Le Japon (Gautier)/Le Fousi-Yama

A. et C. Black (p. 24-25).

le fousi-yama

Il attire irrésistiblement le regard, ce dôme qui s’élève au sud-ouest, et domine la ville, pâle, rosé, dans une flottante brume bleuâtre qui l’enveloppe tout entier, depuis sa base, qu’elle dissimule au point que la gigantesque montagne semble planer dans les airs. Inspirateur de beaux tableaux, de poésies enthousiastes, il se dresse là depuis des siècles, depuis qu’en l’an 285 avant J. C., en un tremblement de terre violent, il surgit du sol, atteignant du coup près de quatre mille mètres. Tous les Japonais en sont fiers, et l’aiment d’amour, ce Fousi-Yama, autrefois volcan terrible qui, au cours des ans, s’est apaisé et semble endormi, bien qu’à son sommet, le vent souffle sans relâche, et donne naissance souvent à de violentes tempêtes. Le monstre est-il inactif à jamais ? Qui oserait le croire ? Dans ce pays, où la terre frémit et oscille à tout moment, le cratère n’a sans doute pas dit son dernier mot. Un jour peut-être, il se réveillera, secouant et engloutissant les orgueilleuses demeures de pierre que les Japonais d’aujourd’hui préfèrent aux antiques maisons de bois.