Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/II/Il a plu…
XI
Il a plu. Le jeune dieu,
Dans son temple vert et bleu,
A des gouttes sur les ailes.
Le parc est harmonieux.
Une robe passe, telle
Une fleur de satin blanc.
Le visage étincelant
De l’allée en devient rouge.
Dans les buis une ombre bouge…
Est-ce vous et votre amant
Princesse de tous les temps
Qui vivez dans les bocages ?
Que votre grâce volage
Ne fasse pas un boudoir
Du parc et du paysage ;
Le jeune dieu pourrait voir
Ce qu’il ne me faut comprendre.
Faites votre cœur moins tendre,
Épargnez votre vertu,
Pour que ma faiblesse dise
Que mon temps serait perdu.
Renouez, comme cerises,
Dans la dentelle vos seins.
Il a plu dans cette église
Où vous mettez des coussins.
Septembre vous environne ;
Une fontaine a chanté.
Les derniers jours de l’été
Vous tressent une couronne.
Éloignez-vous de ce parc
Ô tentatrice éveillée !
Je ne veux tendre mon arc
Que vers des feuilles mouillées.