Le Livre des petits enfans/Le petit mendiant

Éditions Charpentier, Dumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 115-117).


Le petit mendiant.


Un petit pauvre suivait avec obstination un vieillard dans sa promenade, et criait : — Monsieur ! ce n’est pas pour moi, monsieur ! c’est pour ma pauvre mère. Ah ! ma pauvre mère ! si j’avais de quoi lui acheter un pain ! Le vieillard, ému de cette vive prière pour une mère, et de cette voix d’enfant qui a toujours une grande puissance sur l’homme, s’arrêta, parcourut des yeux la figure rose, et (il faut le dire) un peu effrontée du jeune mendiant, qui plongeait avec des yeux avides et brillans jusqu’au fond de la bourse, près à s’ouvrir pour lui.

— Tu l’aimes donc bien ta mère ?

— Oui, monsieur ! dit l’enfant, en jetant les yeux çà et là d’un air distrait et insouciant.

— Où est-elle ?

— Elle est morte, monsieur, répondit le menteur, qui n’avait pas prévu la question.

— Elle n’a donc pas besoin de pain ! dit le vieillard en refermant sa bourse, et laissant rouge et honteux l’imposteur, à qui la vérité simple eût été bien plus profitable !

Le mensonge est odieux. Il est toujours nuisible, même à celui qui s’abaisse par lui.