Le Laurier SanglantCalmann-Lévy, éditeurs (p. 201-202).
1870  ►

DES BLESSÉS ARRIVENT…




1914.


On nous a, pour ce soir, annoncé des blessés :
Et dans tout l’hôpital on s’agite, on s’empresse…
Entre les lits anciens rapidement on dresse
De nouveaux lits, où s’étendront les corps lassés.

Avec quels soins jaloux ils vont être pansés,
Nos soldats, nos enfants !… Et de quelle tendresse
On va bercer, choyer, réchauffer leur détresse !…
Quoi qu’on fasse pour eux, fait-on jamais assez ?


Tout à coup, du dehors, une rumeur s’élève…
Regardons… Ce sont eux… Dans le jour qui s’achève
Ils marchent, éclairés d’une vague lueur ;

Ils sont venus tout droit du front, les intrépides,
Hâves, déguenillés, courbés, boueux, sordides…
Ah ! comme on voudrait tous les serrer sur son cœur !