Le Jardin des dieux/Aux flancs d’une cruche kabyle/Cirta
CIRTA
Cheval qui, sur ton front, arbores un miroir
Où voyagent le ciel, les forêts et les dunes
Et la mélancolie errante de la lune
Et les couleurs de l’aube et les couleurs du soir,
C’est sur ton col penché que je voudrais, brûlant,
En sueur, attaqué des mouches et des fièvres,
Voir en faisant sonner son dur nom sur mes lèvres
Apparaître Cirta sur son rocher sanglant !
Les ravins souffleront leur haleine de forge.
Je reverrai parmi le silence des gorges
Planer l’aigle repu sur les charniers épars
Et, devant la splendeur des nuits magiciennes,
J’entendrai Sophonisbe au-dessus des remparts
Mêler son cri royal à l’aboiement des hyènes.