Le Livre pour toi/J’ai peigné mes cheveux emmêlés



XVI


J’ai peigné mes cheveux emmêlés par la fièvre de tes mains impatientes, lentement les dents d’ivoire les ont dénoués fil à fil.

Et mes bras levés retombaient de fatigue, et la folie de la nuit s’étirait avec la soie mince et rebelle qui se crispait.

Maintenant, je ne puis ni les tordre ni les ramener, ils gardent un pli lascif qui se cambre violemment, ils se creusent en vagues rétives et profondes comme les eaux sauvages et, saturés de ton délire, ils le veulent encore.

Reviens, défais tout mon ouvrage, je te les abandonne.

Et demain, avec de longs baisers, c’est toi qui lisseras tendrement leurs boucles brunes sur tes doigts bruns.