Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Arrêté

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 20).
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ARRÊTÉ, adj. des 2 g. — Mon camarade Ricot n’eut jamais de chance. Il n’avait pas plutôt remonté sa montre qu’elle était « arrête » ; voulait-il manger une pomme, elle était « gâte » ; voulait-il aller à la campagne, il était sûr de recevoir une avale d’eau et de rentrer tout « trempe » : portait-il seulement trois ans un pantalon, il était « use » ; se trouvait-il deux minutes à un courant d’air, encore bien qu’il eût deux onces de coton dans les oreilles, il avait tout de suite la gaugne « enfle » ; mangeait-il seulement deux livres de flageôles, il était « gonfle », et s’il y ajoutait une livre de double, il était « tube ».

Remarquez que les sept attributs en question ont cela de particulier qu’ils sont des adjectifs et non des participes, c’est-à-dire qu’ils expriment un état, une qualité, et non une action. On dit : « cette pomme est gâte, » mais « cette pièce est gâtée », pour dire qu’elle a été gâtée par le canut. Dans le premier cas, la pomme a une qualité, dans le second la pièce a subi une action.

La formation d’adjectifs sur le radical des verbes est un vieux procédé de la langue française. Comp. asseür, sûr, d’asseürer.