Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Beurre

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 45).
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BEURRE. — Beurre de pojaud. Beurre très rance, très mauvais. Ce beurre a le goût de pojaud.

Crasse de beurre, Résidu noirâtre et fortement salé qui reste au fond de la marmite où l’on a fait fondre le beurre. On en fait des rôties délicieuses.

Donner du beurre. Expression du jeu de la glissière. C’est, en glissant, pousser ceux qui sont devant, au hasard de les faire tomber. Dans la vie, en politique, en industrie, en art même, toute la question est de donner beaucoup de beurre à ceux qui sont devant. Il y en a pourtant qui préfèrent ni donner du beurre, ni en recevoir. Ce serait mon cas.

Vraisemblablement de ce qu’on met du beurre aux canules pour les faire mieux glisser.

Mettre du beurre dans la soupe avec un fusil. Il ne s’agit pas d’un Lefaucheux. C’est, au propre, piquer dans la mollette de beurre cette lame d’acier, ronde et effilée, qui sert à aiguiser les couteaux, puis tremper le fusil dans le bouillon pour graisser la soupe. Métaphoriquement, c’est ne pas jeter les épaules de mouton par la fenêtre. On dit aussi mettre du beurre avec une alène. Mais ceux qui le font sont des avares ; l’alène étant beaucoup plus mince que le fusil, il y a tout à fait trop peu de beurre.

Avoir des mains de beurre. Se dit de ceux qui laissent échapper ce qu’ils tiennent, les mains graissées de beurre étant glissantes.

Beurre des oreilles, Cérumen.