Le Jardin des dieux/Aux flancs d’une cruche kabyle/Cirta

Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 73-74).



CIRTA



Cheval qui, sur ton front, arbores un miroir
 Où voyagent le ciel, les forêts et les dunes
 Et la mélancolie errante de la lune
 Et les couleurs de l’aube et les couleurs du soir,

 C’est sur ton col penché que je voudrais, brûlant,
 En sueur, attaqué des mouches et des fièvres,
 Voir en faisant sonner son dur nom sur mes lèvres
 Apparaître Cirta sur son rocher sanglant !


 Les ravins souffleront leur haleine de forge.
 Je reverrai parmi le silence des gorges
 Planer l’aigle repu sur les charniers épars

 Et, devant la splendeur des nuits magiciennes,
 J’entendrai Sophonisbe au-dessus des remparts
 Mêler son cri royal à l’aboiement des hyènes.