Le Japon illustré/Section 1
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Le Japon, que les Japonais appellent couramment Nihon ou Nippon, de son nom chinois qui signifie à peu près Côté d’où vient le soleil, Orient, et que nous traduisons Empire du Soleil levant, s’étend du 119° 18’ au 156° 32’ de longitude orientale (nouveau méridien), et du 21° 45’ au 50° 56’ de latitude nord. Il offre une superficie totale de 450 757 kilomètres carrés (Annuaire financier et économique du Japon).
Il se compose de trois ou quatre milliers d’îles, dont cinq à six cents sont habitées. Les plus importantes sont Ezo ou Yezo (appelée administrativement le Hokkaidō), le Hondo ou Honshyū (proprement Terre principale), Kyūshyū, Shikoku, Taiwan (Formose). Le Hokkaidō étant habité par un peuple particulier, les Aïnos, Formose étant une colonie d’acquisition récente, c’est l’ensemble de Hondo, Kyūshyū et Shikoku qui seul constitue le véritable Japon. Ces trois îles sont d’ailleurs très voisines : le détroit de Shimonoseki, entre le Hondo et Kyūshyū, le détroit de Bungo (Bungo nada), entre Kyūshyū et Shikoku, sont fort peu larges ; Shikoku et le Hondo sont rapprochés par l’île d’Awadji, à peine séparée des deux grandes îles.
Le Japon est baigné à l’est par l’océan Pacifique, à l’ouest par la mer d’Okhotsk, la mer du Japon, la mer de Chine. Au milieu des trois grandes îles centrales se trouve la mer intérieure, couverte d’îlots, dont les profondeurs ne dépassent pas 40 mètres.
Il faut ajouter qu’en août 1910 le Japon a annexé la Corée, dont la superficie est évaluée à 230 000 kilomètres carrés.
Géographie physique sommaire. — La forme du Japon
peut être sommairement ramenée à trois courbes. Au centre, une
vaste courbe, dont la concavité est tournée vers le continent et la
convexité vers la mer, comprenant Sakhaline, le Hokkaidō, le
Hondo et Kyūshyū. Au nord-est de cette courbe, au centre
du Hokkaidō, s’amorce une courbe plus douce, formée par les
Chisima (Kouriles), qui rejoignent le Kamtchatka. Du sud-ouest
de la courbe centrale part la courbe des îles réunies sous le nom
de Ryūkyū, qui rejoint Formose.
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Les îles japonaises peuvent être considérées comme formées
par les sommets d’une chaîne montagneuse aux bases profondément
immergées. On trouve dans les mers voisines du Japon
quelques-unes des plus grandes profondeurs connues : aux îles
Kouriles, 6 865 mètres ; à l’est du Japon, 8 491 mètres.
Les montagnes qui s’élèvent au-dessus de ces mers pour constituer les îles japonaises sont de nature volcanique. L’archipel présente plus d’une vingtaine de volcans en activité et un grand nombre de volcans éteints. Les principales régions volcaniques sont le sud du Hokkaidō, le massif de Nikkō, au centre du Hondo, et le milieu de Kyūshyū. Toutes les grandes îles japonaises présentent des caractères physiques analogues.
Dans le Hokkaidō se rejoignent la chaîne montagneuse qui prolonge Sakhaline et celle qui forme les Kouriles. Au centre s’élèvent des sommets qui atteignent 2 500 mètres.
Le Hondo est constitué par des rangées parallèles de chaînes montagneuses qui vont du nord-nord-est au sud-sud-ouest et dont les ramifications se rejoignent. Les plus hauts sommets sont des volcans ou d’anciens volcans. L’Asamayama et le Shiraneyama sont encore en activité. La plus belle et la plus célèbre montagne du Hondo est le Fujiyama (3 745 mètres), volcan dont la dernière éruption date de 1708.
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Le Hondo, si montagneux, ne présente que deux plaines : à
l’est celle du Kwantō, comprise entre le Pacifique, le Fuji, le
massif de Nikkō ; au centre le Yamato et l’Ise, entre le golfe
d’Osaka, le Pacifique, la baie d’Owari et les montagnes entourant
le lac Biwa. C’est dans ces plaines que le peuple japonais s’est
installé de préférence, au cours de l’histoire ; c’est là qu’il a édifié ses villes les plus importantes.
Dans les régions montagneuses, les torrents et les lacs abondent ; mais les fleuves sont de faible longueur (tous inférieurs à 400 kilomètres) et n’ont qu’un étroit bassin ; ils sont fort irréguliers, tantôt presque à sec, tantôt, à la suite des orages, inondant leurs rives. Les trois plus grands fleuves sont le Tonegawa, qui baigne le Kwantō, le Shinanogawa et le Kisogawa. Le lac le plus grand, le plus pittoresque aussi, est le lac Biwa, au contour de guitare.
Shikoku et Kyūshyū offrent le même aspect montagneux et volcanique. En Shikoku, le plus haut sommet n’atteint que 1 400 mètres. Kyūshyū présente de beaux volcans, comme l’Asoyama (1800 mètres).
Des récifs de madrépores bordent les îles Ryūkyū.
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Le paysage japonais. — Cette brève étude de géographie physique
aide à faire deviner l’aspect de la
plupart des sites. Les paysages japonais
sont des paysages de mer et de montagne, de rocs, d’îlots, d’écueils,
de golfes et de promontoires, de cascades et de forêts.
En décrivant l’âme japonaise, nous aurons l’occasion de montrer comment les Japonais comprennent et combien ils aiment les paysages de leur pays. (Voir le chapitre la Vie morale.)
Le climat et les saisons. — Le climat est humide au
printemps, chaud et souvent humide en été, frais et sec, particulièrement agréable en automne et au début de l’hiver.
Le Hokkaidō et tout le nord de la côte occidentale du Hondo, exposés aux vents glacés venant de Sibérie et des régions polaires, sont beaucoup plus froids que le reste du pays. Au contraire, les côtes orientales et méridionales, et même la côte occidentale jusqu’à Tsushima, ont un climat tempéré : elles sont arrosées par un courant analogue au Gulf-Stream, le Kuroshiwo, qui apporte de Malaisie et des Philippines des eaux chaudes, des souffles d’air tiède. On a attribué aux vents qui, soufflant tour à tour du nord et du sud, balayent les vallées, la salubrité du pays.
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Cyclones et tremblements de terre. — Si le Japon,
dans sa partie centrale, a le grand avantage d’un climat tempéré
et salubre, il présente les inconvénients particuliers aux régions
maritimes et volcaniques.
Les courants atmosphériques contraires provoquent des orages, des tempêtes, des cyclones, parfois des ras de marées. Des villages, des villes entières ont été engloutis par la mer. Un Français qui a publié, en 1877, un intéressant ouvrage sur le Japon, où il venait de vivre quatre années, M. Georges Bousquet, dit, à propos des typhons :
« Il ne faut pas entreprendre de décrire les effets du typhon « taifû » (grand vent), si l’on ne veut soulever un murmure d’incrédulité : les lourdes assises de granit du quai de Yokohama, soulevées et lancées à plusieurs mètres par les vagues dans une baie fermée de tous côtés, le palais du gouverneur jeté à terre par la seule violence du vent à Nagasaki, les jonques du port franchissant le quai et venant tomber par-dessus les murs de clôture, au beau milieu d’un jardin, les cordages non goudronnés s’effritant brin à brin sous le frottement du vent, comme au contact d’une râpe, sont autant de fables pour qui n’a pas vu ces phénomènes, que le spectateur lui-même est tenté de prendre pour un violent cauchemar. Presque à chaque équinoxe, tantôt dans une partie, tantôt dans une autre, ce terrible météore exerce ses ravages sur terre et sur mer, entraînant souvent à sa suite des inondations, et la crue subite des rivières torrentueuses. » (Le Japon de nos jours, I, p. 98.)
Les éruptions de volcans ont causé aussi parfois de sérieux dommages.
Le véritable fléau du Japon, ce sont les tremblements de terre. Ils sont très fréquents (un millier de secousses par an sur 20000 kilomètres carrés). Ils ont provoqué plusieurs catastrophes par siècle. Par exemple, le tremblement de terre de 1855 désole toute la région du Tōkaidō, détruit à Yedo (Tōkyō) plus de 14 000 maisons, fait périr, selon les auteurs japonais, 200 000 personnes.
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Un voyageur, signant Jean Dhasp (M. Klobukowski), décrit
ainsi les conséquences du tremblement de terre survenu le 28 octobre
1891 dans la région de Gifu :
« Dix-huit mille morts, plus de vingt mille blessés. Des villes entières renversées ou incendiées, et, sur une superficie égale à celle de trois de nos départements, une population de 400000 âmes campant au milieu des décombres ! Le froid est vif, la pluie tombe fréquemment, les malheureux sont sans abri, et beaucoup sans nourriture. Faute de bras, la récolte du riz, dans bien des endroits, reste sur pied. C’est la misère certaine, épouvantable, et au cœur de l’hiver ! Les lignes ferrées sont coupées, les ponts rompus, les digues détruites, les routes effondrées. Les secours arrivent difficilement, et avec quelle lenteur !…
« Partout des ruines, un amoncellement de débris informes. Çà et là, quelques cahutes recouvertes d’un peu de paille, ouvertes à tous les vents, où les hommes, les femmes et les enfants sont entassés pêle-mêle ; dans leurs regards une expression de stupeur morne, comme s’ils reflétaient encore l’horrible scène. Ces pauvres gens mendient, mais si timidement, avec un air si honteux, si embarrassé ! On voit que leurs mains ne sont pas habituées à se tendre pour demander l’aumône. C’est navrant…
« Des milliers d’habitants restent subitement isolés, privés de toutes communications, attendant des secours qui arriveront trop tard. Et la neige commence à tout recouvrir de son linceul ! » (Le Japon contemporain, p. 182-183.)
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Productions du sol. — Le Japon possède des granits et des calcaires, du soufre, de l’or, de l’argent, du cuivre en abondance, du fer, de l’étain, du plomb, de la houille, du pétrole, des sources thermale et minérales.
Dans ce pays au sol volcanique, arrosé de pluies fréquentes, attiédi par l’influence du Kuroshiwo, s’est développée une flore particulièrement riche. On y trouve les conifères des pays froids, les palmiers et les bambous des pays chauds. Le bambou sert aux usages les plus divers. Les principales productions agricoles sont le riz, le thé, le mûrier, l’orge, les fèves, les lentilles, le coton, le chanvre, le tabac, le camphre, l’indigo, etc.
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Nous verrons, en étudiant la sentimentalité japonaise, à quel point les Japonais sont attachés aux arbres et aux plantes de leur
pays, quelle admiration ils vouent à certaines fleurs : fleurs de cerisiers, fleurs de pruniers, azalées, lotus, chrysanthèmes, glycines, iris. (Voir le chapitre la Vie morale.)
Moins variée que la flore, la faune est pourtant assez abondante : chats et chiens, singes, renards, blaireaux, ours, aigles, faucons, mouettes, grues, cigognes, oies et canards sauvages.
Les mers environnantes, et aussi les rivières, sont riches en toutes sortes de poissons. Les principaux sont : le taï (dorade), le roi des poissons ; le masu, saumon japonais à chair rose, pesant de trois à six livres ; l’amemasu, sorte de saumon à chair blanche, pesant de une demi-livre à trois livres ; le yamame, sorte de truite ; l’iwana, tacheté orange et citron ; l’ai, l’unagi, anguille d’estuaire. On y pêche aussi le hareng, la sardine, le maquereau, le thon, la morue, le requin. Le poisson joue un rôle important dans l’alimentation japonaise. Le Japon a aussi des langoustes, des huîtres, divers coquillages.
Les animaux domestiques sont peu nombreux : chevaux, petits mais très vigoureux, buffles, bœufs et vaches, porcs, chèvres (celles-ci en Kyûshyù seulement) ; on a essayé d’élever le mouton, mais la nature du sol s’y oppose, et la tentative ne paraît pas devoir réussir.
Bibliographie sur la géographie physique. — L’ouvrage essentiel est en allemand : J.-J. Rein, Japon nach Reisen und Studien (Leipzig, Engelmann. 1905). En français, lire le chapitre de la Géographie universelle de Reclus relatif au Japon.
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