Le Livre de désir : histoire cruelle/00/01
AU LECTEUR
Un enfant, mon camarade, m’a remis ce manuscrit. Pauvre grimoire sans habileté, trop rapide et trop franc !
… À le lire, j’ai retrouvé nos angoisses… Ensemble nous nous sommes débattus à l’abord de la vie. J’ai profité de ses expériences. Lui, peut-être a-t-il succombé.
On nous a tant répété combien nous sommes faibles !… Mon malheureux ami souffrait au milieu de l’inconnu ; et s’égarait, à force d’exaltation cérébrale, sur l’éternel besoin d’aimer. Quand il eût voulu tout détenir, il ne se croyait capable que d’un peu d’ordre. Il en attendait une illusoire sûreté…
Mais le Désir irrite notre corps, le Rêve passionne notre esprit. Mon camarade sait aujourd’hui qu’ils dévastent l’amour même, l’humble, le tendre amour.
Depuis l’enfance, il aimait le soleil : il erre par je ne sais quel vague Orient… Ne cherchez pas un tel nomade ; ni sa famille, ni son nom.