Le Journal de Françoise, Vol 1 No 4/Bloc-notes

Collectif
Le Journal de Françoise, Vol 1 No 41902-05-10 (p. 14).

Bloc-Notes


NOUS avons lu attentivement la chronique du 24 avril dans L’Avenir du Nord, et nous nous promettons d’y revenir quelque jour.


Un journal de cette ville publiait, dernièrement la nouvelle toujours ancienne et toujours nouvelle hélas ! — d’une querelle entre mari et femme. Cette fois, c’était la femme qui avait battu le mari et on annonçait la chose avec des titres de six pouces de longueur. « Rôles renversés » écrivait-on. Et plus loin : « Le mari voulait exercer son droit de chef de maison et faire taire sa femme. » Vraiment, où allons nous ? Voilà que maintenant les femmes, renversant un rôle consacré par le temps, l’usage et les traditions, refusent de se taire et surtout de se laisser battre plus longtemps ! Il était grand temps qu’un journal de femme parut afin de ramener ces égarées au sentiment de leur devoir.


À l’occasion de la fête du R. P. Recteur, on jouera, au Collège des Jésuites de la rue Bleury, « Polyeucte » de Gounod. Ce chef-d’œuvre, ne pouvant être joué tel qu’il a été créé, à cause des rôles féminins inaccessibles à la scène des collèges, a été arrangé de façon à ne maintenir que les rôles masculins seulement sans que la pièce en souffre trop. Ce que cela a dû coûter de travail nous pouvons nous l’imaginer facilement et le succès, espérons-le, ne devrait pas tarder à récompenser tant de mérite. Si nous sommes bien informé, c’est le R. P. Hudon que nous devons féliciter dans l’accomplissement de cette tâche gigantesque.

Voici ce que nous trouvons dans le mot d’explication qui sert de préface :

« Sans prétendre la faire oublier (Pauline) — la tragédie de Corneille est trop connue pour en avoir eu même la pensée — nous avons, à l’amour conjugal comme à celui qui en est le prélude, substitué l’amitié, sentiment plein de noblesse, rare de tout temps — n’aurions-nous, ce qui n’est pas, que l’autorité de Cicéron pour nous en convaincre — capable de pousser le sacrifice jusqu’à l’héroïsme, et l’antiquité nous offre de beaux exemples. »

Cette soirée aura lieu le 21 mai, à huit heures. Avis aux amateurs de belle musique.


Superbe messe en musique le 3 mai, dans la chapelle du Mont St-Louis, à l’occasion de la fête du Bienheureux de la Salle. Sur l’édifice, à la plus haute tourelle, flottait crânement dans la brise le drapeau tricolore. Bravo, monsieur le Directeur ! il fait bon de rencontrer de temps en temps, pour la nouveauté de la chose, un homme qui n’a pas peur.