisfit, (en leur donnant] ce qu’ils désiraient, ceux qui dépendaient de lui, les serviteurs, les protégés et les hôtes, ainsi que les pauvres et les malheureux.
1538. Il donna au chapelain Dhaumya des vaches, par dizaines de mille, des richesses, de l’or, de l’argent, ainsi que des vêtements de diverses sortes.
1539. Ô grand roi, ce prince ferme dans ses vœux, se conduisit envers Kripa comme envers un gourou, et rendit des honneurs à Vidoura.
1540. Le plus généreux des donateurs, il satisfit tous les protégés au moyen de vivres, d’aliments et de boissons, au moyen de vêtements de différentes sortes, de lits et de sièges.
1541. Ô le plus grand des monarques, ce très glorieux roi rendit des honneurs au Dhritarâshtride Youyoutsou.
1542. Ayant partagé le pouvoir royal avec Dhritarâshtra, Gândhâri et Vidoura, le roi Youdhishthira vécut content, à la manière d’un homme heureux.
1543. S’étant concilié (tous les habitants de) la ville, ô taureau des Bharatides, il s’approcha, en faisant l’añjali, du magnanime Vasoudevide.
1544. Il vit alors, entouré d’un éclat pareil à celui d’un nuage bleu sombre, assis sur un grand lit de camp orné de joyaux, Krishna
1545. Au corps brillant, paré de divins ornements, portant une robe de soie jaune, semblable à un joyau enchâssé dans l’or,
1546. Resplendissant, grâce au joyau Kaushtoubha qu’il portait sur la poitrine, pareil à la montagne Oudaya où le soleil se lève, qu’éclaire cet astre.
1547. Jamais spectacle semblable ne s’était vu dans les trois mondes. S’étant approché du magnanime Vishnou, (incarné) sous une forme humaine, ce
1548. Roi, ayant souri d’abord, lui adressa ces douces paroles : « As-tu bien passé la nuit, ô le plus grand des sages.
1549. Ô Acyouta, le plus sage des hommes, toutes tes idées sont-elles éclaircies (par le repos) ; la divine sagesse est-elle venue (te visiter) ?
1550. Grâce à ta faveur, ô adorable, toi dont les pas (parcourent) les trois mondes, nous avons obtenu la royauté, et la terre est soumise à notre pouvoir,
1551, 1552. Nous avons remporté la victoire et acquis une gloire suprême, sans nous écarter du devoir. » Mais l’adorable (Krishna) ne répondit rien au dompteur de l’ennemi, Dharmarâja, qui lui tenait ce langage. Il était plongé dans la méditation.