Le Legs de Caïn/L’Errant

Le Legs de Caïn
Le Legs de CaïnLibrairie Hachette et Cie (p. v-xvi).


PROLOGUE.

L’ERRANT


Nos fusils sur l’épaule, nous marchions avec précaution, le vieux garde et moi, dans la forêt vierge qui étale ses masses noires et compactes au pied des Karpathes. Les ombres du soir assombrissaient encore cet océan sans rivages de pins drus et serrés ; aucun bruit ne troublait le silence, aucune voix d’être vivant, aucun frémissement dans les arbres, pas d’autre lumière que de temps en temps un lambeau de la résille d’or mat que le soleil couchant jetait encore sur la mousse et les herbes. Parfois le ciel d’un bleu pâle, sans nuages, apparaissait entre les cimes immobiles des vieux pins. Un lourd parfum de pourriture végétale était suspendu dans les branches entrelacées. Sous nos pas, rien ne craquait, on enfonçait comme dans un tapis. De fois à autre on rencontrait un de ces blocs erratiques, frustes et moussus, qui sont semés sur les pentes des Karpathes, dans les forêts et jusque dans la plaine couverte de moissons dorées, témoins silencieux d’une époque oubliée où les flots d’une mer battaient les flancs déchiquetés de nos montagnes. Ce fut comme un écho lointain de ces jours monotones de la création, quand soudain il se leva un vent très fort qui vint en mugissant rouler ses vagues invisibles entre les lourdes cimes, faisant frissonner les aiguilles des pins et ployer les hautes herbes qui s’inclinaient sur son passage.

Le vieux garde s’arrêta, ramena ses cheveux blancs que la bise avait ébouriffés, et se mit à sourire. Au-dessus de nous, dans l’éther bleu, se montrait un aigle. Le garde s’abrita les yeux d’une main et regarda l’oiseau en fronçant ses épais sourcils, puis d’une voix dolente : — Voulez-vous tirer ? dit-il.

— À cette distance ? Merci !

— La tempête le rabat vers nous, murmura le vieux forestier, qui restait immobile.

Il ne se trompait pas, le point noir ailé grossissait de seconde en seconde, déjà je voyais briller le plumage. Nous gagnâmes une clairière entourée de pins sombres, parmi lesquels se détachaient comme des squelettes quelques rares bouleaux blancs.

L’aigle tournoyait sur nos têtes.

— Eh bien, monsieur, c’est le moment de tirer.

— À toi, mon brave.

Le garde ferma les yeux, clignota un moment, souleva son vieux fusil rouillé et l’arma.

— Faut-il décidément ?…

— Sans doute, moi je serais sûr de le manquer.

— À la grâce de Dieu !

Il épaula d’un air délibéré, un éclair jaillit, la forêt répercuta sourdement la détonation. L’aigle battit des ailes, un instant il parut encore soulevé par l’air, puis il tomba lourdement comme une pierre. Nous courûmes vers l’endroit où il s’était abattu.

— Caïn ! Caïn ! cria une voix qui sortait du fourré, voix d’airain, terrible comme celle du Seigneur s’adressant dans le paradis aux premiers hommes ou plus tard au maudit qui a frappé son frère.

Les branches s’écartèrent. Devant nous se tenait une apparition fantastique, surhumaine.

Un vieillard de taille gigantesque était debout dans le maquis ; autour de sa tête nue flottaient de longs cheveux blancs, une barbe blanche descendait sur sa poitrine, et sous ses épais sourcils de grands yeux sombres s’attachaient sur nous comme ceux d’un juge, d’un vengeur. Son vêtement de bure était tout déchiré et rapiécé, et il portait une gourde en bandoulière ; appuyé sur son bâton, il hochait tristement la tête. Enfin il sortit, ramassa l’aigle mort, dont le sang ruissela sur ses doigts, et le contempla en silence.

Le garde se signa. — C’est un errant ! murmura-t-il d’un ton d’effroi, un saint homme. — Sans ajouter un mot il mit la bretelle de son fusil sur l’épaule et disparut entre les arbres séculaires.

Malgré moi, mon pied prit racine et mes yeux se fixèrent sur le sinistre vieillard. J’avais entendu parler plus d’une fois de cette secte étrange, à laquelle notre peuple a voué une vénération si profonde. Je pouvais maintenant satisfaire ma curiosité.

— Te voilà bien avancé, Caïn ! dit l’errant au bout de quelques minutes en se tournant vers moi. Ta soif de meurtre est-elle assouvie par le sang de ton frère ?

— Mais l’aigle n’est-il pas un forban ? répliquai-je. Ne fait-on pas bien de le détruire ?

— Hélas ! oui, c’est un meurtrier, dit en soupirant le vieillard ; il verse le sang comme tous ceux qui vivent. Mais sommes-nous obligés d’en faire autant ? Je ne le fais pas, moi ; mais toi,… oui, oui, toi aussi, tu es de la race de Caïn, tu portes le signe…

J’étais mal à l’aise. — Et toi, lui dis-je enfin, qui es-tu donc ?

— Je suis un errant.

— Qu’est-ce, un errant ?

— Un homme qui fuit la vie…

Il déposa le cadavre de l’oiseau sur le sol et me regarda ; ses yeux avaient maintenant une expression de douceur infinie.

— Repens-toi, reprit-il d’une voix pénétrante, répudie le legs de Caïn ; cherche la vérité, apprends à renoncer, à mépriser la vie, à aimer la mort.

— Où est la vérité ? Peux-tu m’en montrer le chemin ?

— Je ne suis pas un saint, répondit-il ; je ne suis point en possession de la vérité. Mais je te dirai ce que je sais.

Il fit quelques pas vers un tronc d’arbre pourri qui était couché dans la clairière et s’y assit ; je m’installai en face de lui sur un bloc de pierre, les mains sur les genoux, prêt à l’écouter. La tête appuyée sur ses deux mains, il regarda quelque temps devant lui comme pour se recueillir.

— Moi aussi, commença-t-il enfin, je suis un fils de Caïn, petit-fils de ceux qui ont mangé de l’arbre de la vie. Pour l’expier, je suis condamné à errer, à errer jusqu’au jour où je serai libéré de la vie… Moi aussi, j’ai vécu, j’ai follement joui de l’existence. J’ai possédé tout ce que peut embrasser le désir insatiable de l’homme, et j’en ai reconnu le néant. J’ai aimé et j’ai été bafoué, foulé aux pieds quand je me livrais tout entier, adoré quand je me jouais du bonheur des autres, — adoré comme un Dieu ! J’ai vu cette âme que je croyais sœur de la mienne et ce corps que mon amour tenait pour sacré, je les ai vus vendus comme une vile marchandise. J’ai trouvé ma femme, la mère de mes enfants, dans les bras d’un étranger… J’ai été l’esclave de la femme et j’ai été son maître, et j’ai été comme le roi Salomon, qui aimait le nombre… C’est dans l’abondance que j’avais grandi, sans me douter de la misère humaine ; en une nuit s’écroula l’édifice de notre fortune, et lorsqu’il fallut enterrer mon père, il n’y avait pas de quoi payer le cercueil. Pendant des années, j’ai lutté, j’ai connu le chagrin et les noirs soucis, la faim et les nuits sans sommeil, l’angoisse mortelle, la maladie. J’ai disputé à mes frères les biens terrestres, opposant la ruse à la ruse, la violence à la violence, j’ai tué et j’ai été moi-même à deux pas de la mort, tout cela pour l’amour de cet or infernal… Et j’ai aimé l’état dont j’étais citoyen et le peuple dont je parle la langue, j’ai eu des dignités et des titres, j’ai prêté serment sous le drapeau et je suis parti pour la guerre plein de colère et d’ardeur, j’ai haï, j’ai assassiné ceux qui parlaient une autre langue, et je n’ai recueilli que honte et mépris…

… Comme les enfants de Caïn, je n’ai point ménagé la sueur de mes frères, ni hésité à payer de leur sang mes plaisirs. Puis à mon tour j’ai porté le joug et me suis courbé sous le fouet, j’ai peiné pour les autres, travaillé sans repos et sans trêve pour grossir mon gain. Heureux ou misérable, riche ou pauvre, je ne redoutais qu’une chose, — la mort. J’ai tremblé à l’idée de quitter cette existence, j’ai maudit le jour où je suis né en songeant à la fin qui nous attend. Que de tourments, tant que j’espérais encore !… Mais la science m’est venue. J’ai vu la guerre des vivants, j’ai vu l’existence sous son vrai jour… Il hocha la tête, et s’absorba dans ses réflexions.

— Et quelle est la science que tu possèdes ? demandai-je après une pause.

— Le premier point, c’est que vous autres, pauvres fous, vous vous imaginez que Dieu a fait le monde aussi parfait que possible et qu’il a institué un ordre moral. Fatale erreur ! Le monde est défectueux, l’existence est une épreuve, un triste pèlerinage, et tout ce qui vit, vit de meurtre et de vol !

— Ainsi, selon vous, l’homme n’est qu’une bête féroce ?

— Sans doute ; la plus intelligente, la plus sanguinaire, la plus cruelle des bêtes féroces. Quelle autre est si ingénieuse à opprimer ses semblables ? Partout je ne vois que lutte et rivalité, que meurtre, pillage, fourberie, servitude… Toute peine, tout effort n’a d’autre mobile que l’existence, — vivre à tout prix et transmettre sa misérable vie à d’autres créatures !

La seconde vérité, continua gravement le vieillard, c’est que la jouissance n’a rien de réel ; qu’est-ce donc, sinon la fin d’un besoin qui nous dévore ? Et pourtant chacun court après ce vain mirage, et il ne peut en définitive qu’assurer sa vie. Mais crois-moi, ce n’est pas la privation qui fait notre misère, c’est cette attente éternelle d’un bonheur qui ne vient pas, qui ne peut jamais venir. Et qu’est-ce que ce bonheur qui, toujours à portée de la main et toujours insaisissable, fuit devant nous depuis le berceau jusqu’à la tombe ? Peux-tu me le dire ?

Je secouai la tête sans répondre.

— Qu’est-ce donc que le bonheur ? continua le vieillard. Je l’ai cherché partout où s’agite le souffle de la vie. Le bonheur, n’est-ce pas la paix, qu’en vain nous poursuivons ici-bas ? N’est-ce pas la mort ? la mort qui nous inspire tant d’effroi ? Le bonheur ! qui ne l’a cherché tout d’abord dans l’amour, et qui n’a fini par sourire tristement au souvenir de ses joies imaginaires ! Quelle humiliation de se dire que la nature n’allume en nous ce feu dévorant que pour nous faire servir à l’accomplissement de ses obscurs desseins ! Elle se soucie bien de nous ! À la femme, elle a départi tant de charmes, afin qu’elle puisse nous réduire sous son joug et nous dire : Travaille pour moi et pour mes enfants !… L’amour, c’est la guerre des sexes. Rivaux implacables, l’homme et la femme oublient leur hostilité native dans un court moment de vertige et d’illusion pour se séparer de nouveau plus ardents que jamais au combat. Pauvres fous qui croyez sceller un pacte éternel entre ces deux ennemis, comme si vous pouviez changer les lois de la nature et dire à la plante : Fleuris, mais ne te fane pas, et garde-toi de fructifier !… Il se prit à sourire, mais sans amertume ni malice ; dans ses yeux brillait la clarté tranquille d’une lumière supérieure.

— Et j’ai éprouvé de même la malédiction qui s’attache à la propriété… Née de la violence et de la ruse, elle provoque les représailles et engendre la discorde et les forfaits sans fin. L’infernale convoitise pousse les enfants de Caïn à s’emparer de tout ce qui est à leur portée ; et, comme si ce n’était pas assez qu’un seul accapare ce qui suffirait à des milliers de ses semblables, il voudrait s’y établir, lui et toute sa couvée, pour toute éternité. Et ils luttent, l’un pour prendre, l’autre pour garder ce qu’il a pris… Il étendit les bras comme pour repousser une vision terrible. Mais l’homme isolé ne peut soutenir le combat contre le nombre ; alors ils forment des ligues qui s’appellent communes, peuples, états. Et les lois viennent sanctionner toute usurpation. Et notre sueur, notre sang, sont monnayés pour payer les caprices de quelques-uns qui aiment le faste, les femmes et le cliquetis des armes ! La justice est faussée, et ceux qui élèvent la voix au nom du peuple, on les corrompt ou on les supprime, et ceux qui le servent le volent. Puis le volé s’insurge, et c’est encore la bestialité qui triomphe sur des ruines tachées de sang !…

… Les peuples sont des hommes en grand, — ni moins rapaces, ni moins sanguinaires. Il est vrai que la nature nous a donné la destruction pour moyen d’existence, que le fort a partout sur le faible droit de vie et de mort. Tous les crimes que la loi punit dans la vie privée, les peuples les commettent sans scrupule les uns sur les autres. On se vole, on se pille, se trahit, s’extermine en grand, sous couleur de patriotisme et de raison d’état !…

Le vieillard se tut pendant quelque temps. — Le grand mystère de la vie, dit-il enfin d’un ton solennel, veux-tu le connaître ?

— Parle.

— Le mystère de la vie, c’est que chacun veut vivre par la rapine et le meurtre, et qu’il devrait vivre par sa peine. Le travail seul peut nous affranchir de la misère originelle. Tant que chacun cherche à vivre aux dépens du prochain, la paix sera impossible. Le travail est le tribut que tu dois payer à la vie : travaille, si tu veux vivre et jouir. Et c’est dans l’effort qu’est notre part de bonheur. Celui qui se réjouit de ne rien faire est la dupe de son égoïsme ; l’ennui incurable, le dégoût profond de la vie et la peur de mourir s’attachent à ses pas.

… La Mort ! spectre terrible qui se dresse sur le seuil de l’existence, la Mort, accompagnée de ses sombres acolytes, la Peur et le Doute. Pas un ne veut se souvenir, songer au temps infini où il n’existait pas encore. Pourquoi donc craindre ce que nous avons été déjà et pendant si longtemps ? Partout la mort nous entoure, nous guette ; c’est pitié de voir chacun la fuir et implorer une heure de sursis ! Si peu comprennent que c’est elle qui nous apporte la liberté et la paix !

… Mieux vaudrait, il est vrai, ne pas naître, ou bien, une fois né, rêver jusqu’à la fin ce rêve décevant, sans être ébloui par ses fallacieuses et splendides visions, puis replonger ensuite pour jamais dans le giron de la nature !…

Le vieillard couvrit de ses mains sèches et brunes son visage sillonné de rides profondes, et parut s’oublier lui-même dans une vague rêverie.

— Tu viens de me dire, repris-je, ce que la vie t’a enseigné. Ne veux-tu me dire maintenant la conclusion ?

— J’ai entrevu la vérité, s’écria l’errant, j’ai compris que le vrai bonheur est dans la science, et qu’il vaut encore mieux renoncer à tout que lutter pour jouir. Et j’ai dit : je ne veux plus verser le sang de mes frères ni les voler ; j’ai quitté ma maison et ma femme pour courir les chemins. Satan est le maître du monde ; c’est donc un péché d’appartenir à l’Église ou à l’État, et le mariage aussi est un péché capital… Six choses constituent le legs de Caïn : l’amour, la propriété, l’état, la guerre, le travail, la mort, — le legs de Caïn le Maudit, qui fut condamné à être errant et fugitif sur la terre. Le juste ne réclame rien de ce legs, il n’a point de patrie ni d’abri, il fuit le monde et les hommes, il doit errer, errer, errer… Et quand la mort vient le trouver, il faut qu’il l’attende avec sérénité, sous le ciel, dans les champs ou dans la forêt, car l’errant doit mourir comme il a vécu, en état de fuite… Ce soir, j’ai cru sentir les approches de la mort, mais elle a passé à côté de moi, et je vais me remettre en route et suivre ses traces.

Il se leva, prit son bâton.

— Fuir la vie est le premier point, dit-il, et une expression de charité céleste illumina ses traits, souhaiter la mort et la chercher est le second.

Il me quitta et disparut bientôt dans le taillis.

Je restai seul, pensif ; la nuit se fit autour de moi. Le tronc pourri commençait à émettre une lueur phosphorescente, dans laquelle devenait visible un monde de plantes parasites et d’insectes laborieux. Je songeai. Les images du jour défilèrent devant moi comme ces bulles qui naissent et disparaissent à la surface d’un cours d’eau, je les contemplais sans terreur et sans joie. Je voyais le mécanisme de la création, je voyais la vie et la mort associées et se transformant l’une dans l’autre, et la mort moins terrible que la vie. Et plus je m’abîme en moi-même, et plus tout ce qui m’entoure devient vivant et me parle et arrive à moi. — Tu veux fuir, pauvre fou, tu ne le peux pas, tu es comme nous. Tes artères battent à l’unisson des artères de la nature. Tu dois naître, grandir, disparaître comme nous, enfant du soleil, ne t’en défends pas, il ne sert de rien…

Un bruissement solennel courut dans les feuilles, sur ma tête les lampadaires éternels brûlaient dans leur calme sublime. Et je crus voir devant moi la déesse sombre et taciturne, qui sans cesse enfante et engloutit ; et elle me parla en ces termes :

« Tu veux te poser en face de moi comme un être à part, pauvre présomptueux ! Tu es la ride à la surface de l’eau qui un moment brille sous les rayons de la lune pour s’évanouir ensuite dans le courant. Apprends à être modeste et patient et à t’humilier. Si ton jour te semble plus long que celui de l’éphémère, pour moi, qui n’ai ni commencement ni fin, ce n’en est pas moins qu’un instant… Fils de Caïn, tu dois vivre, tu dois tuer ; comprends enfin que tu es mon esclave et que ta résistance est vaine. Et bannis cette crainte puérile de la mort. Je suis éternelle et invariable, comme toi tu es mortel et changeant. Je suis la vie, et tes tourments ni ton existence ne m’importent… Toi comme eux tous, vous sortez de moi, et tôt ou tard à moi vous retournez. Vois comme à l’automne les êtres se changent en chrysalide, ou cherchent à protéger leurs œufs, puis meurent tranquilles, en attendant le printemps. Toi-même ne meurs-tu pas chaque soir pour renaître le lendemain ? et tu as peur du dernier sommeil !

» Je vois avec indifférence la chute des feuilles, les guerres, les fléaux qui emportent mes enfants, car je suis vivante dans la mort et immortelle dans la destruction. Comprends-moi et tu cesseras de me craindre et de m’accuser ; tu te sauveras de la vie pour retourner dans mon giron, après une courte angoisse. »

Ainsi me parla la grande voix. Puis le silence se fit de nouveau. La nature rentra dans sa morne indifférence et me laissa à mes pensées.

Une terreur vague m’envahit ; j’aurais voulu fuir, je me levai pour sortir de la forêt. Bientôt je fus dans la plaine qui s’étendait paisible sous un ciel clair rempli d’étoiles. Au loin, je voyais déjà mon village et les fenêtres éclairées de ma maison. Un calme profond se fit en moi, et un désir ardent de science et de vérité s’alluma dans mon âme. Et comme j’enfilai le sentier bien connu à travers les champs et les prés, j’aperçus tout à coup une étoile qui brillait au ciel, et il me sembla qu’elle me précédait, comme l’étoile des rois mages qui cherchaient la lumière du monde.