Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Déponteler
DÉPONTELER, v. a. — Enlever les ponteaux qui retiennent le variement du métier (voy. ponteau).
Se dépondre le gigier, l’estôme. Ceux qui connaissent l’anatomie savent que l’estôme est appondu au brichet. Mais tout le monde ne sait pas que, comme il gasserait manquablement dansle coffre, il est retenu des deux côtés par des ponteaux. Des fois un ponteau se lâche. C’est des fois d’une forçure, plus souvent de misère. Ça arrive surtout aux enfants de quatorze à quinze ans, qui sont ch’tis. Alors ils maigrissent, n’ont plus d’appétit, prennent les lèvres pâles, et souvent finissent par délinguer. Malheureusement les majors n’y connaissent rien. Mais M. Chrétien avait de remèdes et de bons remèdes. Je crois vous rendre service en vous indiquant le remède pour le gigier dépontelé. Vous faites frire à la poêle un bon morceau de lard et vous versez la graisse toute chaude dans une bouteille de bon vin vieux. Tous les matins, vous en faites boire deux grands verres au malade, après avoir bien gassé la bouteille. Il ronfle du nez là-dessus pendant trois heures à poings fermés, et quand il se réveille, la tête lui tourne un peu. Mais ça ne fait rien. — Avec ça, bien entendu, le remède que nous portons tous avec nous (ça, c’est pour toutes les maladies). Puis vous lui frottez tous les jours le brichet avec de la graisse de chrétien (malheureusement on ne peut plus s’en procurer). Après deux mois de ce régime, c’est bien rare si votre gone ne reprend pas de couleurs. C’est signe que le ponteau lâché commence à se recaler.
Au fig. J’ai l’estomac tout dépontelé, J’ai une faim dévorante.