Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Badinage

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 26).
◄  Bade
Badiner  ►

BADINAGE, s. m. — Quel mot charmant, n’est-ce pas, quand nous étions petits gones ? Rien que le son en était une musique, car pour nous, de Lyon, un badinage c’est un jouet. Des soldats d’étain, à l’habit bleu de ciel, bien astiqué, que l’on range sur la table, et sur lesquels on tire des boulets en moelle de sureau au moyen de canons qui ont un ressort dans la culasse : badinage. D’autres soldats, en bois vernissé, un peu gluants, que l’on pique sur un treillis de minces lamelles en losanges articulés, et que l’on fait mettre tantôt en bataille, tantôt en ordre profond, tantôt défiler deux à deux, suivant que l’on serre ou que l’on élargit les branches du premier losange : badinage. Un âne blanc, taché de noir, avec des paniers, qui siffle de la queue (jouet classique) : badinage. Un chien sur un piédestal qui fait ouah ! ouah ! quand on appuie sur la pédale : badinage. Jusqu’à ces fantaisies stercorales, imitations en carton, admirables dans l’ignoble, que l’on vendait au passage Coudert, et qui faisaient rire nos pères, dont rien ne choquait la délicatesse. Dans les maisons amies de la gaité, on en mettait à table sous les serviettes, à la campagne spécialement.