Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Limaces
LIMACES. — Parmi les remèdes populaires en vogue dans mon jeune temps, il faut compter l’avalement des limaces toutes vives. C’était considéré comme infaillible pour les pulmoniques. Bossan, qui joignait à un immense talent un grand faible pour le merveilleux, avait dans sa jeunesse une santé délicate, pour laquelle il consultait souvent une femme de la rue Saint-Jean, que magnétisait un nommé Poulard. Elle lui avait ordonné d’avaler force limaces. Mais tandis que le peuple croyait simplement à une action adoucissante du remède, Bossan m’expliquait que l’efficace consistait surtout dans l’action magnétique exercée par un être descendu vivant dans l’estomac, et dont on s’assimilait la vie. Donc nous allions le matin, dans la rosée, nous promener aux Étroits avec une bonbonnière de sucre pilé dans la poche, et malheur aux énormes limaces que l’on rencontrait ! On les saupoudrait, et kiouf ! — J’avoue que, si fortement qu’on m’ait conseillé le remède, je n’ai jamais eu le courage de le tenter. Je préférais tousser.
Limace, Personne lente et molle. Arrives-tu, limace ?… C’te limace de Pétrus qu’a pas encore rendu !