Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bugne

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 65).
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BUGNE, s. f. — 1. Sorte de pâtisserie en forme de couronne, frite dans l’huile.

Bugne à l’éperon, Sorte de beignet de pâte craquante, saupoudré de sucre. L’épithète à l’éperon vient de ce que, pour découper la pâte, aplatie en feuille sur la planche à pâtés, les cuisinières se servent d’un instrument assez semblable à l’éperon du cavalier.

Bugne à la rose, Autre sorte de beignet sucré en pâte très légère et parfumée comme son nom l’indique. On la criait par les rues sur la mélopée suivante :

[partition à transcrire]

Bugne entre deux talons. Fi ! l’horreur !…

Notre bugne est le même que le vieux franc. beigne, bugne, bigne, beugne, sortes de crêpes roulées et frites comme nos bugnes.

2. Au fig. Benêt, caquenano. S’emploie surtout avec le mot grande. Va-t’en donc, grande bugne ! disait un jour un de mes camarades à un ami. Celui-ci, d’humeur un peu susceptible, de se récrier. Mais, reprend le premier, c’est pas pour te fâcher ! Je t’ai dit grande bugne comme je aurais dit grande bête ! — Oh, alors !… J’ignore d’ailleurs pourquoi une bugne est plus bête qu’autre chose.

Droit comme une bugne.Celui-là, quand i mourra, il ira au ciel droit comme une bugne ! Manière de gognandise, parce que la bugne est ronde.

3. Chapeau monté, chapeau à haute forme. Ge mot est employé à Neuchâtel, qui ne connait pas bugne, pâtisserie. J’en conclus que notre mot n’est pas un figuré de bugne 1 (ce qui d’ailleurs n’aurait point de sens), mais qu’il a une origine différente, se référant peut-être à la fabrication de la chapellerie.

L’espagnol a bugnelo ; en grec, bougnos. (M. D.)