Le Grillon et la Rose
Journal de Vienne et de l’Isère du 6 novembre 1887, (p. 3).
LE GRILLON ET LA ROSE
IDYLLINE
La rose un jour dit au grillon :
« C’est ton tour !… Déjà mainte abeille,
Déjà maint joli papillon
M’ont coulé des vers à l’oreille.
Parle, et dis-moi si mon collier,
Fait des perles de la rosée,
M’embellit, quand il vient briller
Aux feux de l’aurore irisée…
Tu me regardes tristement,
À mes pieds tu restes des heures ;
Mais tu chantes si doucement
Qu’il semble parfois que tu pleures !… »
Or, le grillon aimait la fleur.
« — Ô reine ! ma voix est sans charme,
Je n’ai pour moi que ma douleur !… »
… Et de ses yeux tombe une larme…
« — Des poètes sois le vainqueur,
Dit la rose, c’est toi que j’aime
Humble grillon ! à toi mon cœur !…
Gabriel Monavon.