Calmann-Lévy, éditeurs (p. 205-223).



XII


Claude a passé une nuit blanche durant laquelle elle a réfléchi, envisagé plusieurs solutions, et pris finalement la résolution de gagner sa vie en tirant parti de son talent de musicienne.

Au matin, elle s’habille rapidement, puis, va trouver Marthe.

Installée dans la salle à manger, madame Lambert-Massin lape son chocolat par petites cuillerées, tout en vérifiant les additions de la cuisine. Claude dit avec hésitation :

— Ma cousine… je désire sortir… C’est aujourd’hui l’anniversaire de naissance de mon amie, madame Halberger… Il y a près de huit mois que je ne l’ai revue… Puis-je me rendre chez elle ?

Marthe observe :

— Vous voulez y aller tout de suite ?… Mais, on ne fait pas de visites à dix heures et demie !

— Oh ! avec les Halberger, ça n’a guère d’importance, et monsieur Halberger est occupé au dehors, l’après-midi.

Marthe ébauche un geste d’indifférence : en effet, peu importent les convenances envers ces gens-là. Que Claude agisse à sa guise. Soudain, madame Lambert-Massin se ravise, prend un ton courroucé :

— Eh bien !… Vous en avez, des idées !… Vous choisissez justement mon jour de grand nettoyage pour courir la prétentaine… Oubliez-vous que, chaque mercredi, on fait le ménage à fond, ici ?… Julie ne vous accompagnera pas : j’ai besoin d’elle à la maison.

— Ce ne sera point la première fois que je sortirai seule.

— C’est d’un mauvais genre pour une jeune fille. Si quelqu’un de mes amis vous rencontrait ?

— Il est peu probable que vos amis se promènent dans le dixième arrondissement. À cette heure, ils sont au Bois.

— Si vous remettiez votre course à demain ?… Ah ! c’est vrai : c’est parce que c’est sa fête… Où habitent-ils, vos Halberger ?

— Boulevard de Strasbourg.

— Bon. Tâchez d’être rentrée à l’heure du déjeuner. Émile ne peut vous conduire là-bas : l’auto est au magasin de Léon. Vous trouverez l’autobus du Trocadéro, faubourg Saint-Honoré : il vous mènera directement à la gare de l’Est… Tenez, voici cinquante centimes…

Car la fastueuse madame Lambert-Massin est d’une économie quasi sordide sur le chapitre des dépenses ignorées. Très large en ce qui concerne les frais ostentateurs, Marthe se montre avare dans sa vie intime. Yvonne a beaucoup de robes, mais reçoit peu d’argent de poche. Les domestiques subissent une surveillance étroite. La cuisinière, pour une facture de boucher ; la femme de chambre, pour l’achat d’une étoffe ; le chauffeur, pour une note d’essence — se voient tarabuster par la patronne si leurs comptes varient de quelques sous, d’une quinzaine à l’autre. Quant à Claude, on ne lui donne jamais d’argent.

La jeune fille se dépêche de partir avant que Marthe puisse revenir sur son autorisation.

Rien n’oblige Claude à tenter cette démarche précisément aujourd’hui ; ce n’est pas la fête de madame Halberger : mais la fougue de la jeunesse la fait bondir d’impatience. À présent qu’elle a résolu de quitter ses cousins, elle veut agir tout de suite, exécuter sur l’heure un projet que son esprit n’avait pas conçu encore hier. Le moindre retard lui apparaîtrait comme une catastrophe.

Durant le trajet, elle échafaude ses plans futurs. M. Halberger va l’encourager, la recommander. Qui sait s’il ne la prendra pas dans son concert pour remplacer le pianiste, les soirs où celui-ci a congé ? Claude se voit déjà installée sur l’estrade, à côté du cymbalier, devant un beau piano de grande marque. Ses rêves devancent ses désirs et réalisent ses espérances.

Lorsqu’elle monte l’escalier obscur d’une grande maison noire du boulevard de Strasbourg où logent ses amis, la jeune fille a reconquis une assurance de l’avenir qui lui donne un air joyeux.

— Ma petite Claude ! Je croyais que nous étions oubliés à tout jamais… Quelle bonne surprise !

L’effusion de madame Halberger l’imprègne d’intimité et de douceur.

Claude entre dans la salle à manger. Le chant d’un violon vient de la pièce voisine.

— Paul est en train de travailler, explique madame Halberger.

Bientôt, le musicien apparaît tenant son instrument à la main. Il accueille la jeune fille avec une simplicité affectueuse, une sympathie concentrée qui ne se disperse pas en paroles.

— Regarde comme elle est belle, Paul ! s’exclame madame Halberger.

Claude se sent étrangement gênée : devant Paul Halberger, qui porte un vieux veston ; devant sa femme, qui a un peignoir de laine grossière et des bigoudis sur les tempes ; dans cet intérieur mal éclairé, — un entresol sur cour — meublé pauvrement : buffet de pitchpin, toile cirée sur la table, et vieux coucou au son fêlé, Claude semble apporter le parfum du luxe qu’elle quitte, incarner la richesse mensongère qu’elle ne possède point, grâce à sa silhouette élégante de petite visiteuse pomponnée.

Madame Halberger admire son tailleur de velours noir, et l’étole de renard blanc que Marthe a repassée à Claude parce que cette fourrure tombe dans le commun.

Et la jeune fille songe, avec un sourire amer : « Ils seront bien étonnés quand je leur exposerai le but de ma démarche ! »

Madame Halberger devient presque déférente envers cette Claude nouvelle qui ne lui rappelle plus l’humble petite Gérard de naguère : c’est surtout dans la comparaison des parures qu’une femme puise la notion des distances.

Mais Halberger conserve sa bonhomie. Il parle avec une tristesse attendrie des événements que lui remémore la présence de Claude, de la disparition de ce pauvre Victor Gérard.

La jeune fille éprouve un soulagement immense à pouvoir évoquer la figure de son père dans un milieu ami où il fut apprécié. Une mélancolie sans âpreté amollit ces trois êtres.

Puis, Halberger s’écrie tout à coup :

— Que la mort est bête de frapper sans discernement ! Il méritait de vivre vieux : il avait tant de talent ! Alors que des millions d’imbéciles inutiles encombrent la terre de leur présence prolongée… Savez-vous que je n’ai pas pu remplacer encore votre papa, ma petite : l’animal qui lui a succédé a un jeu méthodique, sans chaleur, sans âme, qui a le don de me porter sur les nerfs. Ah ! où est le son incomparable de Victor Gérard !…

Claude profite de ce moment d’enthousiasme pour glisser sa requête. Elle murmure :

— Et moi, monsieur Halberger, trouvez-vous que je sois bonne musicienne ?

— Vous ?… vous avez hérité de l’intelligence artistique de votre père, mon enfant ; vous comprenez ce que vous entendez ; vous allez au delà du charme mélodique pour entrer dans la pensée du compositeur.

— Mais… comme exécutante ? Vous qui m’avez souvent écoutée jouer du piano ?…

— Vous possédez beaucoup de dons, d’excellentes dispositions.

— Mais… ça… ce sont des qualités vagues, des éloges pour amateur. Me jugeriez-vous au point, comme professionnelle ?

— Diable ! La question change un peu… On ne vous a jamais fait travailler régulièrement — le travail régulier, c’est la moitié du talent — et vous avez eu le tort de vous attaquer prématurément, sans progression, à des œuvres beaucoup trop ardues : ça vous a gâté la main.

— Enfin… Combien de temps me faudrait-il… si je voulais devenir une pianiste impeccable ?

— Dame !… Vous pouvez compter quatre bonnes années d’étude : deux ans pour vous débarrasser des tics, des mauvaises habitudes, des défauts contractés à jouer selon votre fantaisie ; et deux ans d’un travail assidu qui vous serait bien plus pénible qu’à une élève prise dès le début.

— C’est ce que papa me disait, quand il m’entendait… Seulement, il n’aimait pas à me contrarier ; et finissait par me laisser déchiffrer à ma guise les morceaux très difficiles qu’il eût fallu « piocher ! »

Claude réfléchit : quatre ans de travail… alors, elle devrait attendre d’avoir presque vingt-six ans pour gagner sa vie. Il lui semble qu’elle n’aura jamais vingt-six ans !… D’ailleurs, comment agencer son existence, d’ici-là ?

La désillusion est trop forte : la jeune fille éclate en sanglots.

Madame Halberger se précipite, l’enlace tendrement, essaye de la calmer.

Interloqué, le violoniste questionne, sur un ton d’amicale gronderie :

— Ah çà ! quelle mouche vous pique, ma petite Claude ? Qu’est-ce que ce caprice ? Ça vous tient donc bien à cœur de devenir une grande pianiste ?… Quelle idée ! Vous êtes suffisamment musicienne pour vous amuser et faire plaisir à votre entourage… À quoi servirait de vous perfectionner ?

— À quoi !

Claude se redressa brusquement, et ses petits doigts convulsés étreignent fébrilement les mains nerveuses d’Halberger. Elle s’écrie ardemment :

— À gagner ma vie… à me libérer… à m’en aller de chez mes cousins ! Monsieur, je vous en prie : tâchez de me trouver un emploi de pianiste quelque part… n’importe où… aidez-moi ! Je vous assure… il faut que je quitte les Lambert-Massin : je les gêne et je suis malheureuse avec eux !

— Ma pauvre petite ! réplique Halberger. Vous voulez vous lancer dans la lutte pour la vie, désarmée comme vous l’êtes !… Chercher un emploi, entrer dans une carrière où vous n’avez aucun titre à faire valoir… Alors que des premiers prix du Conservatoire battent le pavé sans parvenir à utiliser leur talent, parce qu’ils sont trop, et en sont réduits à courir le cachet… C’est fou !

— Monsieur Halberger, je me suis répété tout ça… et je persiste dans mon projet.

— Vous vous préparez de rudes déboires !

— Dites plutôt que j’y suis préparée. Je sais ce qui m’attend, mais je suis courageuse. Je préfère cent fois une existence précaire au luxe de mes cousins. J’ai des raisons très sérieuses…

Halberger médite ; il songe à ce qu’il pourrait faire pour Claude. Mais un signe de sa femme l’arrête, change le cours de ses réflexions.

La sage madame Halberger a écouté la jeune fille avec une attention profonde ; sa prudence l’engage à se défier des belles résolutions d’une petite exaltée qui n’a pas vingt-deux ans. Et retenant son mari du geste, elle observe judicieusement :

— Claude… vous me surprenez beaucoup : quels motif graves vous déterminent à abandonner vos bienfaiteurs après avoir passé huit mois sous leur toit ? Si leur protection s’était défavorablement exercée, vous en auriez souffert plus tôt !

— Chacune de leurs paroles me reproche d’être à leur charge.

— N’êtes-vous pas un peu susceptible ? Votre crainte même de les gêner et le sentiment de votre situation vous portent peut-être à interpréter dans un sens fâcheux des propos non malveillants ? Vous n’avez pas de causes suffisantes pour prendre une telle décision… Ou alors, c’est qu’il y a autre chose ?

Claude se tait. C’est très difficile et très délicat : comment leur expliquer la conduite des Lambert-Massin en cinq minutes, lorsqu’elle a mis huit mois à la découvrir. Les Halberger ne la croiraient pas — ou comprendraient mal. Et puis, Claude a la pudeur de son amour ; et elle répugne à leur parler de Georges, du moment qu’il s’agit de montrer le jeune homme dans un vilain rôle.

Madame Halberger poursuit avec logique :

— J’ai vu madame Lambert-Massin : elle vous considère comme sa fille ; c’est une personne généreuse et charitable. Elle vous a révélé un monde nouveau, vous a ménagé une existence de petite princesse. Il y a tant de parentes, à sa place, qui vous auraient traitée en servante non salariée… car, l’humanité n’est point belle, ma petite amie !… Et, brusquement, vous voulez sortir de cette excellente famille, renoncer à tous vos plaisirs pour mener une vie dont vous ne vous dissimulez point les tracas et les tristesses ? Oh ! Claude, ma chère Claude… je ne peux ajouter foi à vos scrupules d’amour-propre : avouez-le, c’est une autre raison qui vous pousse à cela… Vous désirez être libre, oui. C’est par besoin d’indépendance que vous avez rêvé cette folie. Les Lambert-Massin sont des gens austères, rigoristes. Ils doivent vous surveiller très étroitement… Qui sait s’ils n’ont point contrarié en vous quelque inclination… Ah ! c’est cela : il y a une amourette au fond de l’histoire ! Vous vous êtes éprise d’un joli jeune homme et vous souhaitez d’échapper à la tutelle de vos cousins, hein ?… Eh bien, ma chère petite, convenez-en : pouvons-nous, mon mari et moi, prendre la responsabilité d’encourager une telle escapade en vous fournissant les moyens de la risquer ?

Paul Halberger, impressionné par la perspicacité de sa femme, appuie :

— Non, c’est vrai… Nous ne pouvons pas.

Claude reste atterrée. Son cœur est déchiré à l’idée que ces braves gens la suspectent de courir vers le danger, au moment même où elle s’efforce de le fuir. Oh ! douloureuse ironie des apparences : c’est son geste d’honnêteté qui lui attire tous les soupçons et ce sont les Lambert-Massin qui passent pour des tuteurs vertueux !

Claude goûte prématurément à ce fond de calice, qui empoisonne l’âge mûr d’expérience et de déception. Sa jeunesse combative lui crie : « Défends-toi ! Clame la vérité ! » Mais, déjà, sa clairvoyance désabusée lui répond : « À quoi bon !… Rien n’est moins probant que la sincérité. »

Claude sent qu’on ne lutte pas contre une conviction fausse : il n’est de pire coupable qu’un innocent. Jamais les Halberger, ces êtres loyaux et simples, n’admettraient la perfidie raffinée, la corruption secrète des Lambert-Massin. Il faudrait qu’ils eussent vécu de la vie de Claude pour entendre ses révélations sans l’accuser de mensonge.

Et l’énergie de la jeune fille sombre dans une résignation farouche. Elle oppose un fier silence aux suppositions dont l’accablent ses amis : ce n’est pas ici qu’elle trouvera un appui ; tant pis !

On est forcé de s’incliner devant la fatalité des choses.

Claude prend congé des Halberger avec des paroles banales. La séparation est presque froide.

La jeune fille descend péniblement de cette maison où elle a connu une nouvelle peine. Maintenant, la voici sur le boulevard de Strasbourg avec cette atroce sensation d’isolement qui saisit les déshérités sans attache lorsqu’ils sont perdus au milieu de la foule étrangère.

Claude murmure : « Papa ! » comme on appelle au secours. Lui seul aurait eu confiance en sa fille, l’aurait protégée contre toute embûche. À cette heure de détresse, dans ce quartier familier qui lui remémore leurs promenades à deux, il semble à Claude qu’elle est orpheline pour la seconde fois. Elle pense : « Mon Dieu, que je suis malheureuse !… Je ne peux compter sur personne. Je n’ai rien. » Soudain, elle prononce machinalement une phrase qu’elle se souvient d’avoir lue dans Crime et Châtiment : « N’avoir plus où aller… » Jusqu’ici, elle n’avait point compris la portée de cette parole. Maintenant, la pensée du grand Dostoïewski la pénètre profondément. Que d’âpreté, de mélancolie dramatique dans ces simples mots : « N’avoir plus où aller… ! » Si elle veut s’affranchir, elle est livrée au hasard ; elle n’a plus de gîte, plus de parents… Elle n’a plus où aller. Aucune porte ne s’ouvre devant elle ; aucun abri ne s’offre à sa fatigue. C’est la rue indifférente, la ville hostile où elle doit errer, inconnue… vouée à un sort terrible.

Claude, glacée, se ratatine sous sa fourrure ; elle s’aperçoit, au passage, silhouette fluette et gracieuse, petite créature séduisante et désemparée dont l’image se reflète dans la glace d’une boutique. Des hommes la frôlent avec insistance. Elle entend : « Jolie fille !… Oh ! la belle gosse ! » Parmi ces passants orduriers que midi sonnant fait sortir de l’atelier où ils travaillent, du magasin où ils sont commis, l’un d’eux, plus hardi, plaque sa main sur la jupe de Claude. La jeune fille se sauve, en songeant que partout ce sera la même chose : où qu’elle aille, la convoitise du mâle poursuivra sa beauté. Væ soli ! Malheur à la vierge orpheline que nulle protection ne garde !

Et machinalement, la tête basse, Claude remonte dans l’autobus qui la ramène avenue d’Antin ; — telle une bête fourbue regagne la demeure où l’attendent sa litière, sa pitance et les coups de ses maîtres.

Elle s’est assise au fond de la voiture, entre une femme en cheveux qui tient un nourrisson dans ses bras et un vieil homme à l’aspect de rond-de-cuir, dont l’haleine empeste, imprégnée d’une double odeur de mauvais cigare et de dents gâtées. Claude, incommodée, par ces émanations nauséabondes, se retourne vers sa voisine : celle-ci exhale un relent de lait suri, et son marmot mal nettoyé bave de la bouche et des narines, avec des reniflements, semblable à un petit limaçon. Claude, dégoûtée, aspire à l’automobile de Marthe où, chaque matin, Émile renouvelle les fleurs du porte-bouquet. Hélas ! d’où lui viennent ces répugnances qu’elle ignorait jadis ?

Ce contact des indigents lui est un supplice. Son odorat subtil distingue à présent cette senteur spéciale que dégagent les gens du peuple, imperceptible pour celui qui vit parmi eux. Leurs éclats de voix, leurs manières communes exacerbent ses nerfs.

Claude songe avec effroi : « Qu’ont-ils fait de moi, ces Lambert-Massin ! Ils m’ont communiqué leur répulsion et leur haine de la misère… Je ne saurais plus être pauvre. J’éprouve maintenant la nostalgie du luxe et du bien-être pour avoir passé une matinée hors de chez eux… Ah !… comme ils ont su me dépraver insensiblement ! »

Que tenter, désormais ?… De quelle façon leur échapper ? Une seconde, l’idée du suicide traverse son esprit. Mais Claude est une fille saine ; et tout son être plein de santé, avide de vivre, se hérisse d’horreur à la pensée de la mort.

Elle rentre dans cette maison abhorrée. Elle se maudit d’avoir un mouvement d’allégresse involontaire à se revoir au milieu de ce faste honni et délectable, et se mord la lèvre jusqu’au sang pour se punir de ses goûts de sybarite.

Au salon, Claude aperçoit Irène d’Albret qui déjeune aujourd’hui avec ses cousins.

La comédienne, assise devant une console, griffonne sur une carte pneumatique tandis qu’Yvonne, debout derrière elle, lit au fur et à mesure par-dessus son épaule.

À l’aspect de Claude, Irène s’interrompt, se lève, entraîne Yvonne dans un coin où elles chuchotent avec animation en se désignant Claude du coin de l’œil.

La jeune fille est trop absorbée pour prêter attention au manège des deux cousines.

Lorsque leur conciliabule prend fin, Claude n’entend pas Yvonne murmurer en la regardant d’un air malicieux :

— Vous avez eu une excellente inspiration, ma chère Irène… Les choses semblent traîner en longueur… ça ne sera pas mauvais de brusquer les événements.