Le Grand Esclairsissement/Dédicace


A
MONSEIGNEVR,

MON SEIGNEVR
Gayant, Seignevr de Varastre, & de la Bourdiniere, Conſeiller du Roy en ſes Conſeils d’Estat & Priué, & en ſa Cour de Parlement Preſident és Enquestes d'icelle.

JE n'aurois iamais pris la hardieſſe de vous preſenter ce liure ,de la Philoſophie, ou, Tranſmutation des Metaux, si ie n'eſtois bien aſſeuré, que vous cheriſſiez tellement toutes les sciences en general, qu’elles n’ont rien de si caché, qui ne vous soit manifeste. Car avec ce que par la merveilleuse vivacité de vostre esprit, accompagnée d’un solide jugement, & d’une grande Memoire, vous en avez acquis la Theorie parfaite, vous la sçavez si bien reduire en practique, qu’en tous vos Conseils, & en vos discours il s’y remarque je ne sçay quoy d’extraordinaire, qui dans le bon sens se joinct tousjours à l’eminence de la doctrine. Mais ce qui vous faict le plus admirer, Monseigneur, c’est que les ornemens du sçavoir, se rehaussent en vous par les vertus Morales & Chrestiennes, qui dans l’integrité de vostre vie se proposent à tous pour estre imitées. Par elles aussi vos actions sont à l’espreuve de l’envie ; Par elles vostre Ame n’apprehende ny les injures du temps, ny celles de la fortune, & par elles mesme vous avez l’honneur d’estre assis sur les fleurs de Lys, d’où comme d’un lieu Sacré, vous rendez les Oracles de Themis, sans que les considerations humaines, quelques fortes qu’elles soient ; vous puissent esbranler tant soit peu, ny vous faire égarer des choses justes & raisonnables ; En cela semblable à ces grands hommes de la Republicque Grecque & Romaine, qui malgré les brigues, & les faveurs dont leur probité estoit plutost fondée que corrompuë, conservoient tousjours l’innocence entiere, & l’integrité toute pure. Ces qualitez excellentes, Monseigneur, sont de vrays effets de la bonté de vostre Esprit, & de la beauté de vostre Ame, qui m’obligent à Vous dedier ceste œuvre, avec d’autant plus de raison, que la Science n’en est deüe qu’à ceux, qui comme vous sont eminens en vertu, & sçavans en la cognoissance de la Nature. Recevez là donc, s’il vous plaist comme un tesmoignage du devoir, & de l'obeyssance que vous rendra toute sa vie,


MONSEIGNEUR,

Votre tres-humble, & tres-
obeyssant serviteur,
P. Beravd.