Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bouilli

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 55).
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BOUILLI, s. m. — Quiconque a reçu des leçons de bon genre sait assez que l’on ne doit jamais dire : Voulez-vous du bouilli ? mais : Voulez-vous du bœuf ? — Sottise ! Savez-vous si ce n’est pas de la vache ? Puis l’Acad. dit proprement : « Bouilli, viande cuite dans un pot, dans une marmite. » Et Mme de Sévigné écrit : « Nous avons mangé du potage et du bouilli tout chauds. » Allez, grammairiens, et tâchez d’écrire comme elle.

Je connaissais un excellent homme que des imbéciles, dans un repas d’amis, firent boire avec excès pour l’emmener ensuite comme Saint-Preux, chez ce que, par un délicat euphémisme, Rousseau, dans la table de la Nouvelle Héloïse, appelle « des femmes du monde ». Le bonhomme, dégrisé et rentrant à la maison, disait mélancoliquement à ses amis : « Ah ! rien ne vaut encore le bouilli de la bourgeoise ! »