Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Tisseur, tisseuse

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 333).
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TISSEUR, EUSE, s. — Canut, use. Ce mot n’est pas français ; il n’a pas été admis par l’Académie. Il n’est pas lyonnais non plus, car on le chercherait vainement dans toutes les pièces relatives à la fabrique, si ce n’est depuis un certain nombre d’années relativement peu considérable. Les anciens documents ne parlent jamais que des ouvriers en soye. On ne rencontre même le mot de tisseur dans aucune pièce touchant l’insurrection de novembre 1831, qui fut cependant l’œuvre des canuts. — Au rebours, aujourd’hui, le nom d’ouvrier en soie est proscrit et l’on n’emploie que celui de tisseur. Je suppose qu’il a été introduit pour flatter l’amour-propre des canuts, qui ne sont ainsi plus qualifiés d’ouvriers. Le mot a existé au moyen âge, mais très exceptionnellement (on disait tissier). Littré ne donne qu’un seul exemple. Les dictionnaires ne le contiennent même pas (pas même Barré, 1842, ni Bescherelle, 1861), sauf Trévoux qui le donne au Supplément pour tisserand en étoffes de laine. Je ne sais qui le premier l’a revivifié en déviant le sens.