Le Jardin des dieux/Le Chapelet de jasmin/Ville haute

Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 33-34).



VILLE HAUTE



Des galons de soleil flambent le long des poutres,
Tandis que tu gravis la rue oblique. Vois :
De scrupuleuses mains flottent autour des poids
Et l’huile grasse suinte aux coutures des outres.

Monte encore. Les murs s’épaississent. Passe outre.
Les hauts balcons fermés étouffent d’âpres voix
Et les enfants du seuil, une rose à leurs doigts,
Te regardent longtemps de leurs beaux yeux de loutre.


Une femme, d’un pas alangui, sort du bain.
Suis-la pour le plaisir d’écouter, argentin,
Le bracelet qui tinte à ses chevilles lentes.

Et pour la voir vers toi qui la dépasseras
Entr’ouvrir d’un beau geste où s’exposent ses bras
Son voile qu’elle écarte avec des mains sanglantes.