Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bouchon

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 54).
◄  Boucher

BOUCHON, s. m. — 1. Branches de pin, formant autant que possible la boule, et qu’on suspend, en guise d’enseigne à la porte des cabarets. Dans l’antiquité, le pin était consacré à Bacchus. Il n’est pas téméraire de penser que le bouchon rappelle cette tradition. — Dimin. de bousche, en vieux franç. faisceau de branchages.

2. Le cabaret lui-même. — Métonymie : de la chose pour le signe de la chose.

3. Terme de canuserie. Petite agglomération de bourre qui se fait parfois aux fils de la chaîne par suite de l’écorchement de la soie.

4. Terme de tendresse. Mon cœur, mon petit bouchon. — Est-ce bouchon de cabaret pris au fig. ? Le bouchon de cabaret est pour beaucoup une vue si aimable.

Bouchon de latrines. Se dit, au fig., d’une très petite femme. Il est bon de s’abstenir de cette métaphore devant les dames.

À bouchon, loc. adv. Tomber à bouchon, S’aboucher. Se coucher à bouchon, Se coucher sur le ventre. « Ce mot est encore en usage (je le crois bien !), dit Armand Fraisse, témoin ce refrain suave que nous avons entendu, il y a quelque jours, à la Guillotière, chanté à tue-tête par une petite fille rose et blonde :

Fouilleuse,

Rogneuse,
Marchande d’oignons,
Qui vire,
Qui tourne,

Qui tombe à bouchon. »

De bouchon (v. aboucher).