Le Livre des Esprits/Prolégomènes

Didier (p. xli-xliii).

PROLÉGOMÈNES.



Des phénomènes qui sortent des lois de la science vulgaire se manifestent de toutes parts, et révèlent dans leur cause l’action d’une volonté libre et intelligente.

La raison dit qu’un effet intelligent doit avoir pour cause une puissance intelligente, et des faits ont prouvé que cette puissance peut entrer en communication avec les hommes par des signes matériels.

Cette puissance, interrogée sur sa nature, a déclaré appartenir au monde des êtres spirituels qui ont dépouillé l’enveloppe corporelle de l’homme. C’est ainsi que fut révélée la doctrine des Esprits.

Les communications entre le monde spirite et le monde corporel sont dans la nature des choses, et ne constituent aucun fait surnaturel, c’est pourquoi on en trouve la trace chez tous les peuples et à toutes les époques ; aujourd’hui elles sont générales et patentes pour tout le monde.

Les Esprits annoncent que les temps marqués par la Providence pour une manifestation universelle sont arrivés, et qu’étant les ministres de Dieu et les agents de sa volonté, leur mission est d’instruire et d’éclairer les hommes en ouvrant une nouvelle ère pour la régénération de l’humanité.

Ce livre est le recueil de leurs enseignements ; il a été écrit par l’ordre et sous la dictée d’Esprits supérieurs pour établir les fondements d’une philosophie rationnelle, dégagée des préjugés de l’esprit de système ; il ne renferme rien qui ne soit l’expression de leur pensée et qui n’ait subi leur contrôle. L’ordre et la distribution méthodique des matières, ainsi que les remarques et la forme de quelques parties de la rédaction, sont seuls l’œuvre de celui qui a reçu mission de le publier.

Dans le nombre des Esprits qui ont concouru à l’accomplissement de cette œuvre, plusieurs ont vécu à diverses époques sur la terre où ils ont prêché et pratiqué la vertu et la sagesse ; d’autres n’appartiennent, par leur nom, à aucun personnage dont l’histoire ait gardé le souvenir, mais leur élévation est attestée par la pureté de leur doctrine, et leur union avec ceux qui portent des noms vénérés.

Voici les termes dans lesquels ils ont donné par écrit, et par l’intermédiaire de plusieurs médiums, la mission d’écrire ce livre :

« Occupe-toi avec zèle et persévérance du travail que tu as entrepris avec notre concours, car ce travail est le nôtre. Nous y avons posé les bases du nouvel édifice qui s’élève et doit un jour réunir tous les hommes dans un même sentiment d’amour et de charité ; mais avant de le répandre, nous le reverrons ensemble, afin d’en contrôler tous les détails.

Nous serons avec toi toutes les fois que tu le demanderas et pour t’aider dans tes autres travaux, car ce n’est là qu’une partie de la mission qui t’est confiée, et qui t’a déjà été révélée par l’un de nous.

Dans le nombre des enseignements qui te sont donnés, il en est que tu dois garder pour toi seul jusqu’à nouvel ordre ; nous t’indiquerons quand le moment de les publier sera venu : en attendant, médite-les, afin d’être prêt quand nous te le dirons.

Tu mettras en tête du livre le cep de vigne que nous t’avons dessiné[1], parce qu’il est l’emblème du travail du Créateur ; tous les principes matériels qui peuvent le mieux représenter le corps et l’esprit s’y trouvent réunis : le corps c’est le cep ; l’esprit c’est la liqueur ; l’âme, ou l’esprit uni à la matière, c’est le grain. L’homme quintessencie l’esprit par le travail, et tu sais que ce n’est que par le travail du corps que l’esprit acquiert des connaissances.

Ne te laisse pas décourager par la critique. Tu trouveras des contradicteurs acharnés, surtout parmi les gens intéressés aux abus. Tu en trouveras même parmi les Esprits, car ceux qui ne sont pas complétement dématérialisés cherchent souvent à semer le doute par malice ou par ignorance ; mais va toujours ; crois en Dieu, et marche avec confiance : nous serons là pour te soutenir, et le temps est proche où la vérité éclatera de toutes parts.

La vanité de certains hommes qui croient tout savoir et veulent tout expliquer à leur manière fera naître des opinions dissidentes ; mais tous ceux qui auront en vue le grand principe de Jésus se confondront dans le même sentiment de l’amour du bien, et s’uniront par un lien fraternel qui embrassera le monde entier ; ils laisseront de côté les misérables disputes de mots pour ne s’occuper que des choses essentielles, et la doctrine sera toujours la même, quant au fond, pour tous ceux qui recevront les communications des Esprits supérieurs.

C’est avec la persévérance que tu parviendras à recueillir le fruit de tes travaux. Le plaisir que tu éprouveras en voyant la doctrine se propager et bien comprise te sera une récompense dont tu connaîtras toute la valeur, peut-être plus dans l’avenir que dans le présent. Ne t’inquiète donc pas des ronces et des pierres que des incrédules ou des méchants sèmeront sur ta route ; conserve la confiance : avec la confiance tu parviendras au but, et tu mériteras d’être toujours aidé.

Souviens-toi que les Bons Esprits n’assistent que ceux qui servent Dieu avec humilité et désintéressement, et qu’ils répudient quiconque cherche dans la voie du ciel un marchepied pour les choses de la terre ; ils se retirent de l’orgueilleux et de l’ambitieux. L’orgueil et l’ambition seront toujours une barrière entre l’homme et Dieu ; c’est un voile jeté sur les célestes clartés, et Dieu ne peut se servir de l’aveugle pour faire comprendre la lumière. »


SAINT JEAN L’ÉVANGÉLISTE, SAINT AUGUSTIN, SAINT VINCENT DE PAUL, SAINT LOUIS, L’ESPRIT DE VÉRITÉ, SOCRATE, PLATON, FÉNELON, FRANKLIN, SWEDENBORG, ETC., ETC.

  1. Le cep ci-dessus est le fac-similé de celui qui a été dessiné par les Esprits.