Le Jardin des dieux/Le Chapelet de jasmin/Soir arabe

Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 36).



SOIR ARABE



Nuit où brûle le ciel d’Égine et de l’Eubée…
Le croissant au milieu des feuilles recourbées
Dans les eucalyptus met sa feuille d’argent
Et, célébrant la mer qui se berce en songeant,
Un tambourin bourdonne, une flûte s’enroue.
Ô divine Arabie, ô prunelles, ô joue
Où mes dents ont laissé des tatouages bleus,
Corps d’enfant souple au fond de ses manteaux moelleux,
Voilà ce que j’évoque au bord de la terrasse.
Et tandis qu’une main, à coups de pouce, brasse
Une sourde musique au creux des tambourins,
Je n’ai pas entendu, mêlant au vent marin
Au-dessus des palmiers sa volée insolite,
Ton angelus perdu, cloche des carmélites !