Le Livre des mille nuits et une nuit/Tome 15/Histoire du septième capitaine


HISTOIRE RACONTÉE PAR LE SEPTIÈME
CAPITAINE DE POLICE


Un jour d’entre les jours, dans la localité où je me trouvais, un voleur d’entre les Arabes vint pendant la nuit à la maison d’un fermier, pour voler un sac de blé. Mais les gens de la ferme entendirent du bruit, et m’appelèrent à grands cris, en disant : « Au voleur ! » Mais notre homme réussit à se cacher si bien que, malgré toutes nos recherches, nous ne pûmes arrivera le découvrir. Et, comme je reprenais le chemin de la porte pour m’en aller, je passai à côté d’un gros tas de blé qui était dans la cour. Et sur le sommet de ce tas de blé, il y avait un bassin de cuivre qui servait de mesure. Et soudain j’entendis un pet épouvantable qui se produisait dans le tas de blé. Et je vis, au même moment, le bassin de cuivre projeté en l’air à cinq pieds de hauteur. Alors moi, malgré ma stupéfaction, je fouillai vivement le tas de blé, et j’y découvris l’Arabe, qui était caché là-dedans, le derrière tourné en haut. Et, l’ayant attrapé et ligoté, je l’interrogeai sur l’étrange bruit qui m’avait décelé sa présence. Et il me répondit : « C’est voulu de ma part, ô mon seigneur ! » Et je lui répondis : « Qu’Allah te maudisse ! Et éloigné soit le Malin ! Pourquoi péter ainsi contre ton intérêt ? » Et il me répondit : « C’est vrai, ya sidi, j’ai agi contre mon intérêt, c’est évident. Mais c’est précisément dans ton intérêt que je l’ai fait. » Et je lui demandai : « Comment ça, ô fils de chien ; et depuis quand un pet, fût-il de cette qualité-là, a-t-il servi à l’intérêt de quelqu’un sur la terre ? » Et il répondit : « Ne m’injurie pas, ô capitaine ! Moi je n’ai pété que pour t’épargner la peine de recherches plus longues, et la fatigue de courir inutilement la ville et les champs à mes trousses. Je te prie donc de me rendre le bien pour le bien, puisque tu es un fils de gens de bien ! »

Alors moi, ô mon seigneur le sultan, je ne pus résister à un tel argument. Et je le relâchai généreusement.

Et telle est mon histoire ! »

— Et, ayant entendu ce récit du capitaine Fakhr Al-Dîn, le sultan Baïbars lui dit : Hé ouallah ! ton indulgence était bien placée ! » Puis, comme Fakhr Al-Dîn était déjà rentré à sa place, un huitième s’avança, qui s’appelait Nizam Al-Dîn. Et il dit : « Moi, ce que je vais raconter n’a rien à voir, de près ou de loin, avec ce que tu viens d’entendre, ô notre maître le sultan ! » Et Baïbars lui demanda : « Est-ce une chose vue ou une chose entendue ? » Il dit : « Non, par Allah, ô mon seigneur, c’est une chose que j’ai seulement entendue. La voici ! »

Et il dit :