Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bessard (rue du)

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 44).

BESSARD (RUE DU). — C’était le nom d’une rue qui occupait à peu près l’emplacement de la rue Constantine actuelle, de la rue Lanterne à la Pêcherie : longiôle étroite, tordue, infecte, toute emboconnante de l’odeur des cuirs frais provenant de la boucherie voisine, que l’on voyait suspendus à tous les étages qui servaient ainsi de séchoirs, tandis que sur le pas de la porte de chaque rez-de-chaussée se tenaient d’horribles filles de joie, généralement en train de tricoter.

L’ancien nom était Bessal. — 1472 : « Payé à Guérin Triccaud, sergent royal, pour avoir ajourné ceux du Bessal, qui avaient fait leurs chambres aisées encontre la muraille de la ville, pour les faire ôter et ordonner qu’ils n’y soient plus. » La rue, en effet, devait suivre l’ancienne muraille. Quant aux « chambres aisées » c’est un euphémisme heureux qui se comprend de reste. De baisser, plus suff. al (lat. ale), devenu ar, comme dans canal devenu canar en patois. Le d final est une addition analogique.