Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bouliguer

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 56).

BOULIGUER, v. a. — Remuer, secouer, agiter. J’étais en villégiature en Dauphiné, maison hospitalière, nommée la Belinas. Avec nous, une jeune et jolie dame, sa fille Suzon, neuf ans, qui couchait dans un cabinet, jouxte la chambre de sa mère. Mari à Lyon, à son commerce comme bien s’accorde. Il arrive un samedi soir, toujours comme bien s’accorde. La jeune femme demande une chambre pour son mari : nez de bois. Le dimanche, au fin beau milieu du déjeûner, voilà Suzon qui se met à dire : Je ne sais pas ce que papa et maman ont tant bouligué cette nuit ! Quoi là d’extraordinaire ? Mais il y a des gens qui s’étonnent de tout. Une flamme passe sur le visage de la jeune femme ; elle se lève et prend la porte… Tout le monde se regarde ébahi… Le petit Jacques, le cadet de sa sœur de près de dix ans, était naguère cuirassier. Ceux qui ont été témoins de cette véridique histoire ne l’appellent entre eux que Jacques de Belinas. Suzon est une charmante mère de famille. — De Bullicare, fréquentatif de bullire. Le mot est d’origine provençale.

S’emploie au fig. pour émotionner : Te manges pas, Marvina ? — Je suis toute bouliguée, par rapport à ce pauve vieu que j’ai vu marpailler par le tramevet de Neuville.